Emploi: quelles sont les chances de réussite de la stratégie du gouvernement?

La Feuille de route pour l’emploi (FRE) vise à baisser le taux de chômage de 13,3% en 2024 à 9% d’ici 2030.

Revue de presseAlors que le taux de chômage atteint un niveau critique au Maroc, le gouvernement mise sur une feuille de route ambitieuse pour inverser la tendance d’ici 2030. Soutenue par des investissements ciblés et une série de réformes, cette stratégie est examinée par le Policy Center for the New South, qui en évalue les chances de succès à travers différents scénarios de croissance. Cet article est une revue tirée de Challenge.

Le 22/04/2025 à 19h46

Face à la montée inquiétante du chômage, aggravée par la sécheresse persistante et le recul de l’emploi en milieu rural, le gouvernement marocain a dévoilé une Feuille de route pour l’emploi (FRE) visant à faire passer le taux de chômage de 13,3% en 2024 à 9% d’ici 2030. Dotée d’un budget global de 15 milliards de dirhams, cette stratégie s’appuie sur plusieurs leviers pour relancer la dynamique du marché du travail.

Parmi les mesures phares, rappelle le magazine Challenge, se trouvent la création de 1,45 million d’emplois, le soutien massif aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) via une enveloppe de 12 milliards de dirhams, la promotion de l’entrepreneuriat, l’accès facilité au financement et l’encouragement à l’exportation. Un autre axe prioritaire concerne l’intégration des jeunes dans le marché du travail, soutenue par 2 milliards de dirhams dédiés à l’alternance, à la formation professionnelle et à des dispositifs d’insertion.

Le programme ambitionne également de limiter les pertes d’emplois agricoles (1 milliard de dirhams) et de moderniser la gouvernance du marché de l’emploi, notamment en renforçant le rôle de l’ANAPEC et en instaurant des mesures spécifiques pour améliorer l’accès des femmes à l’emploi, comme le transport et la garde d’enfants. La lutte contre le décrochage scolaire et la réforme de la formation professionnelle figurent également parmi les priorités.

Pour évaluer la faisabilité de ces objectifs, le Policy Center for the New South (PCNS) a mené une étude approfondie basée sur des projections économétriques dont Challenge rend compte. L’étude s’est notamment penchée sur l’élasticité emploi-croissance, un indicateur mesurant l’impact de la croissance économique sur la création d’emplois. Au Maroc, cette élasticité est estimée à 0,23, ce qui signifie qu’une hausse de 1% du PIB n’entraîne qu’une augmentation de 0,23% de l’emploi, un niveau relativement faible.

À partir de ce constat, le PCNS a développé quatre scénarios prospectifs. Le premier postule que pour atteindre le taux de chômage ciblé de 9% d’ici 2029, une croissance économique soutenue de 7,9% par an serait nécessaire, un objectif jugé ambitieux, voire irréaliste sans rupture majeure. Le deuxième scénario, plus modéré, table sur une croissance annuelle de 4%, permettant de créer environ 500.000 emplois. Ce scénario est considéré comme plus atteignable dans le contexte actuel.

Le troisième scénario indique qu’un chômage réduit à 6,65% nécessiterait une croissance exceptionnelle de 10,4% par an, ce qui semble peu probable sans profondes transformations économiques et structurelles. Le quatrième, en prolongeant les tendances actuelles, projette un taux de chômage à 11,9% en 2029, soulignant l’urgence d’une réforme effective pour espérer infléchir la courbe.

En résumé, la Feuille de route pour l’emploi incarne une volonté forte de redresser le marché du travail, mais sa réussite dépendra largement de la capacité du Maroc à stimuler sa croissance, moderniser son économie et renforcer ses politiques publiques en matière d’emploi. Sans impulsion structurelle majeure, l’objectif des 9% risque de rester hors de portée.

Par Nabil Ouzzane
Le 22/04/2025 à 19h46

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

En matière de promesses, d’études et de jargons de perroquets, il n’y a rien à dire. They all know how to talk the talk, and walk the walk! Or, tant que le pays n’a pas encore trouvé le bon gouvernement pour le sortir de ses crises à répétition ou, au moins, qui n’en crée pas d’autres au passage, il continuera à être un simple laboratoire expérimental, et les marocains des cobayes. En effet, comment peut-on expliquer le fait qu’il n’a jamais été question de budgets - l’argent étant toujours «miraculeusement» disponible, alors que les résultats sont rarement au rendez-vous? Donc, on s’entend bien que le gros du problème se trouve au niveau de la gouvernance. Preuve en est que les choses ne changent pas, et les problèmes persistent et s’accumulent. A vrai dire, on n’est pas sérieux!

0/800