L’entrée de Revolut au Maroc semble se préciser. La néobanque britannique, avec plus de 40 millions d’utilisateurs dans le monde et une valorisation dépassant les 40 milliards d’euros, s’apprête à poser un pied dans le Royaume, indique le magazine Challenge. Une décision qui pourrait bien bouleverser le paysage bancaire national.
Déjà présente en Afrique du Sud, Revolut s’attaque à un marché marocain à la fois dynamique et encore peu ouvert aux néobanques. Contrairement aux banques traditionnelles qui tentent de digitaliser leurs services, Revolut propose une expérience 100 % numérique, pensée dès l’origine pour les smartphones: ouverture de compte en quelques minutes, paiements internationaux sans frais, carte multi-devises, trading, crypto, outils de gestion budgétaire… autant d’atouts qui séduisent une clientèle jeune, mobile et connectée.
«Ils ont entamé le processus de recrutement d’un directeur général local. Ce n’est donc plus une rumeur», confirme Adnane Messaoud, expert fintech cité par Challenge. Pour lui, l’arrivée de Revolut pourrait sérieusement bousculer l’écosystème avec services sans frais, un change au taux réel et une interface fluide notamment. Autant de caractéristiques susceptibles d’attirer les jeunes urbains, les freelancers, et une clientèle premium aujourd’hui peu servie par les offres existantes. «Cela mettrait la pression sur les banques classiques et les établissements de paiement (EDP), qui devront accélérer leur transformation digitale», prévient-il.
Andrea Bises, spécialiste des marchés réglementaires pour la Fondation Gates, souligne l’attrait du Maroc pour des géants comme Revolut. «Le Royaume figure parmi les cinq lions de l’Afrique, avec une économie stable et une ouverture stratégique vers l’Europe», explique-t-il au magazine. Mais il met en garde. «Le cadre réglementaire est encore rigide. Aucun nouvel agrément bancaire étranger n’a été délivré depuis plus d’une décennie, et des poids lourds comme M-PESA ou Flutterwave s’y sont cassé les dents», lit-on encore.
Dans ce contexte, Revolut pourrait opter pour un modèle hybride, en nouant un partenariat stratégique avec une banque locale, à l’image de CIH Bank avec Apple Pay. Une manière de contourner les lourdeurs réglementaires tout en testant le terrain auprès d’un public ciblé.
Pour obtenir une licence EDP au Maroc, plusieurs critères doivent être respectés, notamment en matière de gouvernance, de capital, et de conformité, rappelle Adnane. «Mais s’ils réussissent à s’adapter, leur présence pourrait changer la donne. Ils ont une base solide dans la diaspora marocaine, très active en matière de transferts internationaux, et un capital sympathie fort auprès des jeunes», ajoute-t-il.
Portée par des résultats financiers spectaculaires –un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros et un bénéfice de 403 millions d’euros en 2023 –, Revolut ne cache plus ses ambitions globales. Et le Maroc, en quête d’une accélération numérique, pourrait bien être leur prochaine étape stratégique.
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