Libéreeezzz, délivreeezzz!

Zineb Ibnouzahir

Zineb Ibnouzahir . Achraf Akkar

ChroniqueFranchement, on ne mérite pas d’être enfermé plus longtemps. Si on devait se noter, on s’attribuerait même une bourse d’excellence avec spéciale mention résilience. Alors basta, stop, ne serait-ce que pour le salut de notre banquier qui crie famine à coup d’agios!

Le 07/06/2020 à 11h57

Le 20 mai, à la date présumée du précédent déconfinement, les messages WhatsApp annonçant un prolongement de l’état d’urgence en mode #stayhome #staysafe étaient déjà venus à bout de nos espérances. Le discours de notre chef du gouvernement, on l’a donc écouté d’une oreille désabusée, en concluant l’annonce d'un «et voilà, j’t’l’avais dis» à l’attention de notre partenaire de vie, devenu partenaire de cellule, qui, tout aussi dégoûté, s’en est retourné à ses occupations, le décapsuleur (ou le tapis de prière, c’est au choix), qui ne le quitte plus, à la main.

Il nous alors fallu rassembler toutes les forces, la conviction et les bons sentiments qu’il nous reste après trois mois d’enfermement –mais jusqu’à quel point sommes-nous un puits sans fond?– pour aller chercher un peu plus loin dans nos réserves, encore un peu plus de patience, de résignation et de bonne humeur.

Et voilà que maintenant, on apprend… que le confinement risque d'être prolongé au-delà du 10 juin.

Se sentant punis injustement comme des gamins face à un prof d’école abusif alors qu’on a tout bien fait, on a tapé du pied au sol, la larme à l’œil et le poil hirsute. «Mais moi j’ai rien fait M’sieur! Je porte mon masque comme il faut, je le laisse pas pendouiller sur une oreille et je l’enlève pas quand on me parle comme le font d’autres qui doivent visiblement avoir l’oreille greffée à la place de la bouche», s’indigne-t-on dans ce petit coin où on nous assigne avec notre bonnet d’âne…

Pour preuve, on a lu, relu et même rerelu tous ces livres qui prenaient la poussière dans la bibliothèque du temps où on était busy et qu’on arborait un agenda aux pages noircies de rendez-vous.

On maîtrise maintenant la posture du chien museau face au ciel, de la sauterelle, du chien tête en bas, du chameau, de l’aigle et du cobra, et tout le bestiaire qui s’ensuit, mais il n’empêche qu’arrivés à ce stade, le yoga ne nous fait pas plus d’effet qu’une tisane relaxante un soir d’angoisse.

On s’est abonné à tous les comptes possibles et imaginables de cuisine pour satisfaire ces bouches toujours aussi avides et impitoyables qui quémandent de la nourriture du soir au matin, aussi bruyamment qu’un oisillon qu’on doit engraisser sans relâche.

On l’a porté ce fichu masque jusqu’à l’asphyxie, on l’a jeté au bout de trois heures en fermant les yeux sur le gaspillage –après tout il a l’air propre encore ce masque–, on a hydroalcoolisé nos mains jusqu’à gerçures…

On a bossé comme des tarés pour être sûrs de bien garder notre place dans ce confinement qui s’apparente au jeu de la chaises musicales, bien au fait que quand le déconfinement et sa petite musique de chambre s’arrêteront, il faudra se ruer, en jouant des coudes tel un rugbyman cabossé, sur les dernières chaises restantes.

On a dû se réveiller la tête à l’envers, pour partager notre ordi et notre connexion avec les gosses et être sûrs qu’ils ne ratent pas la réunion zoom de maths fixée à… 8 heures du mat’ –bandes de sadiques, va! Il a même fallu aller jusqu’à justifier des absences en cours– oui même en confinement– à ces écoles qui ne fonctionnent plus qu’à la menace.

Et puis, malgré tous ces efforts, ce routeur Internet qu’on en finit plus de charger à coup de 100 balles tous les deux jours, toutes ces heures à faire la leçon à nos gamins faute de «vrais» cours, on nous envoie une facture, salée bien sûr, comme si de rien n’était.

Tu bosses et tu paies. C’est un nouveau concept oui… C’est ça le «monde d’après»? Et nous qui pensions déconfiner des fleurs dans les cheveux, en dansant comme des fous-fous sur la plage, en mode «j’aime la planète», «à bas le capitalisme», «bas les masques», «demain sera mieux qu’aujourd’hui et encore meilleur qu’hier»… Tu parles!

Enfin, bref, tout ça pour dire que franchement, on ne mérite pas d’être enfermés plus longtemps. Si on devait se noter, on s’attribuerait même une bourse d’excellence avec spéciale mention résilience. Alors basta, stop!

