L’homme n’est point né méchant, il le devient quand il est malade! (d'après Voltaire)

Famille Naamane

ChroniqueLes hommes sont-ils plus sensibles à la douleur que les femmes? Il semblerait bien que oui!

Le 23/09/2022 à 11h04

Au Québec, l’expression «grippe d’homme» signifie exagérer les symptômes d’une maladie bénigne et croire que la mort est proche dès que le nez coule. En Angleterre, man flu (grippe d’homme) désigne un petit rhume ou petit désagrément dont l’homme se plaint comme d’une maladie importante.

Qu’en pensent les épouses?

«Un homme malade? Ciniiiima akhti (un spectacle)!» 

«Il redevient enfant. Et moi? Sa maman!»

«Le moindre rhume ou mal de tête l’exténue.»

«Une douleur au dos? Il s’allonge et se décharge de toute responsabilité. Il râle: wa’ibadou Allah, rani mriiiide.» 

Les femmes souffrent en silence, ayant appris à maîtriser les douleurs des menstruations puisque c’est hchouma d’en parler. On leur apprend sbère (l’endurance) pour être des épouses dignes. Elles devaient accoucher en silence. Une femme pouvait accoucher seule, en plein champ. De retour à la maison, le mari trouvait le bébé et le repas prêt.

Douillet ou pas, les hommes, selon les femmes, gémissent pour un rien: «il me rend folle, il m’envoie lui préparer une soupe. Quand j’y vais, il me reproche de l’abandonner!». Plus drôle: «c’est moi qui deviens son esclave, mais il gémit en appelant sa mère: amouimti, ah moui…».

«Mon mari devient agressif et déborde de fchouche (caprices).»

«Quand j’ai mal à la tête, je prends un comprimé et reprends mes activités. Quand c’est lui, il s’écroule, se met un bandeau sur le front, des tranches de citrons sur les tempes et répète en boucle: Allah y Rabbi, comme s’il agonisait.» 

«L’épouse, malade ou pas, continue à vaquer à ses obligations dans le foyer et hors de celui-ci.»

Selon les femmes, l’homme banalise la douleur de l’épouse. «Sa grippe est toujours beauuucoup plus forte que la mienne. Je n’ai pas le droit de me plaindre.»

«Il n’accorde jamais d’importance à ma douleur. Même quand je suis alitée, il me demande de prendre en charge le foyer.»

«Il m’enrage quand il me dit: qu’as-tu fait pour être fatiguée?» 

«Mais lui, dès qu’il est pâle, il se repose car msikine fihe almoute (il agonise)!»

«Au moindre bobo, il évoque la mort: tanmouuuuute

Les hommes font un déni de la maladie de l’épouse, par peur que leur univers s’écroule. Mohamed: «mon Dieu. Si elle garde le lit, je panique grave. Je suis incapable m’occuper de la maison, des enfants, des courses, cuisiner. Allah ysmah lya menha (Dieu, qu’elle me pardonne)». Merci Monsieur, une belle reconnaissance qu’attendent toutes les femmes.

Cela dit, soyons honnêtes: il y a des hommes qui ne sont pas ‘la sabba (douillets) ni capricieux quand ils sont malades. Ils ne sont juste pas nombreux…

Selon Serge Marchand, chercheur en neurosciences (Québec), la plupart des sens sont plus développés chez les femmes que chez les hommes, comme l’odorat et la douleur. La testostérone, l’hormone masculine, atténue la sensation de la douleur. La sensibilité à la douleur serait constante chez les hommes. Chez les femmes, elle varie avec le cycle menstruel et les changements de sécrétion d'œstrogènes et de progestérone. Avant l’ovulation, la femme supporte plus la douleur, mais moins à l’approche des règles. Ce qui expliquerait ces douleurs qui peuvent être insupportables. 

Les femmes, contrairement aux hommes, ressentent diverses formes de douleurs qui peuvent être intenses et dans plusieurs parties de leur corps. Outre les maux des règles une fois par mois, les 9 mois de grossesses, l’accouchement et sa convalescence, l’allaitement, les femmes souffrent d’autres douleurs. Le poids des grossesses peut fragiliser la colonne vertébrale et provoquer des douleurs de dos. 

Plusieurs études scientifiques rapportent que les hommes ne supportent pas la douleur de la même façon que les femmes. Selon la revue scientifique Brain (Elle, mars 2022), les femmes souffrent de manière disproportionnée de douleurs chroniques. Elles seraient deux fois plus nombreuses que les hommes à souffrir de maux de tête et de migraines. 

Une expérience insolite a été menée par le média suisse Tataki: des hommes ont été invités à prendre conscience des douleurs des menstruations. On leur a installé des électrodes sur le ventre qui donnent une douleur similaire à celle des règles, juste un petit moment, pour se mettre à la place des femmes. Ils n’ont pas supporté. Témoignage d’un homme soumis à l’expérience: «Je ne me rendais pas compte à quel point ça pouvait être douloureux (…). A toutes les filles de l’école, de qui je me suis moqué pour vos règles, sachez que je suis sincèrement désolé». (Daily geek show.)

