Nous étions là
Dans le silence et la nuit
Quand nos mains
Ont forgé les symboles et les signes
À la veille de notre jaillissement
Nous étions tous là,
Au pied d’un arbre qui portait nos espérances, nos saisons, nos peurs et nos désirs
Nous étions tous là
Au pied d’un arbre
Et ses racines plantées dans notre âme ne se souciaient pas d’édicter un chemin
Nuits et silences se sont accumulés sur notre visage
Et un autre visage est devenu notre visage
Nuits et silences ont porté notre désarroi et le monde
Nuits et silences se sont succédé jusqu’à l’ivresse
Jusqu’à l’orgie et la mort
Nuits et silences étaient l’insigne geôlier d’une inviolable prison
Et nous ne pouvions que périr à l’heure de notre jaillissement
Ils se souviennent de notre effarement
Et de nos mains qui titubent dans la lumière du jour
Ils se souviennent des routes innombrables qu’un arbre portait dans notre âme
Mais que sont devenues les promesses de ce témoin
Et les saisons qui poussaient au bout de ses branches
Dans le silence et la nuit
Quand nous voulions cesser d’être seuls.