Le moins que l’on puisse dire, c’est que les films d’animation marocains ne courent pas les écrans. C’est donc un petit événement que d’en découvrir, surtout si la production en question est le fait d’une «bande de jeunes» animés (sans jeu de mots) par la passion de ce genre visuel.
Le synopsis? Il n’est pas question ici de Heroic Fantasy ni de science-fiction. Comme son titre le suggère, «Al Assas» est volontairement ancré dans une réalité aussi actuelle que locale. On y suit un gardien de voitures marrakchi, confronté à ses tracas du quotidien. Une sorte de chronique sociale forcément saupoudrée d’humour, mais dont le réalisateur, Aziz Bakour, revendique la dimension presque philosophique. «Je voulais raconter le quotidien d’une personne ordinaire, qui vit une succession d’événements et qui rencontre les difficultés que nous connaissons tous», insiste-t-il.
Si l’idée du film a germé dans l’esprit de Aziz Bakour dès 2013, il ne s’agissait alors que d’un «simple rêve, dont la réalisation était entravée par une multitude d’obstacles», se rappelle-t-il. Outre le coût élevé des équipements pour produire de l’animation en 3D, se posait aussi le problème des compétences dans cette technique, à l’époque extrêmement rares.
Il faudra attendre près d’une décennie pour que le rêve se transforme en projet en bonne et due forme, dont le premier pas fut la création d’un studio spécialisé dans la production de films d’animation. Aujourd’hui, ce dernier compte près d’une dizaine de collaborateurs, entre animateurs, techniciens et dessinateurs, tous d’un jeune âge.
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«Al Assas» effectue sa première sortie au Festival international du cinéma d’animation de Meknès (FICAM), au cours duquel il est projeté devant un public nombreux, dont l’accueil dépasse les espérances de ses créateurs. «Aujourd’hui, on voit le résultat de nos efforts et le fruit de notre travail. Tout cela est visible dans la qualité du film et dans le professionnalisme avec lequel il a été produit», lance fièrement Aziz Bakour.
«Nous sommes à un bon niveau»
Et ce n’est que le début, puisque «Al Assas» a été depuis sélectionné dans pas moins de 7 festivals internationaux, notamment en Italie, en Angleterre et aux États-Unis, où le film marocain est arrivé jusqu’en finale de la compétition. «Voir notre film sélectionné dans des festivals en Europe et aux États-Unis, et atteindre les phases finales de ces compétitions prouve que nous sommes à un bon niveau en matière de créativité et de technique», explique Soufiane Ghazouane, le jeune directeur technique. «C’est une fierté de pouvoir donner à voir à un public étranger une histoire marocaine, avec des personnages marocains et des images marocaines», renchérit-il.
Coup d’essai du studio marrakchi, «Al Assas» est peut-être le début d’une grande aventure, qui pourrait mener ses créateurs vers des projets plus ambitieux. Avec comme objectifs les écrans des salles obscures ou l’offre des plateformes de streaming. Un rêve lointain ? Après tout, le film lui-même a commencé comme un rêve…