«Mort à vendre» de Bensaïdi «censuré» au cinéma Sahara d’Agadir: la version du gestionnaire de la salle

Une scène du film "Mort à vendre" de Faouzi Bensaïdi.

Une scène du film Mort à vendre de Faouzi Bensaïdi.

Prévu initialement sur 3 jours dans le cadre du programme culturel d’été organisé par le conseil de la ville d’Agadir, le film «Mort à vendre» de Faouzi Bensaidi a été limité à deux jours. Au risque d’en indigner plus d’un. La mairie, gestionnaire de la salle Sahara, réhabilitée et réouverte en 2022, avance ses arguments. Les voici.

Le 01/09/2023 à 21h17

Sorti en salles en février 2012, le film «Mort à vendre» de Faouzi Bensaidi refait parler de lui. Censé être projeté durant trois jours, depuis le jeudi 24 août au cinéma Sahara de la ville d’Agadir, dans le cadre du programme culturel d’été organisé par le conseil de la ville, ce long métrage a été remplacé samedi 26 août par «Road To Kaboul» de Brahim Chkiri. Au risque de susciter bien des réactions négatives.

Plusieurs personnes évoquent l’arrêt de la projection à cause des scènes de baisers bien présentes dans le film, en plus d’autres scènes de corps nus. Mais auprès de la commune d’Agadir, actuel propriétaire et gestionnaire de la salle Sahara, l’unique cinéma de la ville, réhabilité en 2021 avec un budget de 10 millions de dirhams, et réouvert un an après, une toute autre version des faits est avancée. «Après deux jours de projection, le public nous a demandé de le changer contre un autre film, car pour eux deux jours de projection, c’était suffisant. Nous avons donc réalisé le vœu des spectateurs et nous avons remplacé le film», affirme la commune.

Mais un groupe de personnes a commencé à protester quand il était venu voir le film de Faouzi Bensaidi le troisième jour, avant de découvrir que l’affiche du jour a été changée. C’est là que l’agent de sécurité l’a expulsé de la salle puis a fermé la porte. A l’intérieur, il y avait 200 personnes qui assistaient à la projection de «Road to Kaboul», affirme Zahra El Manchoudi, chargée des affaires culturelles au conseil de la ville d’Agadir.

Pour la responsable, vice-présidente du conseil de la ville, il est clair que l’agent de sécurité n’a pas le droit d’interdire un film ou de le remplacer par un autre. Ce sont les missions du responsable technique de la salle, lui aussi fonctionnaire de la ville d’Agadir.

Malgré les explications de Zahra El Manchoudi, plusieurs questions restent sans réponse. Comment se fait-il que la programmation des films n’ait pas respecté le planning de projection, et qu’il a suffi qu’un groupe de personnes demande à ce que le film soit remplacé pour que les responsables de cette salle s’exécutent? En sachant que le programme estival prévoit depuis le début de la manifestation le 25 juillet, trois projections successives de ce film avec, à l’affiche, Moncef Malzi, Fahd Benchemsi et Faouzi Bensaidi himself.

Cet incident du 26 août au cinéma Sahara a le mérite de lancer le débat sur la manière de gérer les cinémas, en particulier ceux qui sont la propriété des mairies.


Par Qods Chabâa
Le 01/09/2023 à 21h17