Très attendu sur le niveau du taux directeur, le gouverneur devrait, selon des experts, enterrer pour très longtemps ses perspectives d’orthodoxie monétaire. BAM a déjà lâché du lest en mars dernier, abaissant son taux directeur de 25 points de base à 2%. Cela a permis aux banques de continuer à financer l’économie à des conditions normales, malgré le resserrement de leurs trésoreries. Mais la situation a empiré depuis. D’ailleurs pour être rassurante, la Banque centrale l’avait clairement annoncé à l’issue de son premier conseil: «les prévisions restent entourées de fortes incertitudes et sont sujettes à une révision à la baisse si la propagation de la pandémie Covid-19 au niveau mondial n’est pas contenue à court terme».
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La pandémie est toujours présente. Les indicateurs annoncés en Mars dernier, concernant les IDE, les exportations, les recettes voyage... sont en apesanteur aujourd'hui, vu la profondeur et la violence de la crise. La Banque centrale sera certainement amenée à revoir sa copie pour se lancer dans une politique monétaire expansive afin de relancer un nouveau cycle économique. D'autant que les nouvelles vagues de contamination en zone euro, premier partenaire du Maroc, n’augurent rien de bon et vont certainement ralentir la relance des économies.
L’annonce d’une baisse du taux directeur tombera à point nommé. La mesure donnera un coup d’accélérateur aux offres de crédit-garantie mises en place par la CCG et les banques: Oxygène, Essor, Damane Relance et Relance TPE. Pour soutenir l’économie et continuer à financer les entreprises à des conditions avantageuses, «les banques ont besoin de se refinancer à des taux encore plus bas, compte tenu du coût du risque encouru actuellement et de l’évolution mitigée de l’épargne qui creuse les trésoreries», fait remarquer Hassan El Basri, du cabinet Build and Run, expert en banque et finance (ex-DG du groupe Banque Populaire). Pour notre interlocuteur, «la Banque centrale ne pourrait pas faire l’économie d’abaisser davantage son taux directeur; une baisse qui devrait être au minimum de 25 à 50 points de base pour soutenir efficacement l’intervention des banques auprès des entreprises».