Le téléphone portable, ennemi du football national

Badou Zaki, sélectionneur national.

Badou Zaki, sélectionneur national. . MAP

Les téléphones portables et le football marocain, c’est une longue histoire. Voici venu le temps de l’écoute du téléphone portable de Badou Zaki.

Le 17/05/2014 à 21h30

Les téléphones portables et le football marocain, c’est une longue histoire. Après Taoussi et les supposés joueurs évoluant dans les championnats étrangers qui n’auraient pas daigné prendre ses appels. Après Ali Fassi Fihri et son ubuesque histoire de portable qui ne sait pas lire les MMS. Ce qui a provoqué la plus grave crise entre la FRMF et la FIFA et a valu une non reconnaissance de l’assemblée élective de la fédé marocaine par la plus grande instance de football au monde. Voici venu le temps de l’écoute du téléphone portable de Badou Zaki.

Adel Taarabt, l’un des joueurs marocains les plus en forme actuellement n’a pas été retenu par le nouveau sélectionneur national. Pourquoi ? "Taarabt n’a pas répondu à mes appels et messages téléphoniques", a expliqué très sérieusement Zaki dans la conférence de presse, organisée, vendredi, au siège de la FRMF. Donc, les rênes du football national sont confiées à un coach qui convoque les joueurs par téléphone. Et gare à celui qui n’a pas pu répondre, a changé de numéro, était dans une séance d’entraînement avec ses coéquipiers ou dans la salle de bain. Taarabt aurait dû réserver une sonnerie spéciale à Zaki pour le reconnaître dare-dare et décrocher où qu’il soit. Comme Zaki tient à se faire respecter de ses joueurs, quelle musique faut-il bien lui assigner? L’alarme incendie aurait pu convenir, d’autant plus que Zaki s’apprête à mettre le feu au football national. La musique d’un film effrayant, genre Shining de Kubrick ou Psychose de Hitchcock ? Peut-être, mais pas sûr. Certes Zaki aime faire peur aux joueurs, mais il apprécie davantage ceux qui savent reconnaître publiquement son mérite et ses qualités peu ordinaires. Il aurait aimé que Taarabt lui attribue comme sonnerie une musique qui accompagne le sacre d’un grand général, une musique qui salue des victoires immortelles. L’air des trompettes de la marche triomphale du général Radames dans l’opéra Aida de Verdi n’aurait peut-être pas déplu à Zaki.

L’on sait que nous venons d’une culture dominée par l’oralité. L’on est même fier que la place Jemaa El Fna soit classée patrimoine oral de l’humanité par l’UNESCO. Mais de là à confiner le football national dans un mode exclusivement oral, cela laisse sans voix et risque de se transformer en halqa qui ne fera rire personne. Taarabat joue dans l’AC Milan, un club qui dispose d’une adresse postale, d’un courriel et d’un fax. L’abc d’une convocation de ce genre est d’envoyer un fax au club de l’intéressé. Zaki aurait même dû faire le déplacement à Milan. Comme cela, il peut échanger de vive voix avec le joueur et satisfaire sa soif d’oralité. Il a préféré appeler Taarabt sur son numéro anglais alors qu’il dispose d’un numéro italien. Tout cela pourrait être comique n’était la fin triste dont ce début de vaudeville augure pour l’équipe nationale. L’ego et le mode managérial de Zaki sont de très mauvais signes pour la suite des opérations. Un entraineur incapable de rassembler des joueurs et de placer les objectifs à atteindre au-dessus de ses états d’âme gagnerait à se faire coacher d’urgence.

Par Abir Al Maghribi
Le 17/05/2014 à 21h30