Quant aux douleurs de l’accouchement, il faudrait une autre expérience pour les faire savourer aux hommes qui ignorent leur intensité. Dalila: «mon accouchement a été très long. Mon mari, médecin, m’a accompagnée jusqu’à la délivrance. Quand on m’a mise dans ma chambre, j’ai dit: «je suis exténuée». La réponse de son mari? «Tu ne peux l’être autant que moi!»

«J’ai fondu en larmes. Imaginez que, selon lui, sa douleur psychologique et émotive est plus intense que celle de l’accouchement!» 

A travers le monde, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Selon des recherches scientifiques (Santé Magazine, 2015), le corps féminin a la capacité de renouveler les cellules souches grâce auxquelles se développent toutes les autres cellules: globules blanches, globules rouges, plaquettes. Le cycle menstruel, les grossesses et tous les bousculements hormonaux boostent les cellules souches. Les œstrogènes, hormones féminines, contrairement à la testostérone, hormone masculine, activent le gène FOX03, appelé «gène prolongévité» que l’on retrouve chez les femmes dépassant les 100 ans.

Alors Messieurs, résumons-nous: nous souffrons plus que vous, mais nous sommes compensées en vivant plus longtemps que vous! Sans rancune! 

Par Soumaya Naamane Guessous
Le 23/09/2022 à 11h04

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VOS RÉACTIONS

Bonjour Madame Soumaya Naamane Guessous. Je saute sur votre proposition. Pourriez-vous s'il vous plaît, nous informer sur l'état de la lutte contre l'analphabétisme aussi bien dans les villes que dans le monde rural. Cordialement

Si Hassan, je vous l'accorde. Les femmes ont la possibilité de pleurer alors que les hommes en ont été privés au nom de la virilité. Koun rajèle, roujoula qui repose sur la frustration et l'étouffement des émotions. Mais reconnaissez que nous souffrons 9 mois de grossesse et lors de l'accouchement. Souffrance que vous ne subissez pas! Et j'oubliais l'allaitement... Souffrance que nous oublions avec la joie de la maternité. Heureusement, sinon la race humaine se serait éteinte il y a des milliers d'années ! Merci à vous SI Hassan et à toutes celles et ceux qui échangent avec nous avec tant de sincérité et de générosité. N'hésitez pas à me proposer des thèmes qui vous intéressent. Très belle semaine

Bsr professeure.La douleur,à mon avis,est humaine.Il n'y a qu'à demander à Dieu de l'atténuer si elle est persistante.Les femmes souffrent autant que les hommes.Si les uns l'expriment hautement et les unes silencieusement,cela revient au même car la douleur est là.La pire des douleurs cependant est la douleur morale.Et là,je crois que les femmes l'expriment par les pleurs et par les lamentations.Pour les mecs,ce n'est tout simplement pas possible.Alors s'ils profitent de l'occasion d'une maladie organique pour pleurer un coup et montrer qu'ils souffrent,laissez-les faire mes dames car cela leur fera beaucoup de bien.Merci pour votre jolie chronique,merci à tous les lecteurs de votre page et merci au 360.ma.Bon week-end à tous. Salut.

Merci de m'avoir offert un fou rire de bon matin ! Anastasie, j'ai tjr constaté, autour de moi, que nos hommes gémissent plus que les femmes. Je vous taquine dans l'article, mais c'est la réalité. Ma "ruse" a été détruite par celle de Azzedine, qui a parfaitement raison. Je n'ai pas eu cette réflexion ! Comme quoi, la ruse est aussi masculine ! Said, il ne s'agit pas ici de volonté divine, mais du fonctionnement des corps humains et les statistiques nous informent sur les maladies et l'espérance de vie. Quant à Tanji, j'adore votre humour. Ceci dit, il n'y a pas que des femmes anges et des hommes démons. On peut être les deux, tout dépend des moments, de l'état d'âme, des enjeux... Mais l'idéal est de tjr chercher l'harmonie entre nous. Allah yasmahlina mankoume. Bon weekend

Une autre griffe contre l'homme,il y a de ces idées ou les femmes utilisent leur intelligence, leur habileté et la ruse pour atteindre leur but.

Bien dit! Permettez une réflexion : la moyenne d’âge des femmes est supérieure à celle des hommes, donc les femmes vont souffrir autant que les hommes et ce, sur le long terme! Sans rancunes.

C'est Voltaire et ceux qui l'ont cru et continuent à le croire qui sont méchants, faute de foi et croyance . les maladies ont toujours existé et existeront toujours . Il faut apprendre à attendre des maladies qui ne sont pas forcément qui provoquent la mort . Elle rode tout le temps autour de nous et peut arriver au moment et le moins attendu, même étant en très bonne santé, au lit pendant le sommeil par exemple ou ailleurs . Un croyant y pense sans arrêt et remercie Dieu quand même en cas de maladie . Les plus doués des scientifiques creconnaissent que quoique la science ou les sciences peuvent nous apprendre, elles restent toujours très limitées

Exactement c est ce que je fais quand je suis malade Je n arrête pas de me lamenter et c est le cas actuellement Allah ismah lina mankoum al aylat

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