Une note d’optimisme graduée pour l’évolution de l’économie marocaine a été lancée par BAM à l’issue de son Conseil tenu ce mardi 16 juin. L'institution monétaire affirme que «les projections macro-économiques de la Banque établies dans ce contexte restent entourées d’un degré exceptionnellement élevé d’incertitude et font clairement ressortir une forte contraction de l’économie nationale cette année suivie d’un certain rebond en 2021».S’agissant de l’inflation d’abord, la Banque centrale note qu’elle est revenue à 0,9% en avril en lien essentiellement avec le repli des prix des carburants et lubrifiants. Dans ses prévisions à moyen terme, tenant compte des faibles pressions inflationnistes émanant de la demande et des cours bas des matières premières, BAM estime que ce niveau «se maintiendrait à un niveau modéré autour de 1% aussi bien en 2020 qu’en 2021». La Banque rassure aussi quant à l’évolution des prix, en notant que «la composante sous-jacente du taux d’inflation, mesurant la tendance fondamentale des prix, devrait passer de 0,5% à 0,8% en 2020 et revenir à 0,7% en 2021». Selon les projections de BAM, l’économie nationale se contractera de 5,2% en 2020, la plus forte depuis un quart de siècle. Dans le détail, la valeur ajoutée agricole connaîtrait un recul de 4,6% et celle des activités non agricoles diminuerait de 5,3%. Mais en 2021, le Maroc renouerait avec la croissance qui enregistrerait un rebond à 4,2%, avec une augmentation de la valeur ajoutée agricole de 12,4% et une amélioration du rythme des activités non agricoles à 3,1%.Côté exportations, compte tenu des incertitudes de reprise économique et d’ouverture des marchés européens, la baisse, tous secteurs confondus, serait de 15,8% globalement. BAM note que cette baisse serait accentuée «en particulier par les expéditions de l’industrie automobile et les ventes du secteur textile et cuir». Deux secteurs stratégiques pour le Maroc qui seraient affectés par la perturbation des chaînes d’approvisionnement et l’affaiblissement de la demande étrangère.
Lire aussi : Décision historique. BAM abaisse son taux directeur de 50 points de base
Parallèlement, les importations chuteraient de 10,7%, en lien essentiellement avec l’allégement de la facture énergétique et le repli des acquisitions de biens d’équipement. Les recettes de voyage enregistreraient un fort recul qui atteindrait 60% et les transferts des MRE régresseraient de 25%.Cette tendance se renverserait en 2021 selon BAM. Les exportations connaîtraient une certaine reprise, soutenue par l’amélioration de la demande mondiale et la progression des capacités de la construction automobile. Les recettes de voyage et les transferts des MRE devraient aussi suivre la même tendance, enregistrant respectivement des hausses de 60% et de 5,2%.Les IDE devraient également retrouver leur niveau tendanciel de 3,2% du PIB en 2021, contre une prévision de 1,5% du PIB cette année.
Toutes ces évolutions contribueraient fortement au maintien d’un niveau «convenable» des avoirs officiels de réserve autour de 218,6 milliards de dirhams en 2020 et 221,7 milliards en 2021, assurant ainsi une couverture autour de 5 mois d’importations de biens et services d’ici fin 2021. Les prévisions de BAM prennent en compte la politique volontariste et expansive déployée par l’Etat (aides, programmes de garantie, report des échéances de paiement des impôts), qui, toutes choses égales par ailleurs, creusera davantage le déficit budgétaire. Hors privatisation, ce glissement devrait atteindre 7,6% en 2020 avant de s’atténuer à 5% en 2021. Dans ces conditions, l’endettement du Trésor devrait augmenter, passant de 65,0% du PIB en 2019 à 75,3% en 2020 et à 75,4% en 2021.
BAM reste vigilante par rapport aux prévisions annoncées. L’institution monétaire estime que les vents peuvent rapidement tourner et qu’il est impératif d’assurer un suivi étroit de la situation pour procéder à l’actualisation régulière de ses projections et à l’identification des scénarios d’évolution probables. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle, BAM se tient prête à convoquer un conseil exceptionnel pour redresser la barre.