Le président du Conseil national de la presse, Younes Moujahid, a appelé à l'ouverture d'un débat global sur l'avenir de la presse écrite. La presse papier, qui ne se porte déjà plus très bien depuis longtemps, a-t-il souligné, a été sévèrement touchée par la crise du Covid-19, les journaux ayant suspendu la publication de leurs éditions «print» depuis le début de l’état d’urgence. Dans un entretien accordé au quotidien Assabah et publié dans son édition du lundi 8 juin, le président du CNP affirme que son instance travaille sur des scénarios de sauvetage de ce secteur clé pour l'évolution démocratique de notre pays.
«La presse traverse une crise aiguë, comme c'est le cas dans de nombreuses sociétés. Et nous n'allons pas rester les bras croisés. Dans certains pays, un dialogue a été ouvert entre gouvernement, éditeurs et syndicats de la presse. Plusieurs pistes de sauvetage ont été évoquées. Au Maroc, nous avons besoin d’une solution radicale, nous n'allons plus nous contenter de solutions de rafistolage», affirme Younes Moujahid. Les aides accordées par le gouvernement au secteur sont certes les bienvenues, note le président du CNP, mais «il ne faut pas se leurrer. Elles ne résolvent pas le problème. Nous faisons face à une crise structurelle du lectorat, de la presse et de l’édition».
Younes Moujahid souligne que la crise du Covid-19 a démontré à quel point la «presse classique» était incontournable. «Elle a prouvé, par sa crédibilité, qu'elle était la seule source d’informations vérifiées et authentiques, contrairement aux réseaux sociaux qui ont été présentés, à un certain moment, comme l'avenir de la presse et de l’information». C'est pour cela, poursuit-il, que dans toutes les sociétés, où les fake-news font des ravages, la presse et les médias classiques s'imposent comme garantes de l'information véridique et du commentaire de qualité.
En plus de la crise de la presse, qui ne date d’ailleurs pas d’hier, le président du CNP est revenu, naturellement, sur les indemnités des responsables et membres de son institution. La question a d’ailleurs été à l’origine d’une grande polémique depuis la publication par le gouvernement d’un décret détaillant ces indemnités. D’après le président du CNP, les membres du Conseil sont les moins rétribués parmi ceux des instances analogues. Ils sont moins payés, relève-t-il, que les membres de la Haca, du CNDH, du CESE ou encore de l’autorité de régulation du secteur de l’électricité.
Le président du CNP a également réagi sur un autre sujet à l’origine d’une levée générale de boucliers, à savoit le projet de loi 22-20 relatif aux réseaux sociaux et aux plateformes de diffusion libre. «Nous n’avons pas été consultés sur ce sujet par le gouvernement», dénonce-t-il. «Nous avons d’ailleurs protesté auprès du chef du gouvernement. Après tout, c’est un texte qui concerne également le domaine de la presse et l’édition». Younes Moujahid a, en outre, évoqué d’autres sujet intéressant la presse, notamment celui de la déontologie.
A ce propos, depuis que le CNP dispose d’un règlement intérieur, à deux ans de sa création, il a mis en place une commission d’éthique et de déontologie qui vient de statuer sur une vingtaine de plaintes. Les contrevenants seront, promet-il, sévèrement sanctionnés. Le CNP, assure son président, a également rationalisé les procédures d'octroi de la carte de presse. Sur 3.673 demandes, 2.928 cartes ont été accordées, soit un taux de rejet de 20%.