Les Marocains sont en train de faire un procès bizarre aux 750 «Français du Maro» qui ont voté Front National. Ils vont loin, très loin… Ce procès ressemble à une inquisition et on a l’impression, terrible et effrayante, que beaucoup veulent connaitre les noms et les adresses de ces 750 personnes pour aller leur dire, les yeux dans les yeux, deux ou trois choses désagréables.
«Foutez le camp ! Racistes et ingrats ! Rentrez chez vous !»
Allons, allons, calmons-nous. Ce procès est absurde parce qu’il incarne ce qu’il est censé combattre : l’intolérance. Et il globalise les autres, il les essentialise et les réduit à une caricature. C’est totalement injuste.
Les Français du Maroc et d’ailleurs sont libres de voter pour qui ils veulent. Les binationaux aussi (parce qu’il y en a qui votent FN, ne l’oublions pas). Aussi mal-aimé soit-il, ce parti est légal. Ses slogans ne sont pas agréables à nos oreilles ? Ses idées nous hérissent le poil ? D’accord, défendons le contraire mais sans insulter personne. Celui qui se croit stigmatisé ne gagne pas le droit de stigmatiser à son tour.
Avant d’aller plus loin, relativisons aussi les « dégâts » en rappelant qu’une partie des Français du Maroc a toujours voté extrême-droite. Ce n’est pas nouveau. La sensibilité « extrémiste » existe chez nos amis français, qu’ils résident en France, au Maroc ou ailleurs. Et les 4 % du FN au Maroc sont inférieurs à la moyenne en France.
Bien sûr, l’extrême droite n’est pas le meilleur garant de l’amitié entre les peuples, ni de la libre circulation des idées et des hommes. C’est valable en France et ailleurs. Pour soutenir l’égalité et la fraternité, ce n’est pas sur l’extrême droite et ses représentants qu’il faut compter. Ils ne seront pas, non plus, les meilleurs soutiens des Marocains de France. L’extrême droite a toujours eu une préférence nationale, elle a toujours appelé à la fermeture des frontières, et même des êtres. Vous connaissez très bien les facteurs qui lui donnent des ailes : chômage, insécurité, libéralisme (économique et culturel).
Tout cela est bien triste, voire affligeant. Mais que voulez-vous : tant qu’il y aura des femmes et des hommes libres pour adhérer à ce mélange entre rejet du système, populisme et rêves de grandeur autocentrée…
Aussi ridicule soit-il, le procès fait aux 750 «frontistes» a malgré tout du bon. Les Marocains en colère nous disent, à leur manière, qu’ils ne comprennent pas que des personnes vivant parmi nous en viennent à nous rejeter, à mépriser ce que nous sommes. Ils ne comprennent pas que nos « amis » ou invités nous haïssent à ce point. Derrière les excès, c’est ce que nous dit cette colère. Une colère qui ressemble à de l’incompréhension, et qui est source de stupeur et d’angoisse quant à l’avenir de la cohabitation entre les peuples.
Ce message aussi mérite d’être entendu car, derrière la couche d’insultes et d’emportements, il est sincère et porteur d’espoir.