Intervenant lors d'une rencontre organisée à cette occasion, la ministre de la Solidarité, de l'insertion sociale et de la famille, Aawatif Hayar, a souligné que le choix porté sur la thématique de cette campagne, qui se poursuit jusqu'au 10 décembre, fait suite à la prolifération de la cyberviolence qui touche 1,5 million de femmes et de filles, selon l'enquête nationale du HCP sur la violence à l'encontre des femmes et des hommes (2019).
Elle a fait observer que dans un climat marqué par une accessibilité accrue et généralisée des femmes et des filles à Internet, la violence numérique sous toutes ses formes, y compris les insultes, menaces, agressions et autres formes de victimisation, a enregistré une croissance notable dans l'espace virtuel, ajoutant que cette cyberviolence peut avoir des conséquences physiques et/ou psychologiques pouvant porter préjudice à la qualité de vie des victimes, tout en impactant de manière négative leurs activités socio-professionnelles.
De ce fait, Hayar a indiqué qu'une campagne de sensibilisation est prévue à travers les médias avec un spot officiel et sur les réseaux sociaux avec le hashtag #Mansektouch, en plus de la mise en place d'une charte graphique.
Selon le ministère, le Maroc a adopté en 2018 la loi 103.13 relative à la lutte contre la violence à l'égard des femmes qui constitue un cadre juridique global pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et leur assurer une protection juridique, à travers quatre dimensions: la prévention, la protection, la lutte contre l'impunité et une prise en charge de qualité.
De même, le ministère œuvre pour la concrétisation des engagements du pôle social au titre de la Déclaration de Marrakech 2020 en renforçant le réseau des intervenants dans la prise en charge des femmes et des filles victimes de cyberviolence.
Il appuie également, dans le cadre de son partenariat avec l'Union nationale des femmes du Maroc, la plateforme d'écoute et d'accompagnement «Kolona Maak» dédiée aux femmes et aux filles en situation de vulnérabilité et s'active à la mise en œuvre du projet de formation de 10.000 assistantes et assistants sociaux, avec le concours du ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l'innovation.
La représentante d'ONU-Femmes au Maroc, Leila Rhioui, a relevé que l'espace digital est devenu un terreau fertile à la manifestation des violences notamment à l'égard des femmes et des filles, d'où l'importance de cette campagne nationale visant à protéger cette catégorie sociale contre les risques de ce phénomène.
Elle a soutenu que la lutte contre la cyberviolence requiert une mobilisation internationale, l'intensification des efforts et un engagement effectif de tous les intervenants.
Se réjouissant d'être associé à cette campagne, le représentant du Fonds des Nations unies pour la population au Maroc, Luis Mora, a affirmé son engagement en faveur d'un espace numérique juste, sûr et responsable pour les femmes et les filles.
Il a relevé que la digitalisation et les progrès technologiques ont facilité l'émergence, voire l'amplification de nouvelles formes de disparité et de discrimination particulièrement à l'encontre des filles et des femmes, estimant que si l'espace numérique a offert de nouvelles opportunités d'apprentissage, de communication et de socialisation, il est toutefois devenu un espace de vulnérabilité pour les femmes et les filles qui se voient de plus en plus exposées aux discriminations que la gente masculine.
Pour le wali-coordonnateur national de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), Mohamed Dardouri, la lutte contre la violence numérique passe aussi par l'amélioration de la condition des femmes et des filles, ainsi que par leur scolarisation.
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En entamant sa troisième phase (2019-2023), a-t-il ajouté, l'INDH vise essentiellement à accélérer la réalisation des différents projets programmés dans le cadre des deux précédentes phases, afin d'atteindre les objectifs fixés, à la faveur d'approches innovantes au service du développement humain dans sa dimension durable.
Amina Oufroukhi, cheffe du pôle du Ministère public spécialisé, des métiers juridiques et judiciaires, et de la protection de la famille, de la femme et de l'enfant et coordinatrice générale de la Déclaration de Marrakech pour la lutte contre les violences faites aux femmes, a, quant à elle, souligné que l'espace virtuel est devenu désormais un terrain où s'activent les cybercriminels, faisant savoir que l'application de la loi 103.13 a permis de mettre en œuvre des mesures de protection et des décisions judiciaires rendues dans des affaires de violence, notamment psychologique.
De même, elle a permis la mise en place de cellules de prise en charge des femmes et des filles victimes de violence au sein des tribunaux de première instance et des cours d'appel, ainsi qu'au sein des services centraux et déconcentrés des départements chargés de la justice, de la santé, de la jeunesse et de la femme, de la Direction générale de la sûreté nationale et de la Gendarmerie royale, a-t-elle enchaîné.
Le président de la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel, Omar Seghrouchni, a, de son côté, énuméré les objectifs du programme DATA-TIKA visant à protéger les citoyens au sein de l'écosystème numérique et à renforcer les mesures de protection des données à caractère personnel.
Rappelant que la digitalisation est devenue un enjeu stratégique, Seghrouchni a indiqué que la protection des données à caractère personnel constitue désormais la pierre angulaire de toute politique de transition numérique.
Cette rencontre de lancement de la 20e campagne nationale de sensibilisation pour la lutte contre la violence à l'égard des femmes et des filles, qui coïncide avec la célébration de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes (25 novembre), a été marquée par la présence de personnalités de divers horizons, de membres du corps diplomatique et onusien accrédité à Rabat, d'acteurs de la société civile et d'universitaires.