Les amateurs de shopping ont sûrement constaté que les franchises de grandes enseignes de prêt-à-porter proposent souvent des prix sensiblement différents pour les mêmes articles entre le Maroc et l’étranger. Une veste Zara, coûtant 150 euros en Espagne, est vendue au Maroc pour environ 2000 dirhams, soit une différence de 500 dirhams. Chez Bershka en France, des baskets affichées à 70 euros sont vendues au Maroc au prix de 899 dirhams, constate le quotidien L’Opinion dans son édition du lundi 25 décembre.
«Le constat est similaire pour les marques turques telles que LC WAIKIKI, DEFACTO… Par exemple, si une pièce coûte 300 livres turques en Turquie, elle est vendue à 300 dirhams au Maroc, sachant que la livre turque équivaut à 0,35 dirhams marocains. De telles différences de prix sont difficilement justifiables pour les consommateurs marocains, d’autant plus que le pouvoir d’achat au Maroc est bien inférieur à celui de certains pays européens, par exemple», souligne le quotidien.
Selon des professionnels cités par L’Opinion, plusieurs éléments expliquent cet écart, parmi lesquels les coûts logistiques, le taux de change, le loyer, mais surtout les impôts. La grande majorité des produits exposés sont importés de pays comme la Chine, le Vietnam, le Cambodge…, et sont donc soumis à des droits de douanes très élevés.
«Depuis 2012, les droits de douane étaient de 25% sur les importations de franchises. Mais pour encourager ses marques à se fournir localement, le gouvernement a décidé à partir de 2020 d’augmenter par deux fois les droits de douane, d’abord à 30%, puis à 40%. La plupart des franchises ont décidé d’impacter directement cette taxe sur les consommateurs, ce qui a eu comme conséquence une baisse des ventes. Pour corriger le tir, la Loi des Finances 2024 va baisser ces droits de 40% à 30%», lit-on.
L’autre élément qui entre en jeu est celui des quantités. Avec des réseaux de plusieurs centaines de magasins et des chiffres d’affaires importants, les marques de prêt-à-porter en Europe peuvent baisser les prix à des niveaux défiant toute concurrence en jouant sur les quantités vendues. Au Maroc, le marché reste étroit, ce qui ne permet pas d’amortir les coûts fixes.
Mais qu’en est-il des groupes qui s’approvisionnent en grande partie chez les producteurs marocains de textile ? Selon Karim Tazi, fondateur des magasins de prêt-à-porter pour femmes Marwa, cela pourrait s’expliquer par le positionnement choisi par ces marques. «Les marques se répartissent entre le haut de gamme, le luxe, la moyenne gamme, le luxe accessible, et le grand public ou mass market. L’essentiel réside dans le fait que les marques de luxe sont synonymes de luxe, et le positionnement des prix, c’est-à-dire le prix de vente au consommateur, découle de ce positionnement», explique-t-il.
Les écarts de prix entre le Maroc et d’autres marchés offrent des opportunités significatives pour le développement du secteur textile national. Avec un soutien ciblé de la part de l’Etat, le pays pourrait stimuler la création de nouvelles marques locales et encourager davantage d’entrepreneurs à investir dans le secteur.