La tragicomédie «Anora», de Sean Baker, a triomphé dimanche aux Oscars en remportant cinq statuettes, dont celle du meilleur film. «Ce film a été réalisé grâce au sang, à la sueur et aux larmes d’artistes indépendants incroyables», a lancé son réalisateur, remerciant l’Académie d’honorer «un film véritablement indépendant», produit avec un budget, dérisoire à Hollywood, de six millions de dollars.
«Anora» rafle non seulement la récompense suprême, mais aussi les prix de la meilleure actrice pour Mikey Madison, seulement 25 ans, du meilleur scénario, du meilleur montage, et du meilleur réalisateur pour M. Baker, figure du cinéma d’auteur américain.
«Emilia Pérez», odyssée musicale de Jacques Audiard sur la transition de genre d’un narcotrafiquant mexicain, été largement boudée, après le scandale suscité par les anciens tweets ouvertement racistes et islamophobes de son actrice principale, Karla Sofía Gascón.
Malgré 13 nominations, un record pour une production non anglophone, ce film a reçu seulement deux Oscars: celui du meilleur second rôle féminin pour Zoe Saldana et de la meilleure chanson, pour le titre phare «El Mal».
La statuette du meilleur film international lui a échappé au profit du drame brésilien «Je suis toujours là», sur la résistance d’une mère courage contre l’ex-dictature brésilienne.
Deuxième sacre pour Adrien Brody
Adrien Brody a été l’autre sensation de la soirée: le comédien a remporté l’Oscar du meilleur acteur pour «The Brutalist», où il incarne un architecte survivant de l’Holocauste qui émigre aux Etats-Unis. Il rejoint ainsi Marlon Brando et Jack Nicholson dans le club prestigieux des doubles vainqueurs de cette statuette, 22 ans après avoir remporté été récompensé pour «Le Pianiste», où il jouait déjà un artiste confronté à la Shoah.
L’acteur de 51 ans en a profité pour livrer un plaidoyer politique, dans une référence à peine voilée à la nouvelle présidence de Donald Trump. «Si le passé peut nous enseigner quelque chose, c’est de nous rappeler de ne pas laisser la haine s’exprimer sans contrôle», a-t-il insisté, en appelant de ses vœux «un monde plus sain, plus heureux et plus inclusif».
De son côté, Zoe Saldana s’est dite «fière d’être l’enfant de parents immigrés qui ont des rêves, de la dignité et des mains qui travaillent dur». Ces deux discours ont compté parmi les rares allusions politiques de la soirée, lors d’une cérémonie bien moins virulente qu’en 2017 après la première élection de Donald Trump.
Le conflit israélo-palestinien s’est toutefois invité au programme, lorsque le film coup de poing sur la colonisation israélienne en Cisjordanie, «No Other Land», a été récompensé par l’Oscar du meilleur documentaire. Le film, réalisé par un collectif israélo-palestinien composé de Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham et Rachel Szor, n’a toujours pas de distributeur aux États-Unis.
Le reste du palmarès a couronné Kieran Culkin, meilleur second rôle masculin pour son personnage de trentenaire juif à fleur de peau, à la fois charismatique et insupportable, dans «A Real Pain», de Jesse Eisenberg. La production lettone «Flow» a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation, grâce aux aventures bouleversantes d’un chat à la dérive, confronté à l’engloutissement de sa planète par la montée des eaux.
Grand concurrent d’«Anora», le thriller papal «Conclave», d’Edward Berger, et son intrigue sur l’élection les arcanes mouvementées de l’élection d’un nouveau pape au Vatican, n’est finalement reparti qu’avec un seul Oscar, celui du meilleur scénario adapté.
«The Substance», de Coralie Fargeat, a remporté l’Oscar du meilleur maquillage et coiffure, pour la transformation physique impressionnante de Demi Moore en créature accro à un sérum de jouvence aux effets dévastateurs.
Bienvenue dans l’espace commentaire
Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.
Lire notre charte