Attaques en mer Rouge: depuis la mi-janvier, les tarifs du fret maritime entre la Chine et le Maroc ont augmenté de 160 à 240%

Un porte-conteneur de l'armateur chinois Cosco Shipping, au port chinois de Lianyungang.. CFOTO/Sipa USA/SIPA

L’adoption par les transporteurs maritimes d’un trajet alternatif, via le cap de Bonne-espérance, afin d’éviter les attaques en mer Rouge, a eu pour conséquence une hausse significative des prix du fret maritime. Ainsi, pour les tarifs d’expédition de conteneurs entre la Chine et le Maroc, l’augmentation varie de 160 à 240% depuis le 15 janvier. Explications.

Le 26/01/2024 à 14h26

Les coûts du fret maritime entre la Chine et le Maroc poursuivent leur flambée plus de trois mois après le début des attaques des rebelles yéménites houthis contre des porte-conteneurs empruntant le détroit de Bab Al-Mandab, reliant le golfe d’Aden et la mer Rouge. Après une hausse oscillant entre 60 et 100% depuis la deuxième quinzaine de décembre 2023, les tarifs ont connu une hausse encore plus spectaculaire depuis la moitié du mois courant.

D’après des données obtenues par Le360 auprès de professionnels marocains du transport maritime, le prix d’expédition d’un conteneur de 20 pieds entre les ports chinois et marocains est passé de 1.450 à 3.600 dollars, soit une hausse de 150% par rapport aux tarifs appliqués le 15 décembre. Pour les conteneurs de 40 pieds, l’augmentation est encore plus prononcée, avec des prix passant de 1.850 à 6.200 dollars, soit une flambée de près de 240%!

Pour la première quinzaine de février, les compagnies maritimes prévoient de baisser les tarifs qui varieront entre 3.200 et 3.300 dollars pour le conteneur de 20 pieds, et de 5.400 à 5.600 dollars pour celui de 40 pieds entre l’Asie et l’Afrique du Nord. «Cette révision à la baisse est intervenue après que les États-Unis et le Royaume-Uni ont décidé d’envoyer leurs navires en mer Rouge pour dissuader les attaques», nous confie Rachid Tahri, président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc (AFFM Maroc) et secrétaire général de la Fédération du transport et de la logistique, affiliée à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).

L’augmentation significative des coûts du fret est l’une des conséquences du trajet alternatif passant par le cap de Bonne-Espérance, au large de l’Afrique du Sud, emprunté par les grands transporteurs mondiaux, dont le Danois Maersk, l’Italo-Suisse MSC ou encore le Français CMA CGM, pour éviter les attaques des Houthis dans cette zone où transite 12% du commerce maritime mondial.

«Ce détour via le cap de Bonne-Espérance rallonge les délais d’acheminement de marchandises de dix à quinze jours entre l’Afrique du Nord et l’Asie, et entre l’Extrême-Orient et l’Afrique du Nord. Elle contribue à la hausse des tarifs du fret maritime qui a dépasse les 170% depuis la deuxième quinzaine de janvier au départ de l’Asie vers l’Afrique du nord et l’Europe», explique Mourad Erragragui, vice-président de l’Association marocaine du transport routier intercontinental (AMTRI) et directeur de la filiale marocaine d’une multinationale spécialisée dans le transport international routier, maritime et aérien, dans une déclaration pour Le360.

Augmentation des frais d’assurance des compagnies maritimes

«La hausse des tarifs du fret est également due à l’augmentation des frais d’assurance des compagnies maritimes, réclamés par les assureurs pour sécuriser les navires dans ce contexte de tension», tient à préciser Rachid Tahri.

Ces chiffres sur les coûts d’expédition de conteneurs entre la Chine et le Maroc sont dans la droite ligne de ceux estimés par l’agence de notation américaine S&P Global Ratings, qui, dans une note d’analyse publiée le 22 janvier, indiquait que les tarifs du fret maritime ont augmenté de près de 300% durant la seconde moitié de décembre 2023, avec des hausses oscillant entre 6.000 et 7.000 dollars par conteneur de 40 pieds, depuis le début des attaques en mer Rouge.

Par Elimane Sembène
Le 26/01/2024 à 14h26