Le Maroc a cessé de faire appel à l’appui de la LPL, cette assurance que le FMI a créée en marge de l’incertitude suscitée par le Printemps arabe et à laquelle seuls deux pays ont souscrit: l’ex-république yougoslave de Macédoine et le Maroc. Le FMI a ainsi mis à la disposition de ces deux pays un matelas de devises qui servirait à faire face à d’éventuels chocs externes (hausse excessive des prix du pétrole par exemple). Souscrire à la LPL se veut aussi un signal destiné à rassurer les marchés et les investisseurs internationaux quant à la solidité du cadre macro-économique du pays.
En l’espace de six ans, le Maroc a dû signer trois accords LPL, chacun portant sur une durée de deux ans: 6,21 milliards de dollars en juillet 2012, puis 5 milliards en juillet 2014 et, enfin, 3,61 milliards de dollars en 2016. Finalement, le Maroc n’a effectué aucun tirage sur la LPL. Celle-ci a dû coûter au Trésor la bagatelle de 720 millions de dirhams sur toute la période, soit 120 millions de dirhams par an. L’ex-ministre des Finances, Mohamed Boussaid, qui a révélé ces chiffres quelques mois avant son limogeage, a même reconnu avoir longtemps hésité avant de signer la demande soumise au FMI pour renouveler l’accord en 2016, affirmant que le Maroc envisage d’abandonner la LPL dès l’achèvement du troisième accord en 2018. C’est désormais chose faite.
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Quid maintenant de l’après LPL? En janvier dernier, lors de son point de presse conjoint avec Boussaid, à l’occasion du lancement du nouveau régime flexible du dirham, Abdellatif Jouahri, le wali de Bank Al-Maghrib avait laissé entendre que les autorités seraient en train de négocier une nouvelle assurance auprès du FMI, appelée Ligne de Crédit Modulable (LCM). C’était en réponse à une question sur les garde-fous dont dispose le Maroc pour garantir le succès de la réforme du régime de change.
Ce nouvel instrument de prêt a été conçu par le FMI pour répondre à la demande de financement émanant de pays présentant une politique et des antécédents économiques très solides. La LCM s’inscrit dans le cadre de la réforme engagée par le FMI pour modifier les conditions auxquelles il accorde des prêts aux pays qui vivent des «problèmes de trésorerie», peut-on lire sur une fiche technique disponible sur le site du FMI.
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À ce jour, seuls trois pays ont signé des accords au titre de la LCM, en l’occurrence la Colombie, le Mexique et la Pologne, mais aucun d’entre eux n’a jusqu’ici effectué de tirage sur sa ligne de crédit. Eu égard à son caractère modulable, la LCM permet au FMI de répondre aux besoins spécifiques de chaque pays. La souplesse de cet instrument permet d’effectuer des tirages sur la ligne de crédit à tout moment pendant une période déterminée.
Contrairement à la LPL, la LCM assure aux pays admissibles un accès immédiat à un montant élevé de ressources du FMI sans conditionnalité continue. Son fonctionnement est assimilé à une ligne de crédit renouvelable qui peut être ouverte pour un ou deux ans avec ré-examen des conditions d’admissibilité à la fin de la première année. Autre détail à retenir, le coût de l’emprunt au titre de la LCM est identique à celui de la LPL. Trois composantes forment la structure de ce coût: la commission d’engagement, le taux du prêt et la commission de tirage.