Le partenariat entre le fonds d’investissement Al Mada et le groupe chinois CNGR Advanced Material, pour la construction d’un complexe industriel de fabrication de composants de batteries pour véhicules électriques au Maroc, prévoit aussi le recyclage des batteries. L’annonce a été faite par Deekay Kim, responsable du recyclage dans l’Union européenne chez CNGR, dans un entretien accordé au portail britannique Innovation News Network.
Selon lui, l’objectif «ultime» de CNGR, un des leaders mondiaux dans la fabrication de composants de batteries pour véhicules électriques, est «de devenir le leader mondial du recyclage des batteries de véhicules électriques». Et pour relever ce défi, le fabricant prévoit d’étendre ses usines de précurseurs de cathode (pCAM), composants essentiels dans la fabrication de ces batteries, notamment celle prévue au Maroc, pour aider ses clients (les constructeurs automobiles, ndlr) à sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement et à répondre aux évolutions des exigences réglementaires des régions dans lesquelles ils opèrent.
«Le Maroc peut offrir des avantages géographiques puisqu’il est proche de l’Europe et de l’Amérique du Nord. De plus, le Maroc a le statut d’accord de libre-échange (ALE) avec l’UE et les États-Unis, ce qui facilite la mise en conformité avec le respect des diverses réglementations de chaque région», souligne M. Kim.
Le géant chinois promet de mettre en place, dans chacune de ses zones d’activités, «une véritable chaîne en boucle fermée», ce qui lui permettra de sécuriser ses approvisionnements en matériaux critiques et de fournir des pCAM «de la plus haute qualité», y compris des batteries en fin de vie (EoL) retraitées et des déchets traités en usine, qui répondent aux exigences réglementaires de chaque région.
Approvisionner les marchés américain et européen
«Le pCAM produit dans nos nouvelles usines sera conforme à l’IRA et à la CRMA. Nos nouvelles usines sont stratégiquement situées dans les pays de la zone de libre-échange et à l’intérieur de l’UE pour faire partie de la chaîne d’approvisionnement locale et être plus proches de nos clients», affirme la même source.
Concrètement, l’IRA, la loi américaine sur la réduction de l’inflation, accorde des subventions pouvant aller jusqu’à 7.500 dollars de crédits d’impôt aux acheteurs de véhicules électriques, à la condition explicite que ces derniers soient assemblés en Amérique du Nord et fabriqués avec des matériaux extraits ou traités aux États-Unis, ainsi que dans des pays ou régions ayant paraphé un accord de libre-échange avec Washington.
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Quant au CRMA (Critical Raw Materials Act), la loi européenne sur les matières premières critiques, elle prévoit notamment que 15% de la consommation annuelle en batteries de véhicules électriques de l’UE proviennent du recyclage d’ici à 2030.
Dans une déclaration pour Le360 en avril dernier, Fouad El Kohen, expert en efficacité énergétique et en énergies renouvelables et membre de l’Association intersectorielle pour la mobilité électrique au Maroc, expliquait que «la proximité avec l’Europe et surtout l’entrée en vigueur de la future taxe carbone début 2026 poussent les investisseurs à se tourner vers d’autres marchés comme le Maroc. À partir de cette date, une batterie fabriquée en Inde ou en Chine par exemple coûtera plus cher pour entrer sur le marché européen qu’une batterie faite à 14 km des frontières.»