Avocat: des exportations records attendues pour 2023, incertitudes sur l’avenir de la culture

Fruit de l'avocat.

La culture de l'avocat connait une forte expansion au Maroc.

Les exportations marocaines d’avocat devraient établir un nouveau record au cours de la saison 2022-2023. L’évolution de cette culture, très gourmande en eau, reste toutefois tributaire de la situation hydrique du pays. Détails.

Le 25/03/2023 à 15h35

Elargissement de la superficie cultivée, hausse de la production, multiplication des producteurs, diversification des destinations à l’export… Les exportations marocaines d’avocat «ont toutes les chances d’atteindre un nouveau record» durant la saison agricole en cours, estime le site d’information spécialisé EastFruit.

D’après cette source, le Maroc a exporté, entre juillet 2022 et janvier 2023, plus de 35.000 tonnes d’avocats, un volume en hausse de 60% par rapport à la même période de la saison précédente. À telle enseigne que «les exportateurs marocains n’ont plus que 7.000 tonnes d’avocats à exporter pour dépasser le total des exportations de la saison précédente. Cet objectif devrait être facilement atteint dans les mois à venir», commente le site précité.

Des exportations en hausse

Pour spectaculaire qu’elle est, cette hausse n’a rien de réellement surprenant. Les exportations marocaines d’avocats ont pratiquement doublé au cours des cinq dernières années, passant d’environ 22.500 tonnes au cours de la saison 2017-2018, à 42.300 tonnes à la fin de la saison 2021-2022.

Cela a permis au Royaume de devenir, fin 2022, le 9ème exportateur mondial d’avocats, grappillant trois places au classement, et de placer cette culture au 8ème rang des catégories de fruits et de légumes marocains aux recettes d’exportation les plus élevées en 2021, rapportant près de 90 millions de dollars.

En terme d’exportations d’avocats, le Maroc est devancé par des pays d’Amérique du Sud (Pérou, Chili, Colombie), d’Europe (Pays-Bas, Espagne) et d’Afrique (Kenya, Afrique du Sud), alors que le Mexique reste le leader incontesté, avec un approvisionnement annuel dépassant le million de tonnes.

Diversification des destinations d’export

La croissance rapide des exportations marocaines d’avocat a été, entre autres, permise par une diversification des destinations menée au pas de charge. Ainsi, si au cours de la saison 2017-2018, près de 75% des exportations avaient pris le chemin de l’Espagne, cette proportion n’est plus que de 39% durant la saison 2021-2022. Explication: plutôt que de transiter par des négociants espagnols avant d’être réexportées, les avocats marocains sont désormais acheminés directement vers les acheteurs d’autres pays, indique EastFruit.

L’Espagne est restée tout de même le premier importateur d’avocats marocains durant la saison 2021-2022, suivie par la France, avec une part de 26%. Les Pays-Bas (19%), l’Allemagne (10%) et le Royaume-Uni (3%) viennent ensuite dans ce classement, qui est complété par nombre de pays importateurs de petits volumes. La liste comprend la Russie (600 tonnes), la Suisse (300 tonnes), la Belgique (200 tonnes), le Portugal (100 tonnes), ainsi que certains pays du Moyen-Orient (300 tonnes) et d’Afrique (200 tonnes).

Une culture hydrovore, dont l’avenir est incertain

En plein essor, la production d’avocat au Maroc voit cependant son avenir s’assombrir. Culture impliquant une très grande consommation d’eau (en Espagne, le chiffre cité est de 800 litres d’eau par kilo d’avocats), elle est désormais confrontée à un contexte de stress hydrique qui remet en question la poursuite de son développement, voire sa pérennité.

Rappelons que, confronté à un important déficit pluviométrique en 2022, le Maroc a dû prendre des mesures draconiennes pour rationaliser l’utilisation d’eau dans l’agriculture. Plusieurs cultures, dont notamment l’avocat, les pastèques, les agrumes ont ainsi vu leurs superficies se rétrécir. Et dès septembre 2022, le ministère de l’Agriculture avait annulé le programme d’octroi de subventions pour l’irrigation de nouvelles plantations de ces cultures.

Par conséquent, comme le souligne EastFruit, la poursuite de l’expansion des plantations d’avocats et d’autre catégories des exportations horticoles marocaines semble menacée, «car les cultiver n’a aucun sens avec un accès réduit aux ressources en eau».

Par Lina Ibriz
Le 25/03/2023 à 15h35