Partir là où il n’y a pas de Marocains

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ChroniquePour trouver la liberté de faire ce qu’il veut, quand il veut, et un peu par snobisme, il en est venu à conclure: «Des vacances où je croise des Marocains, ce n’est pas des vacances !»

Le 06/08/2022 à 09h03

Je vais vous poser une question de riches, de sournois, de personnes déconnectées, inconséquentes, qui ont dépassé la problématique du prix de l’essence à la pompe: où est-ce que vous comptez passer vos vacances?

Les enfants que nous étions connaissent cette question. Ils connaissent aussi la réponse. Ils répondaient, nous répondions, instinctivement. Au nord! Au sud!

Les vacances, c’était cela. Au nord ou au sud. Il ne pouvait rien se passer au milieu. Évidemment qu’on avait tort, mais là n’est pas la question…

Le nord, c’est Tanger et son «boulibar» (boulevard), ses bocadillos bourrés de «toumatich» (tomates), sa playa ou «pahar» (plage), son cimetière des chiens «chrétiens», ses burgers façon Eric’s (un McDo avant McDo).

Avec, bien sûr, cet inimitable air d’Europe que l’on tentait de capter comme ce fameux parfum du paradis, que l’on nous raconte dans les vieux livres religieux. Et que l’on n’a jamais retrouvé nulle part.

Mais cela suffisait à notre bonheur! 

Et puis il y a le sud. C’était autre chose. Le sud, c’est le bled, la montagne ou le désert, les gens humbles, au cœur grand comme ça, qui égorgent la dernière chèvre du cheptel pour faire plaisir à l’hôte, au «’abir sabil (gens de passage)», et refusent d’être payés en retour.

Va au sud, mon grand, et tu deviendras un homme. Va au nord, et tu goûteras aux plaisirs des hommes. C’est ce qu’on nous disait en substance. Alors on partait au sud, au nord, avec la conviction qu’il ne pouvait rien exister de plus beau au monde.

Ce monde, notre monde, était merveilleux. Il s’étendait jusqu’au nord et jusqu’au sud. Mais il était tellement petit et, Dieu merci, nous n’avions aucun moyen de le savoir.

Et puis, plus tard, on a découvert des pays et des terres au nord du nord, et au sud du sud.

Le monde s’est tellement élargi et les possibilités aussi. Avec de l’argent et un visa, on peut aller partout. Enfin, presque!

Aujourd’hui, quand vous demandez: «Et toi alors, c’est le nord ou le sud?», on vous rit au nez. On vous prend pour un pauvre ou un original, c’est-à-dire un demi-fou.

Mais de quel nord et de quel sud parlons-nous?

Un ami m’a dit, le plus sérieusement du monde: «Des vacances où je croise des Marocains, ce n’est pas des vacances!» Alors il part loin. Là où son budget et surtout son visa le permettent.

Pour changer d’air, pour trouver la liberté de faire ce qu’il veut, quand il veut, et un peu par snobisme, il veut éviter le regard de ses compatriotes. N’essayez pas de lui dire qu’il se berce d’illusions, que là où il posera ses valises, il y aura un Marocain qui le repérera de loin et viendra lui demander des nouvelles du bled. Ni qu’il ferait mieux d’aller respirer ce grand air, certes chaud et poussiéreux, qui souffle au nord, au sud ou au milieu du plus beau pays du monde. C’est cause perdue.

La France ne veut pas de lui? Il y a l’Espagne. Si toute l’Europe ferme ses portes, il reste le Portugal (en attendant que nos cousins lusitaniens nous disent non à leur tour). Sinon la Turquie et les douceurs de l’Asie mineure.

Je lui ai demandé: «Mais… tu es sûr de ne pas trouver des Marocains?» Il me répondit avec le sourire: «Ah ça! Le risque existe mais, là-bas au moins, ils seront trop occupés à boire leurs bières!»

Bonnes vacances à tous. Au nord, au sud, au milieu ou ailleurs.

Par Karim Boukhari
Le 06/08/2022 à 09h03

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VOS RÉACTIONS

Vous croyez que les touristes russes, les chinois et ceux qui sont connus mondialement pour leur arrogance quand ils sont à l’étranger, se tiennent mieux que vos compatriotes marocains ? Et pourtant, ils ne crachent pas sur leurs propres compatriotes…

C est vrai que l image que donnent le comportement de certains de nos citoyens à l étranger n est pas la meilleure. L incivisme de beaucoup de marocains ici et ailleurs,même des richards,poussent beaucoup de gens à éviter leurs compatriotes en vacances. C est une réalité et pas une exagération: notre problème c est que beaucoup de gens ne sont pas fier de leur identité nationale et à mon avis c est la base du devellopement de toute société, l état a tout à fait sa part de responsabilité la dessus parce qu on ne fait que te quitter sans rien te donner en contre ici, et qu on ne cherche que donner une belle image aux médias et à l opignon publique mais aux fonds tous est distorcione Ça ne favorise pas un sincère sentiment de fiertéceux qui résident à l étranger savent mieux de quoi je parle

Bonjour C'est tellement bien écrit. Bravo. J'adore cet article.

Se satisfaire de cette situation en la trouvant normal indigne les marocains et marocaines fières de leur identité mais laisse indifférent les autres.

