Ce mardi 28 avril, lors de la séance des questions orales à la chambre des conseillers, le ministre de l’Industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy (MHE) a d’abord tenu à rassurer qu’une commission interministérielle veille, de manière ferme, au respect des mesures préventives exigées par les autorités sanitaires, n’hésitant pas à fermer les usines ne répondant pas aux normes de sécurité et de protection contre le coronavirus.
Evoquant le cas de l’unité Emo Clinic, située à Aïn Sebaa, dans laquelle un foyer de contamination a été enregistré après avoir touché plus de 130 collaborateurs (rices), MHE rappelle que les incidents de ce type peuvent surgir à tout moment, quitte à ce qu’on rouvre les usines d’ici un ou deux ans. «La femme qui se charge de la distribution des masques a dû infecter ses collègues. Ce sont des choses qui arrivent. Le risque zéro n’existe pas», a-t-il ajouté.
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Par ailleurs, le ministre de l’Industrie se dit confiant en une sortie de crise. «L’économie marocaine va certes connaître des difficultés. Nous devons sortir de la crise en étant prêts. Mais d’abord, mettons-nous d’accord. Est-ce qu’on doit rouvrir ou non les usines?», s'est-il interrogé. MHE invite à regarder du côté des «opportunités inimaginables» qui s’ouvriront après la crise et que le Maroc n’a pas vu depuis plusieurs décennies.
Plusieurs économistes s’accordent à dire que le Maroc a tout à gagner de la nouvelle reconfiguration des chaînes de valeur qui se dessinent à l’échelle internationale. Prenant part il y a une semaine à un débat en visioconférence sur les répercussions de la crise du Covid-19, à l’initiative de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), l’économiste français Daniel Cohen anticipe la fin de la mondialisation centrée sur la Chine, celle qui s’appuie sur des chaînes de valeur désintégrées, près des bassins à bas coût (produire moins cher en allant loin).
«Les pays riches ont besoin de s’appuyer sur des sous-traitants meilleur marché. Au sein même de l’Europe, il y a d’énormes réserves de main d’œuvre bon marché (Roumanie, etc) qui vont être davantage sollicitées. Pour l’instant, c’est pragmatique. Ce sont juste les distances parcourues qui vont se raccourcir et, peut-être, il y aura une réindustrialisation partielle des pays les plus riches. Mais je ne crois pas que ce sera le phénomène dominant. En réalité, ce qu’on appelle démondialisation, cela peut vouloir dire re-régionalisation de l’économie mondiale. C’est une bonne nouvelle pour un pays comme le Maroc», a expliqué Daniel Cohen.