Un scandale. L’éditeur et distributeur «Tabark Publishing» d’Égypte a présenté des livres piratés à l’édition 2024 du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) qui bat son plein à Rabat. Alertée, l’équipe du commissariat du Salon a demandé la fermeture du stand en question.
Hier, dimanche 12 mai, au troisième jour du SIEL, vers le coup de 16 heures de l’après-midi, Tarik Slaïki, président de l’Union des éditeurs marocains barricade le stand égyptien avec du sotch. «Tous les livres exposés et mis en vente dans ce stand sont piratés. Le plus grave dans l’histoire c’est que cet éditeur est membre de l’Union des éditeurs arabes. Nous avons été informés par l’Association des libraires indépendants du Maroc et l’administration nous a demandé de fermer ce stand. Chose que nous avons faite», déclare ce professionnel du livre.
Le représentant égyptien envoyé sur place était interloqué mais ne pouvait rien faire. «Je ne peux rien vous dire pour l’instant. L’éditeur fera un communiqué officiel par la suite», s’est contenté de déclarer l’employé de cette maison d’édition égyptienne qui, selon Hassan El Kamoun, le président adjoint de l’Association des libraires indépendants du Maroc, possède plusieurs antécédents dans le livre piraté.
Celui qui a fait éclater cette affaire, et qui possède son stand juste en face, Hassan El Kamoun, raconte pour Le360 comment il a découvert le pot aux roses: «En feuilletant les livres exposés et en me renseignant sur leurs prix, je me suis tout de suite fait à l’évidence. La qualité des livres mis en vente est très médiocre et ne correspond en aucun cas aux copies originales. Et, pour nous assurer davantage qu’il s’agit vraiment de livres piratés, nous avons procédé à une vérification via la base de données française Delicom et qui inclut pas moins de 3 millions de titres. Nous avons vérifié le grammage, la date d’édition, le nom de l’éditeur, l’image sur la couverture du livre et son prix», souligne Hassan El Kamoun. Notre libraire nous donne des exemples. Facture à l’appui, l’ouvrage en anglais «Things we never got over», de Lucy Score se vend en copie originale à 130 dirhams, et sur ce stand il est vendu à 60 DH. Un autre ouvrage, le pavé: «L’investisseur intelligent» coûte 450 DH, il est facturé à 75 DH seulement dans ce stand douteux.
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Pour Hassan El Kamoun, ces prix très bas sont déjà une preuve que le livre est piraté. «Depuis 2012, nous faisons face à ce phénomène au Maroc. C’est en train de détruire toute une industrie et tout le monde en pâtit, y compris le lecteur, puisque ce sont des copies très médiocres, parfois il y a même des pages qui manquent».
Le président de l’Association des libraires indépendants du Maroc affirme que cette action de fermeture d’un stand au SIEL est une première. À l’heure de la mise en ligne de cet article, l’Union des éditeurs arabes a déclaré qu’en guise de sanction, «Tabark Publishing» sera privé de participation dans les salons du livre à l’international.