Je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément…mais jusqu’à quand?

Zineb Ibnouzahir

Zineb Ibnouzahir . Achraf Akkar

ChroniqueDe ceux qui choisissent de rester au Maroc, on ne dit pas grand-chose... Pourtant ils sont bien là ces cerveaux qui ne s’inscrivent pas dans la fuite mais dans le ralliement à une cause qui nous concerne tous, la construction de ce Maroc auquel nous appartenons autant qu’il nous appartient.

Le 03/11/2019 à 12h00

Alors que certains prennent la mer au péril de leur vie pour tenter leur chance sous d’autres cieux, pas une semaine ne passe sans qu’on ne voit une connaissance, un ami, un membre de sa famille, un collègue décider de plier bagage pour recommencer une vie ailleurs, en Occident.

Tous ces candidats au grand départ ne sont pas tous issus de classes sociales défavorisées. Loin de là. Beaucoup quittent un bon poste, une situation financière plutôt confortable, une famille, et pourtant, ils sont prêts à mettre en péril tout cet édifice patiemment construit au fil des ans pour un ailleurs incertain.

Leur motivation tient en général en peu de mots: Ras-le-bol! Dans ce grand cri d’exaspération, il y a de tout: l’incivisme, les lourdeurs administratives, la religiosité grandissante à mesure que le niveau de l’éducation baisse, le peu de vie culturelle et surtout, des lois qui étouffent les libertés individuelles.

Vu sous ce prisme, la vie semble bien morne et à force d’entendre chaque jour plaintes et complaintes on finit par se laisser gagner par un sentiment de découragement et à envier ces gens là, ceux qui plient bagage et partent dans le confort d’un avion.

Mais, pourtant, il y a aussi ceux qui restent. Non qu’ils n’aient pas le choix mais parce qu’ils ont décidé de rester. Et à vrai dire, ils sont nombreux, ceux qui sont partis pour étudier, pour souffler un coup, pour tenter autre chose, et in fine, pour mieux revenir.

De ceux-là, on ne dit pas grand-chose. Pourtant ils sont bien là ces cerveaux qui ne s’inscrivent pas dans la fuite mais dans le ralliement à une cause qui nous concerne tous, la construction de ce Maroc auquel nous appartenons autant qu’il nous appartient.

S’ils sont revenus un beau jour, c’est, animés pour la plupart par une volonté immuable, instinctive, viscérale d’apporter leur pierre à l’édifice. Convaincus que l’union fait la force et que ces longues années d’études passées à l’étranger doivent être mises à profit des autres.

Ce ne sont pas seulement des gosses de riches revenus s’asseoir dans le fauteuil de papa, ce sont aussi des jeunes entrepreneurs prêts à en découdre avec un système certes peu parfait mais pourtant perfectible.

Comment faire aujourd’hui pour rassurer ces Marocains téméraires qui veulent porter haut les couleurs de leur drapeau et faire rayonner leur pays tout en y vivant? Comment les aider à ne pas baisser les bras? Comment faire taire cette petite voix dans leur tête qui souvent leur crie qu’ils ont fait le mauvais choix?

Autant de questions qui reviennent, qui ne semblent pas trouver réponses jusqu’au jour où des petites éclaircies font leur apparition et nous redonnent confiance et espoir…

C’est une grâce royale accordée à Hajar Raissouni, son fiancé et l’équipe médicale impliquée dans une affaire d’avortement clandestin…

Ce sont des recommandations émises par le CNDH pour un changement du code pénal à commencer par la légalisation de l’avortement, la condamnation du viol conjugal, le respect des libertés individuelles et de la vie privée des individus…

C’est une première Biennale d’art contemporain qui se déroule à Rabat et qui fait découvrir gratuitement l’art à tous les Marocains.

Et des éclaircies de ce type, il y en a, beaucoup, pour peu qu’on veuille les voir. Il y en aura de plus en plus, pour peu qu’on veuille entretenir ce petit carré d’herbe verte qui est le nôtre.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 03/11/2019 à 12h00

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VOS RÉACTIONS

BRAVO , BRAVO un grand BRAVO 'a' toutes et tous qui defendent leur Maroc malgre toutes les embuches

Vos articles sont toujours pertinents et d actualite. Sujet aborde intelligemment sous un autre angle qui fait de vous une journaliste avant gardiste tres appreciee par vos lecteurs

Bonsoir Madame Je fais humblement partie de ces irréductibles qui aiment leur pays mon regrette père disait en marocain celui qui n aime pas son pays n aime pas ses enfants Je n irais pas jusque là mais j aime mon pays C est la première fois que je lis vos article et je m en veux maintenant bravo pour votre energie

Chère Madame, je viens justement d'un de ces pays dits "riches", où cette "esprit libertaire" dont vous semblez être grande admiratrice, règne en maître dans le quotidien de tout un chacun, jusqu'au plus intime de la société, la famille. Et c'est justement cet esprit-lå, qui n'est qu'un leurre, qui est le terreau fertile de l'incivilité, du matérialisme à tout prix, de toutes les dérives, d'un profond vide existentiel frénétiquement comblé par tous les artifices possibles et imaginables. Tout ce qui brille n'est pas or et se faire porte-drapeau de ce leurre est une énorme responsabilité. Seule la Foi et le suivi des prescriptions très claires du Créateur vous sauveront et louanges à Lui, votre pays en est encore enpreint.

Je ne suis pas marocaine, je ne suis pas un cerveau revenu au pays pour le faire profiter de mes compétences et de mes connaissances , je suis une française retraitée qui a choisi de venir quelques mois par an dans ce pays qu’ elle aime et qu’ elle essaie de comprendre sans en parler la langue ni partager la religion....mais voilà, je voulais juste vous dire que j’ ai été touchée par votre chronique, par l’ espoir qu’ elle soulève et que j’ aimerais tellement voir partagé ! Je lis la presse marocaine en français, je suis abonnée à plusieurs sites d’ informations marocains et souvent je me dis que les français ne sont pas les seuls à râler et ne voir que le mauvais côté des choses. Je sais bien que le Maroc n’ est pas le pays des bisounours,que beaucoup de choses restent à faire et à changer et je voudrais tellement que la jeunesse en prenne conscience......

Bonjour, Je suis de ceux qui sont partis voir ailleurs malgré moi. J’ai consacré une partie de ma vie pour mon pays. Malgré les difficultés que j’ai rencontrées, mon pays hôte m’a permis de progresser tant intellectuellement que financièrement. Il m’a donné ce que mon propre pays m’a refusé. Les portes étaient fermées mais pas cadenassées, il suffisait de frapper à la bonne porte. Mais les responsables ne reconnaissaient jamais la valeur du citoyen et ses aspirations. Toujours demander pour arriver à quelque chose sinon tu restes dans la médiocrité ou l’insatisfaction. Néanmoins, les jeunes que je rencontre ne veulent pas rentrer chez eux. Ils veulent être libres, pour mieux respirer et vivre dans un certain confort matériel. Je leur dis que vous vendez votre âme pour quelque chose d’éphémère. Vous voulez construire votre vie sur le dos des autres. Retournez chez vous pour lutter, construire et bien apprécier la réussite. Là la récompense sera juste. Certes, je peux accabler le pays d’origine de tous les maux mais c’est mon pays je l’aime. Un point c’est tout. Il changera et c’est une certitude car j’ai toujours confiance dans mes concitoyens pour relever le défi. A l’aube de l’indépendance les choses étaient compliquées. Ma génération a su s’adapter et on tenait à réussir en restant chez nous pour le progrès de notre nation.

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