L’esthétique est une interrogation –du monde– davantage qu’une célébration de la Beauté. C’est cela que laisse entendre, et clairement, le héros du Pavillon d’or, de Mishima, quand il dit: «La Beauté peut-elle être aussi laide?»
Mizogushi dit cela à l’instant où il réalise une discordance et un déséquilibre dans le monde. C’est une interrogation existentielle, liée à la nécessité de vivre.
L’esthétique est une arme.
La seule –peut-être– pour trouver un chemin de lumière.
C’est la main armée de cette part nichée au fond de nous, indestructible, qui agit en silence et dans l’ombre, pour aller au plus près des autres et s’approprier le monde.
Tout cela, cette route qui nous engage davantage qu’elle n’obéit à notre choix, se complait dans le désordre et la déraison
Tout cela est ardu
Et requiert d’être à tout le moins à équidistance du cœur et de la raison
Pour être dans la part du monde qui nous revient
La Beauté, c’est le monde
Et la laideur est le fruit de ces ouvrières habiles que sont nos mains
Ces ouvrières hors pair qui profanent ce qui ne se soumet pas à elles.
Aucun sanctuaire ne trouve grâce à leurs yeux
Aucun horizon
Aucune aube
Radieuse ou incandescente
Puisque le monde, pour elles, doit être recomposé sans cesse.