Les exportateurs d'agrumes sont sous forte tension. Après avoir été confrontés à l'envolée des taux de fret et au manque d’irrigation pendant la période de croissance des fruits, qui a eu des répercussions sur l’agrumiculture, les producteurs subissent actuellement les répercussions des sanctions contre la Russie ainsi que les mesures drastiques, annoncées par Vladimir Poutine, pour soutenir le rouble, en pleine dégringolade.
La campagne d'exportation des agrumes en Russie est pratiquement terminée. Presque 30% des exportations marocaines de ces fruits, lesquelles sont supérieures à 540.000 tonnes, et 50% des exportations de clémentine (volume total de 250.000 tonnes) et de la variété Nour (60.000 tonnes) sont absorbées par le marché russe.
Pour ce qui est des exportations marocaines de tomates vers la Russie, elles sont en chute libre depuis quatre ans en raison des exigences du service fédéral russe de surveillance phytosanitaire, explique une source à l’Association des exportateurs d’agrumes du Maroc.
Ce même interlocuteur explique qu’entre 2018 et 2020, la Russie a réussi à agglomérer, en moyenne, plus de 1,3 milliard de dirhams des envois d’agrumes du Maroc. En 2021, ajoute-t-il, la valeur des exportations marocaines d’agrumes vers la Russie s’est élevée seulement à 443,9 millions de dirhams.
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Avec le retrait de la Russie de la plateforme interbancaire Swift, permettant le transfert fluide et rapide d'argent par-delà les frontières, et la décision du Kremlin d’interdire aux opérateurs économiques russes tout transfert d’argent vers l’étranger, les exportateurs marocains risquent d’avoir du mal à se faire payer, détaille notre interlocuteur, qui se dit, toutefois, «rassuré», puisque le Maroc a pu diversifier ses clients étrangers, au cours des dernières années.
«La campagne des exportations est bien avancée. Grâce à la diminution de nos expéditions vers la Russie et la diversification de nos clients étrangers, nous avons pu éviter le pire. Les exportateurs marocains pourront se consoler par le fait qu’ils soient moins exposés que leurs concurrents», fait-il observer.
«Certes, nous avons pu éviter le pire, mais plusieurs reliquats n’ont pas encore été réglés à temps. Il est difficile d’estimer le montant des factures impayées, puisque les données ne sont pas encore disponibles. Mais l’impact aurait pu être plus grave», rassure encore ce même interlocuteur, qui tient, toutefois, à souligner que les opérateurs marocains sont exposés à une autre difficulté.
«Les exportateurs marocains facturent en dollar. Et depuis le début de la crise, la valeur de la monnaie russe, le rouble, ne cesse de dégringoler face à la monnaie américaine. Ceci risque davantage de compliquer et de rallonger les délais de paiements», conclut-il.
La production d’agrumes au Maroc se concentre principalement à Souss-Massa, dans le Gharb et dans les fermes agrumicoles du bassin de la Moulouya.