L’annulation de l’accord de pêche par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) est riche en enseignements. C’est ce qu’indique Les Inspirations Éco dans son édition du 10 février, qui reprend une analyse de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS). Cette décision remet en question des décennies de coopération entre le Maroc et l’Union européenne. Le secteur halieutique, qui génère 2,8 milliards de dirhams d’exportations annuelles et emploie directement 14.000 personnes, se retrouve fragilisé.
L’arrêt de la CJUE, rendu en octobre 2024, impacte l’ensemble de la chaîne de valeur, de la capture à la transformation des produits de la mer. Marocains et Européens sont directement concernés. Face à cette situation, l’IMIS recommande, à court terme, une réponse rapide et coordonnée, notamment par la création d’un Fonds spécial de transition (FST) destiné à stabiliser les entreprises touchées. Un appui ciblé aux PME et aux coopératives permettrait également d’atténuer les répercussions sur l’emploi local.
À long terme, la diversification des débouchés commerciaux s’impose comme une nécessité pour réduire la dépendance du Maroc vis-à-vis des marchés européens. L’IMIS préconise de renforcer les partenariats stratégiques avec l’Afrique subsaharienne, l’Asie et l’Amérique latine. Cette stratégie s’appuierait sur le développement de nouvelles infrastructures logistiques, la modernisation des réseaux de distribution et la valorisation des produits de la mer à forte valeur ajoutée. L’innovation technologique et la montée en gamme des produits renforceraient la compétitivité du secteur sur la scène internationale.
«Malgré cette crise, l’économie bleue de Dakhla demeure un modèle de réussite», écrit Les Inspirations Éco. En moins de vingt ans, la région est devenue un pôle industriel majeur grâce à des politiques axées sur l’investissement national et la souveraineté économique. Le rapport de l’IMIS souligne le rôle clé d’une gouvernance partagée entre acteurs publics et privés pour assurer la durabilité de ce modèle. Le développement des infrastructures portuaires et des capacités de transformation des produits de la mer constitue un atout stratégique. L’intégration de technologies respectueuses de l’environnement et la formation continue des travailleurs ont renforcé la résilience de cet écosystème face aux chocs extérieurs.
Pour pérenniser ces acquis, l’IMIS insiste sur l’importance d’une approche plus inclusive et sur la promotion de l’économie sociale et solidaire afin de favoriser l’ancrage territorial de l’économie bleue marocaine.
La situation actuelle représente également une opportunité de redéfinition de la stratégie maritime du Maroc. L’IMIS plaide pour une approche intégrée misant sur l’innovation technologique, la recherche scientifique et la coopération régionale. «En optimisant la gestion des ressources marines, le pays pourrait transformer ces défis en leviers de développement durable. Grâce à sa position géostratégique sur la façade atlantique, le Maroc peut s’imposer comme un leader régional en matière de gouvernance maritime», lit-on encore.
Dans cette optique, il est crucial de renforcer la coopération avec les pays d’Afrique de l’Ouest afin d’harmoniser les politiques halieutiques et de promouvoir des pratiques durables. Le développement de partenariats scientifiques permettrait d’améliorer la compréhension des écosystèmes marins et d’optimiser la gestion des pêcheries. Une stratégie nationale de résilience maritime, intégrant les dimensions climatiques et géopolitiques, devient ainsi indispensable pour garantir la pérennité de l’économie bleue marocaine.
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