Quand on a si peu d'estime envers ses propres compatriotes, quand on ne cesse de les dénigrer et qu'on considère que les étrangers sont mieux que nous; On fait alors partie de cette catégorie de faibles d'esprit qui crachent dans la soupe et qui n'a jamais compris ce qu'est être patriote. Une anecdote : Un homme m'avait raconté qu'un MRE étudiant ingénieur né en France a voulu faire son stage au Maroc par solidarité envers son pays d'origine alors qu'il avait de nombreuses propositions en France. Un patron marocain d'une société marocaine a répondu à sa demande stage de la façon suivante: " Je ne veux pas d'un marocain issue de l'immigration" Mr Boukhari, chaque peuple a ses defaults mais ce n'est pas en dénigrant les siens qu'on rend service à son pays.

On doit commencer par nous aimer nous même avant de connaître et aimer l'autre .Malheureusement on aime aller chez ceux qui nous méprisent. Complexe de colonisé culturel ou simple sentiment d'infériorité. Il faut avoir un peu de dignité ou nif comme disent nos voisins de l'est. Bonnes vacances .

Là où tu penses qu'il n'y'a personne, il y'a au moins deux marocains.

Je me suis rendue en Fin lande, dans une petite bourgade au centre du pays. Cela se passait en plein hiver.Le premier jour où je suis sortie, alors que je pensais être très loin du Maroc, j'ai entendu derrière moi la darija marocaine. Décidément la planète ressemble à un village. L

Tellement vrai

excellent, rien à dire de plus

Merci beaucoup...! Meme si en tout cas ,moi,je n'ai pas du tout peur que mes vacances ne soient pas bonnes,car tout simplement je n'en ai pas et je ne m'en plains pas...! Dieu merci,je suis très très bien là...et s'il m'arrive d'etre ailleurs,ce serait encore très très bien..!Car en fin de compte,ce que les gens veulent fuir,il l'emporte avec eux...Comme quoi,là où ils vont,ils trouveront ce marocain quitte à ce qu'il ne soit que celui qui est en eux meme...!

Ce comportement est justifiable puisque le marocain est programmé pour surveiller ses compatriotes ! En fait, le marocain a deux grosses tares (entre autres) : Il ne sait tout simplement pas s'occuper de ses propres oignons ! Il ne respecte pas spontanément la loi ! Ce qui donne une société où il est difficile de vivre son quotidien tranquillement...D'où ce besoin de s'échapper de cette "ménagerie" et de ses protagonistes. Le paradoxe dans tout ça c'est que beaucoup qui se plaignent de ces tares, les perpétuent eux-mêmes ! La question qui se pose est comment bâtir le marocain nouveau qui "mind his own business" et respecte spontanément les lois ? Hélas, je n'ai vu la réponse dans aucun programme politique car ce jour-là, peut-être que "le marocain ne fuira plus le marocain" !

Mon ami, vous avons notre sud, nous avons notre nord, quelle chance !j'ai été partout, même dans des pays où il fait au moins -25°C en hiver, pas pour éviter mes compatriotes, mais par curiosité de voir la différence, ce que nous n'avons pas .Je me suis aperçu que j'ai juste vu ce que nous n'avons pas .Pas grand chose juste éviter qu'on ne s'aperçoive pas que je suis le fils de ce bled, du nord ou du sud, parce qu'on me boudera, faire attention ce que j'appelle "faire ce que je veux" .Ce n'est pas vrai, je ne pourrai pas faire ce que je veux, sauf m'habiller en culotte, ce qui n'est très bien vu chez nous, car cet habit est dérivé d'une partie de notre corps que nous ne pouvons pas exposer, ni dans leur nord ni dans leur sud . "hchouma" Ah! à Tanger vous avez omis "calinti"

en effet ne pas croiser un marocain quelque part su cette planètes, relève d'un hasard sur une échelle de 1,3 %, bref, ce monsieur avec m minuscule aurait dit : partir là où y a pas "certains" marocains. Et encore même s'il venait a rencontrer un marocain du coté de Valparaiso, il serait enchanté de lui faire l'accolade; quand un marocain d'un certain niveau (ce qui semble dans ce cas) tient ces propos, il devrait avoir les MOYENS de s’exiler a Katmandou et y vivre; nombreux non marocains surtout ceux d'Israël qui font le vœux de finir leurs jours au Maroc, à Aït Ben Haddou ou bien au Mellah de Casa. Ah snobisme défiguré quand tu nous tiens, je sors de Bousbir mais je raconte être né au coeur d'Anfa

Un billet un peu anachronique…Cela fait longtemps maintenant que les marocains voyagent partout dans le monde et pas uniquement dans le sud de l’Europe, parce qu’il y a toute une classe moyenne qui s’est développée et qui en a de plus en plus les moyens. En fait, quand on entend parler darija marocaine derrière soi, on ne tourne même plus la tête par curiosité. C’est devenu tellement banal. Et ils sont polyglottes et peuvent même parler espagnol ou anglais avec leurs enfants. Et franchement, votre ami imaginaire peut être tranquille car personne ne viendra l’aborder pour lui demander des nouvelles du pays ou le mettre mal a l’aise. Le Maroc et les marocains ont changé, M. Boukhari.

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