Forum économique Maroc-France à Dakhla: les provinces du Sud au cœur du nouveau partenariat stratégique entre Rabat et Paris

Lors du Forum économique Maroc-France à Dakhla, le 9 octobre 2025. (S.Bouaamoud/Le360)

Le 10/10/2025 à 12h16

VidéoLe Forum économique Maroc–France, tenu le 9 octobre 2025 à Dakhla, a mis en lumière la solidité du partenariat entre Rabat et Paris et le rôle central des provinces du Sud dans la nouvelle dynamique économique entre les deux pays. Organisé par la CGEM et le MEDEF, ce rendez-vous a consacré Dakhla comme un hub stratégique pour les investissements franco-marocains et un point d’ancrage du développement atlantique et africain.

Le Forum économique Maroc–France, organisé le 9 octobre 2025 à Dakhla par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Mouvement des entreprises de France (MEDEF), a réuni plus de 300 chefs d’entreprises, décideurs, diplomates et responsables institutionnels des deux pays.

Cet événement d’envergure, tenu dans la perle du Sud marocain, a illustré la vitalité du partenariat économique maroco-français et l’importance croissante des provinces du Sud comme nouveau pôle de croissance et de coopération euro-africaine.

Les travaux ont été ouverts en présence du président de la région Dakhla–Oued Eddahab, Khattat Yenga, du wali Ali Khalil, de l’ambassadrice du Maroc à Paris, Samira Sitail, et de l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier. Ils ont souligné, à l’unisson, que la tenue de cette édition à Dakhla symbolise une reconnaissance claire du rôle stratégique du Sahara marocain dans la dynamique économique nationale et régionale.

L’Initiative royale atlantique, pilier de l’intégration africaine

L’un des temps forts du forum a été le panel consacré à l’Initiative royale atlantique, présentée comme un levier structurant de l’intégration économique africaine.

Selon Mohamed Methqal, directeur général de l’Agence marocaine de la coopération internationale (AMCI), la vision du roi Mohammed VI vise à faire de la façade atlantique africaine - qui regroupe 23 pays représentant 55% du PIB continental - un moteur de prospérité partagée et de connectivité régionale.

Cette ambition s’incarne à travers trois projets structurants: le gazoduc Nigeria-Maroc, le port Dakhla Atlantique et la constitution d’une marine marchande africaine.

Ces initiatives visent à désenclaver les pays du Sahel, à accélérer les échanges interafricains et à faire des provinces du Sud le pivot logistique et énergétique du continent.

La directrice de l’aménagement du port Dakhla Atlantique, Nisrine Louzzi, a souligné que cette infrastructure d’envergure internationale est conçue pour soutenir des secteurs stratégiques tels que les énergies renouvelables, l’hydrogène vert, la pêche et la logistique.

Une alliance économique fondée sur la confiance et les résultats

Dans son intervention inaugurale, Samira Sitail, ambassadrice du Maroc à Paris, a qualifié le partenariat maroco-français de modèle fondé sur la confiance, la clarté et les résultats. Elle a rappelé que la coopération entre les deux pays repose sur des projets concrets, une vision commune du développement durable, et surtout sur des acteurs économiques engagés.

Samira Sitail a également salué la reconnaissance, par le président Emmanuel Macron, que le présent et l’avenir du Sahara s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine, soulignant que Dakhla est devenue un symbole d’un Maroc tourné vers l’Afrique, engagé dans la transition énergétique et la croissance verte.

Elle a cité plusieurs chantiers emblématiques, dont le port de Dakhla Atlantique, la voie express Tiznit-Dakhla, et les unités de dessalement et de production d’énergies renouvelables, comme autant de preuves tangibles du modèle de développement inclusif et durable promu par le Royaume.

La France confirme son soutien aux investissements dans le Sahara marocain

L’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, a réaffirmé que l’État français encourage et soutient les entreprises françaises désireuses d’investir dans les provinces du Sud.

Il a mis en avant les opportunités offertes dans des domaines clés tels que les énergies renouvelables, les interconnexions électriques euro-africaines, ou encore l’hydrogène vert, des secteurs où les entreprises françaises disposent d’un savoir-faire reconnu.

Pour le diplomate, «les développements remarquables du Sud du Royaume» témoignent de l’ambition marocaine de se hisser parmi les grandes puissances industrielles et énergétiques régionales, et offrent aux investisseurs étrangers des perspectives inédites.

Le choix de Dakhla pour abriter le forum constitue, selon lui, une manifestation concrète du positionnement clair et sans ambiguïté de la France sur la marocanité du Sahara.

Les provinces du Sud, un nouveau pôle de croissance maroco-français

Le ministre délégué chargé de l’Investissement, Karim Zidane, a insisté sur le fait que les provinces du Sud sont appelées à devenir un moteur du partenariat économique entre le Maroc et la France, grâce à leur position géostratégique entre l’Europe et l’Afrique.

Il a rappelé que près d’un tiers des investissements directs étrangers (IDE) reçus par le Maroc en 2024 provenaient de France, tandis que les deux tiers des investissements marocains à l’étranger étaient orientés vers l’Hexagone. La nouvelle charte de l’investissement, impulsée par le Roi, prévoit de mobiliser 550 milliards de dirhams d’ici 2026, en favorisant les régions à fort potentiel, notamment celles du Sud.

Karim Zidane a plaidé pour une «alliance économique renouvelée», fondée sur la confiance mutuelle, le développement régional et l’ancrage africain du Maroc, estimant que ces territoires serviront de laboratoire de coopération dans l’énergie, la logistique, le tourisme et la pêche durable.

Des acteurs économiques engagés et des projets concrets

Les représentants de grandes institutions françaises - AFD, Bpifrance, Proparco, CFCIM - ont salué la dynamique économique marocaine et réaffirmé leur engagement à accompagner le développement des provinces du Sud.

L’AFD, premier partenaire international du Maroc, gère plus de 3,2 milliards d’euros de projets en cours, axés sur la formation professionnelle, la mobilité urbaine durable et la gestion des ressources naturelles.

Une visite de terrain au chantier du port Dakhla Atlantique a clos les travaux, permettant aux participants d’apprécier l’état d’avancement du projet et son potentiel comme levier logistique et économique majeur.

Dakhla, vitrine du partenariat bilatéral de nouvelle génération

Le Forum de Dakhla marque un tournant dans la coopération maroco-française. Au-delà des déclarations politiques, il consacre une relation économique structurée autour de projets tangibles, d’une vision partagée et d’une reconnaissance mutuelle des intérêts stratégiques.

Dakhla s’impose ainsi comme un symbole fort de la coopération euro-africaine, une plateforme d’investissement durable et une passerelle entre le Maroc, la France et l’Afrique.

Par Souilem Bouaamoud
Le 10/10/2025 à 12h16