Le 31 janvier 2020, l’équipe de Cités et Gouvernements Locaux Unis d'Afrique (CGLU Afrique) et le comité organisateur de Marrakech Capitale africaine de la culture s’apprêtaient à donner le coup d’envoi d’une année ponctuée d’évènements artistiques à travers la ville ocre.
Or, il n’en fut rien. A seulement quelques jours de la date de lancement, la mairie de Marrakech avait décidé de se retirer, renonçant au titre de "capitale africaine de la culture" que lui avait attribué le comité directeur des capitales africaines de la culture, programme concocté par CGLU Afrique, et approuvé par 3.000 maires de cités du continent, en novembre 2018 à Marrakech, lors de la tenue du sommet Africités.
Genèse d’une dérouteLes raisons de ce revirement, nous les évoquions en détail dans un précédent article. Un budget colossal, estimé à 10 millions d’euros pour l’ensemble de la célébration, face à une absence de moyens financiers, un retard dans l'octroi des subventions, toujours pas de contrats de sponsoring conclus à quelques jours du lancement de l'évènement, et enfin très peu de visibilité sur le long terme, semblent ainsi ainsi avoir eu raison de l’organisation de cet évènement à Marrakech.
«Il est fort probable que l’ampleur de la levée des fonds nécessaires a pu faire reculer Marrakech», avait alors concédé Jean-Pierre Elong Mbassi, président du Comité directeur du programme Capitales Africaines de la Culture, et secrétaire général de Cités et Gouvernements Locaux Unis d'Afrique.
C’est d’ailleurs ce qu'avait évoqué la mairie de Marrakech dans sa lettre, adressée à Jean-Pierre Elong Mbassi.
«Nous avons commencé à populariser cette idée {le projet} et nous avons reçu, tardivement, je dois le dire, une lettre du maire de la ville de Marrakech, disant qu’il ne se sentait plus en mesure d’accueillir cette célébration à Marrakech, compte tenu de l’ampleur prise par l’événement et de ce que cela impliquait en matière d’engagements», avait-il expliqué, interrogé à ce sujet par Le360.
«Ce qui est positif, c’est que ça reste toujours au Maroc», avait quant à lui déclaré, rassurant, Khaled Tamer, membre du Comité directeur, et directeur général du programme Capitales Africaines de la Culture, porté par les Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique).
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Un désistement, une candidatureSuite à cela, comme l'avait indiqué, interrogé à ce sujet par Le360, Jean-Pierre Elong Mbassi, il était prévu d’organiser une nouvelle réunion du comité, en date du 4 février 2020, pour statuer sur la candidature de Rabat et, par ailleurs, tirer des leçons de ce couac.
«L’interprétation que je fais de tout cela est que cet évènement ne doit pas quitter le Maroc. Je peux donc dire que j’ai à la fois un désistement, et une candidature», avait alors déclaré Jean-Pierre Elong Mbassi.
La nouvelle est donc enfin tombée, officiellement hier, le mercredi 12 février, sur le site de CGLU Afrique, mis à jour pour l’occasion.
Il y est ainsi indiqué qu’en 2020, «Rabat est la première ville africaine à porter les couleurs des Capitales Africaines de la Culture. Ville idoine pour accueillir le lancement des Capitales Africaines de la Culture, Rabat élabore un modèle de référence pour l’élaboration de ce programme.»
Et de poursuivre, «Rabat 2020 a la volonté de montrer un éventail d’expressions et de disciplines vivaces sur le continent. Elles sont la preuve que l’Afrique est douée d’une créativité foisonnante. Elles ouvrent les champs des possibles, «dessinent une utopie africaine», et s’articulent autour de projets et d’événements fédérateurs».
A cette question que tout le monde se pose, «pourquoi Rabat est-elle désignée Première Capitale Africaine de la Culture?», le communiqué de CGLU Afrique répond sans détours: «depuis son retour à l'Union Africaine en 2016, le Maroc renoue avec son africanité. Rabat, capitale du Royaume, porte en elle les ressources pour accueillir un tel projet: ville d'art et d'histoire, infrastructures, diversité culturelle et humaine, événements internationaux …»
Et de conclure: «Rabat possède tous les atouts pour porter fièrement les objectifs des Capitales Africaines de la Culture en 2020».
Work in progressS’agissant du Comité de pilotage de l’évènement, celui-ci sera présidé par Mohamed Yacoubi, Wali de la région de Rabat-Salé-Kénitra, et sera composé des représentants de la Commune de Rabat, de la Région de Rabat-Salé-Kenitra et de CGLU Afrique. La tâche de ce nouveau comité sera ainsi de travailler sur la programmation générale des différents événements et activités.
Un communiqué indique par ailleurs que cette équipe présentera les résultats de ses travaux et de ses consultations au public lors d’une conférence prévue à Rabat, au mois de mars prochain.
L’appel à projet pour se porter candidat à Rabat 2020 mentionne par ailleurs le fait que la sélection des candidatures par le Comité de sélection sera basée sur plusieurs facteurs, parmi lesquels:-le respect de la philosophie, de l’éthique et des valeurs portées par Rabat 2020;-la qualité du projet, sa dimension africaine, sa connexion avec des réseaux et/ou des artistes africains;-une demande émanant de personnes physiques ou morales pouvant attester d’une activité professionnelle, d’une expérience ou d’une existence de plus de trois (3) ans dans le domaine d’activité concerné.-Le comité pourra par ailleurs sélectionner un demandeur issu du milieu artistique, culturel, universitaire ou commercial, s'il est reconnu pour sa pratique artistique et/ou sa compétence d’organisateur d’événements, -ou encore une candidature présentant un lien avéré avec l’Afrique.
Par ailleurs, l'appel à projet précise, qu’une demande soumise à ce comité n’est en aucun cas destinée à financer le projet proposé.
Cependant, une demande de financement partiel pourra être introduite, séparément, auprès de l’organisateur de cet évènement.