Quelques heures plus tard, c’est au tour du réalisateur, Ismaël El Iraki, et des producteurs du film de réagir en publiant à leur tour un communiqué.
«Suite à la décision du CCM parue ce matin, nous souhaitons réagir et clarifier les faits au sujet de l’utilisation faite d’une chanson de la chanteuse Mariem Hassan dans notre film Zanka Contact, écrit ainsi l’équipe du film, dont le réalisateur et les producteurs se disent «navrés de voir un malentendu prendre de telles proportions».
Car loin d’être un acte politique, le choix de la musique pour le film est, explique-t-on, «purement esthétique et musical». En effet, poursuit-on, «le réalisateur a simplement choisi de mettre dans le film la voix d’une chanteuse et non une personne, ni en aucun cas ce qu’elle représente politiquement».
Lire aussi : La musique de Meriem Ment Hassan, chanteuse du Polisario, dans «Zanka contact»: le CCM sévit
Ainsi, le choix de cette musique, a-t-il «été fait pour des raisons d’illustration musicale et est intervenu, comme toujours au cinéma, dans le moment de création du film, lors du tournage et de la conception sonore (montage son) en 2020».
C’est précisément ce «qui explique qu’il ne soit pas mentionné dans le scénario déposé au CCM deux ans avant en 2017, car c’est une illustration musicale et non quelque chose de fondamental dans la séquence: la même scène serait tout à fait la même sans musique», est-il par ailleurs expliqué, en réponse à l’affirmation du CCM selon laquelle le scénario de ce film, qui avait été déposé auprès la commission d’aide au soutien cinématographique, ne fait à aucun moment allusion à l’utilisation de cette musique, mais à des extraits de la chanson Sidi Reddad du chanteur Fadol.
«Nous avons suivi scrupuleusement les règles en déposant le film à la commission d’attribution des visas du Centre cinématographique marocain en vue de la sortie nationale en 2021: le film a obtenu son visa sans demande de changement», se défend par ailleurs l’équipe du film.
Et de poursuivre que «si toutefois un changement est demandé aujourd’hui par la commission d’attribution des visas du CCM, nous sommes évidemment totalement disposés à suivre toute directive de la commission conformément aux règles du Centre cinématographique que nous respectons scrupuleusement».
Lire aussi : Tanger: «Zanka Contact» d'Ismaël El Iraki remporte le Grand prix du Festival national du film
D’ailleurs, est-il annoncé d’emblée, «suite à leur décision du 20 octobre 2022, nous avons d’ores et déjà remonté une version du film sans cette musique qui sera transmise au CCM dès sa finalisation demain 21 octobre 2022». Une réponse rapide à la demande du CCM à la société Montfleuri production de rétablir dans un délai de 48 heures la version originale du film, de façon à ce qu’il corresponde à son scénario original.
Dans ce communiqué, le réalisateur et les producteurs ont également rappelé que «les comédiennes et comédiens du film ne sont en rien responsables de ce choix», lequel «incombe uniquement et totalement au réalisateur et qui a fait ce choix sans aucune intention politique, mais uniquement pour l’émotion que procure la voix de cette chanteuse et sans aucun rapport avec ses vues politiques».
Et de conclure ce communiqué sur une note d’espoir, celle de «trouver une solution rapide et apaisée» à ce «malentendu» et que «tout pourra rentrer rapidement dans l’ordre», d’autant que «nous avons la fierté que Zanka Contact, film aidé par le Fonds de Soutien du Centre cinématographique marocain, représente légitimement le Maroc avec succès dans une trentaine de compétitions lors de festivals internationaux en 2020 et 2021 et gagne de nombreux prix pour le Maroc à l’étranger».
L’équipe se dit enfin tout aussi fière «que le public national et le milieu du cinéma marocain aient offert à notre film une grande reconnaissance qui a culminé avec le Grand Prix au festival national du film de Tanger en septembre 2022».
Enfin, est-il écrit en mot de la fin, «comme le savent les spectateurs du film, Zanka Contact est une œuvre qui vise à unifier et à réparer les blessures et non à en créer de nouvelles. Nous nous excusons pour l’offense ressentie par certains si un choix illustratif et purement musical a pu être interprété comme un choix politique: par ce communiqué nous les assurons que ce n’est pas le cas et espérons ainsi réparer ce malentendu qui a pris de trop grosses proportions par rapport à une intention simplement esthétique et en aucun cas politique du réalisateur».