Lors du conseil des ministres qui s’est tenu le 4 décembre à Rabat, le roi Mohammed VI a donné une nouvelle impulsion à la transition énergétique du royaume, en ordonnant une refonte majeure de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité (ANRE). Cette réforme, indique le magazine Jeune Afrique dans une analyse dédiée, élargit les prérogatives de cette agence en charge du secteur très stratégique de l’électricité, pour en faire un «super régulateur» couvrant non seulement l’électricité mais également le gaz naturel, l’hydrogène vert et les énergies renouvelables.
«L’ANRE devient ainsi un acteur incontournable dans la gestion des défis liés au stockage, au transport et à la distribution de l’énergie. Cette transformation répond à un double impératif: consolider la souveraineté énergétique nationale tout en positionnant le Maroc comme leader régional dans les énergies vertes», lit-on. Ce périmètre élargi inclut les molécules comme le gaz et l’hydrogène, pour se mettre en conformité avec les meilleures pratiques internationales.
Cité par Jeune Afrique, Hicham Kasraoui, expert en stratégies énergétiques, souligne que cette réforme marque un saut qualitatif dans la maturité institutionnelle du Maroc. «En élargissant ses compétences à tous les vecteurs énergétiques, l’ANRE répond à la demande croissante de flexibilité et de durabilité énergétique sur les marchés internationaux», lit-on.
Depuis quelques années, le Maroc travaille pour devenir un modèle en matière d’énergies renouvelables, avec près de 35% de son mix énergétique issu de sources vertes, comme le solaire et l’éolien. Le royaume vise l’objectif de 52 % d’ici 2030, en s’appuyant sur des projets phares tels que le complexe solaire Noor ou encore les parcs éoliens de Tarfaya, qui ont consolidé son statut de leader en Afrique.
«L’élargissement des attributions de l’ANRE s’inscrit dans cette dynamique de libéralisation du secteur de la production électrique et énergétique, en alignant les capacités nationales avec les exigences internationales en matière de durabilité et de compétitivité énergétique», lit-on encore. Un signal fort envoyé aux acteurs nationaux comme internationaux de ce secteur appelé à accueillir des dizaines de milliards de dollars d’investissements dans les prochaines années.
«Développer le secteur des énergies ne peut se faire sans un régulateur fort, qui s’assure du bon fonctionnement du secteur, du respect des règles du jeu et d’une concurrence saine et loyale. Cette réforme vise ainsi à donner une garantie, notamment aux investisseurs étrangers, sur le bon fonctionnement des règles du marché dans ce secteur stratégique et très capitalistique, où l’État est encore fortement présent via l’ONEE (Office nationale de l’électricité et de l’eau potable), comme d’autres acteurs économiques proches du pouvoir», explique un professionnel marocain du secteur au magazine panafricain.
Avec cette réforme, le Maroc ambitionne de devenir un hub énergétique dans la région, au moment où l’Europe cherche des alternatives fiables aux approvisionnements traditionnels.