Pour la paix des ménages, pour le maintien de la structure familiale ou du moins ce qu’il en reste, pour le salut psychologique de nos enfants qui croient désormais que la vie est un jeu vidéo, pour le salut de notre banquier qui crie famine à coup d’agios, pour le bien de notre corps qui réclame de la vitamine D– celle que nous apporte le soleil hein, parce que les boîtes de thon on n’en peut plus!–, pour ces vieux qui ne comprennent toujours pas qu’on ne colle pas une oreille au téléphone quand on appelle en visio’… Et, bien sûr, avant toute chose, et de manière plus sérieuse, pour tous ces gens qui n’ont plus de travail et pour lesquels toutes les préoccupations citées ci-dessus sont tellement futiles.

Délivrez-nous s’il vous plaît… mais le 10 juin!

Par Zineb Ibnouzahir
Le 07/06/2020 à 11h57

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On ne vous a pas ecouté et on est plus que depité on est en colere. Une colere insupportable , tellement insupportable qu'on a envie pour l'evacuer de taper sur tout ce qui se presente a portee de notre main . Je comprends a ce moment precis la colere de tous ces palestiniens obliges de traverser des check point pour tout et n'importe quoi , la hane qu'on peut avoir pour ce mkaddem , caid ou plus qui se mettent en travers de notre desir de se deplacer qui pour voir sa mere abondonnée au bled qui pour s'occuper de son lopin de terre laisse a la merci de je ne sais qui. Et puis qu'est ce qu'on apprend : le comité de veille epidemiologique est forme en majorité de sécuritaires !!!! Va comprendre quelque chose . C 'est a perdre la raison tout simplement .

L’article dresse un constat légitime : la lassitude, l’horaire du télé-enseignement, les frais exorbitants de connexion, le recroquevillement chez soi. Le confinement s’avère un prisme grossissant des inégalités sociales à grande échelle. Pendant des décennies, les décideurs se dédiaient à leur sphère médiatique et politique, sans tourner le moindre regard aux conditions des ménages. Aujourd’hui, on leur fait porter le chapeau. Et accessoirement des masques pour la boucler. Dire qu’on tâtonne sur le remède à ce covid-19. Alors qu’on vient tout juste de lancer une mission SpaceX. De cause à effet, achtung ! les mêmes conditions ayant initialement provoqué cette pandémie sont encore réunies pour une seconde vague.

Courage! Il reste encore quelques semaines à tenir. J'ai peur qu'un tel discours nous soit diffusé ce lundi..

Très objectif

Enfin un hymne à la Vie!

C est dure dure de rester confiné aussi longtemps;mais le risque est bien présent.implorons Allah le miséricordieux de mettre fin à ce calvaire.

Bonjour J'ai des attentes par rapport à une couverture de la situation des ressortissants marocains bloqués à l'étranger. Je ne sais pas si vous en avez déjà parlé ou pas. La situation est critique pour les parents, familles et amis de ces personnes qui ont payé cher un voyage sensé durer quelques jours qui devenu un aller simple, parce que quelqu'un a émis l'hypothèse qu'ils pourraient ramener le virus. Quelle est votre point de vue svp et est-ce que vous pouvez enquêter et soulever le problème

Cher Madame Le confinement est un mal necessaire Ici en France Depuis le 1 Mai,date de déconfinement Les gens ne respectent plus les mesures de sécurité sanitaire Disatanciation sociale: plus d'un metre Le port de masque Le gel... On verra la courbe des contaminations. Ne critiquer pas négativement C'est la spéculation stérile C'est la philosophie de bas étage... A bon entendeur Salut

Really,joly good show. I like it.

excellent!

Enfin un article très à propos ! Arguments difficiles à démanteler,tellement objectifs! Que nous autres concernés saluons de notre âme,tellement véridique et adapté à notre vieille société,vieillie par tant de considérations... Merci. Mon acuité auditive s’améliore nettement à écouter,puis entendre vos émanations,tel un parfum de liberté. Bien à vous . Bien à 360.ma .

Quand on exclut casa et marrakech, le reste du pays a des chiffres absurdement positifs. Qu'ils isolent ces villes et que la vie recommence ailleurs. Pas de transport en voiture, grand taxis, car, train, avion - personne n'en monte, n'y descende ou s'y arrete. Quant aux usines, leur personnel devrait loger en dortoirs au moins quelques jours consecutifs dans les zones industrielles au lieu de partager leurs microbes dans tout casa chaque jour. Ce n'est pas l'espace qui manque pourtant, et cela arrangerait un grand nombre d'ouvrier que les frais de transport et la duree des deplacements quotidiens aux heures de pointe perturbe.

Rien de plus à rajouter ! je suis complètement d'accord.

Alllllez bravo ❤️❤️

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