Réforme du fonds d'aide à la production cinématographique, quelles pistes?

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Khalid Saidi, le directeur par interim du Centre Cinématographique Marocain a appelé à la révision de la politique du fonds d'aide à la production et à l'exploitation cinématographique. Une politique fixée par un décret qui date de 2012.

Le 02/11/2022 à 09h38

L’information a failli passer inaperçue. Le Centre Cinématographique Marocain a fait part de sa volonté imminente de réviser la manière d’octroyer l’aide à la production des films.

C’est en tout cas ce qu’a clairement laissé entendre Khalid Saidi, son directeur par interim depuis six mois, après le départ de Sarim Fassi-Fihri dans le communiqué du 20 octobre 2022 en réaction à la polémique autour du film «Zanka Contact».

«Le CCM en profite pour appeler les Chambres professionnelles sérieuses à élaborer une vision claire et logique pour la révision de la politique d’aide publique aux œuvres cinématographiques dont la dernière stratégie date de 2012. Une politique, qui, aujourd’hui semble avoir montré ses limites».

A l’écriture de ces lignes, aucune proposition claire, aucune alternative claire n’a pour l’instant été présentée. Dans le projet de réforme de la loi relative à l’organisation du Centre Cinématographique Marocain et de l’industrie cinématographique, aucune allusion n’est faite à propos de la réforme du fonds d’aide à la production et à l’exploitation cinématographique.

Les 12 Chambres professionnelles, reconnues par le CCM, ont été appelées à soumettre leurs propositions afin qu’elles soient intégrées dans cette réforme.

«Au cours du Conseil d’administration du CCM du 27 octobre, le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mehdi Bensaïd nous a demandé de faire vite et d’envoyer nos propositions, mais nous lui avons demandé de nous octroyer plus de temps afin qu’on étudie le projet de réforme tranquillement et y apporter les révisions nécessaires», a déclaré Abdelilah Jouhari, président de l’Union des Réalisateurs et auteurs marocains, interrogé par Le360. 

Ce réalisateur a expliqué que la Chambre qu’il dirige plaide pour la création de collèges dans la commission du fonds d’aide, actuellement présidée par Ghita El Khayat. 

«Au lieu de toujours favoriser les pionniers et d’octroyer les aides aux mêmes personnes, les plus connus, les plus anciens, on propose, entre autre, un collège des jeunes réalisateurs…», précise Abdelilah Jouhari.

L’autre proposition qui circule est celle d’octroyer des notes aux réalisateurs qui ont remporté des prix, dans de prestigieuses manifestations cinématographiques à l'étranger.

Ces mêmes notes seront prises en considération par la commission du fonds d’aide, si ce même réalisateur s'est porté candidat pour un autre projet de film.

Ce n’est pas tout. Plusieurs professionnels du cinéma proposent également que l’aide soit octroyée après la sortie du film et sa projection, et non comme c’est le cas actuellement, en se fondant uniquement sur le scénario.

«Mais pour l’instant, toutes ces propositions sont plutôt des rumeurs, rien n’a été proposé pour l’instant», insiste le président de l’Union des réalisateurs et auteurs marocains.

Les conditions et les procédures d’aide à la production cinématographique sont fixées par un décret d’août 2012, signé par le chef du gouvernement en poste à cette époque, Abdelilah Benkirane, et contresigné par l’ancien ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi. Ainsi, depuis cette date, 60 millions de dirhams sont annuellement alloués à la production.

Par Qods Chabaa
Le 02/11/2022 à 09h38