La libéralisation du régime de change marocain suit une trajectoire maîtrisée, orchestrée par Bank Al-Maghrib pour garantir une transition en douceur vers une flexibilité accrue du Dirham. Initié depuis plusieurs années, ce processus vise à renforcer la résilience économique et à préparer les entreprises à un environnement où l’offre et la demande seront les forces motrices du taux de change, écrit le magazine Finances News Hebdo dans une analyse dédiée.
L’un des tournants majeurs de cette réforme a été l’élargissement des bandes de fluctuation du Dirham. Cette flexibilité accrue a permis au Dirham de mieux refléter les dynamiques du marché, réduisant ainsi la nécessité d’intervention de la Banque centrale et renforçant la capacité du pays à absorber les chocs extérieurs.
L’introduction d’un marché interbancaire de change a été une étape déterminante. En confiant aux banques un rôle central dans la formation du taux de change, la réforme a dynamisé les échanges de devises, renforcé la liquidité du marché et habitué les acteurs économiques à une plus grande volatilité. Les entreprises disposent désormais de davantage de flexibilité pour ajuster leurs positions en devises, tandis que Bank Al-Maghrib n’intervient qu’en cas de déséquilibres excessifs, lit-on.
L’accélération s’est poursuivie en février 2025 avec la création d’un marché à terme de change, une avancée majeure pour la gestion du risque de change. Ce mécanisme permet aux entreprises et aux investisseurs de fixer un taux de change à l’avance pour des transactions futures, offrant ainsi une protection contre les fluctuations du Dirham. Cette innovation constitue un levier stratégique pour les importateurs et exportateurs, leur permettant de sécuriser leurs marges et d’anticiper leurs coûts avec plus de précision.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au premier trimestre 2025, le montant mensuel moyen des échanges de devises contre dirhams sur le marché interbancaire a chuté de 37,7% en glissement annuel, atteignant 42,3 milliards de dirhams. Dans le même temps, le Dirham s’est apprécié de 1,39% face à l’euro et s’est déprécié de 1,49% par rapport au dollar américain, illustrant l’ajustement naturel du marché.
Si ces avancées témoignent d’une volonté claire de renforcer la flexibilité du régime de change, Bank Al-Maghrib adopte une approche prudente, lit-on encore. Une libéralisation trop rapide pourrait entraîner une volatilité excessive, favorisant une inflation importée ou des sorties massives de capitaux. L’objectif reste donc une transition progressive, permettant aux entreprises et aux institutions financières d’assimiler les mécanismes en place avant de franchir de nouvelles étapes.
À terme, lorsque le marché des changes sera suffisamment robuste et que les acteurs économiques auront gagné en maturité, le Maroc pourra envisager un passage vers un régime de change totalement flexible. Cette transformation s’inscrit dans une dynamique d’intégration accrue à l’économie mondiale et d’attractivité pour les investisseurs internationaux.
Toutefois, avant d’atteindre cet objectif ultime, la priorité reste la consolidation des réformes récentes et l’accompagnement des entreprises dans cette mutation stratégique.
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