Fibre optique: entre accélération technique et inertie structurelle

Alors que les opérateurs télécoms annoncent une hausse généralisée des débits en fibre, la réalité du terrain reste plus contrastée.. DR

Revue de presseAlors que les opérateurs télécoms annoncent une hausse généralisée des débits fibre, la réalité du terrain reste plus contrastée. Si les infrastructures progressent, l’adoption, elle, peine à suivre. Entre obstacles logistiques, frein économique et inertie réglementaire, la fibre optique au Maroc avance, mais à un rythme bien inférieur aux ambitions affichées. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 22/04/2025 à 20h36

Le 20 avril, un simple SMS de Maroc Telecom annonçait à ses abonnés le doublement automatique du débit fibre, avec un plafond désormais fixé à 1 Gb/s. Dans la foulée, Orange et inwi ont également relevé leurs débits. Si cette hausse généralisée témoigne d’un sursaut commercial dans le très haut débit, elle ne masque pas les failles structurelles qui freinent encore une adoption de masse, écrit le quotidien Les Inspirations Éco dans son édition du 23 avril.

En 2024, le parc FTTH (Fiber to the Home) ne compte encore que 1,06 million d’abonnés, pour une croissance annuelle de 25,5%. Le marché ADSL, lui, stagne à 1,59 million de lignes, avec une progression quasi nulle (+0,12%). Une inertie qui interroge.Le principal frein reste la géographie du déploiement.

La fibre se concentre dans les grandes villes, où le retour sur investissement est rapide. Dans les zones rurales ou périurbaines, les coûts sont élevés et la rentabilité incertaine, ce qui freine les opérateurs. À cela s’ajoutent des obstacles réglementaires persistants: difficultés d’accès aux fourreaux, lenteur des autorisations de voirie, problèmes de raccordement dans les immeubles collectifs…

D’un point de vue économique, l’argument tarifaire pèse lourd. «Pour une large partie de la population, l’internet fixe reste perçu comme un produit haut de gamme. Les offres de fibre, même revues à la baisse, restent peu accessibles aux foyers modestes. Résultat: une demande limitée, peu stimulée par les pouvoirs publics», lit-on.L’internet mobile continue de dominer outrageusement le marché, représentant 93% des abonnements à fin 2024, contre seulement 6,6% pour le fixe. Les box 4G, simples à installer et immédiatement opérationnelles, captent une bonne partie de la demande là où la fibre tarde.

Pour beaucoup d’utilisateurs, les bénéfices concrets de la fibre par rapport à la 4G restent flous, faute de sensibilisation et de formation.«Ce déséquilibre illustre une fracture dans la stratégie numérique du pays. Alors que la fibre est censée soutenir les usages futurs (cloud, streaming, télétravail, objets connectés…), elle reste encore un service de niche», constate Les Inspirations Éco.Le manque d’implication des pouvoirs publics est également pointé du doigt.

Là où d’autres pays s’appuient sur les collectivités locales pour accélérer les déploiements, le Maroc reste en retrait. Pourtant, la stratégie Digital Maroc 2030 affiche un objectif ambitieux: rendre 5,6 millions de foyers éligibles à la fibre. Un cap qui nécessitera bien plus qu’une simple dynamique d’offres commerciales.

Par Nabil Ouzzane
Le 22/04/2025 à 20h36

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