Le paradoxe tient en une formule simple: l’économie italienne ne peut pas tourner sans l’apport des étrangers. Ils représentent 18% des emplois dans l’agriculture, près de 20% dans la métallurgie. On cherche des compétences dans l’industrie, le bâtiment, le commerce, les services... «Donc oui, 450.000 titres de séjour doivent être accordés sur trois ans, 136.000 cette année», indique Radio France.
Il faut remonter plus de 10 ans en arrière pour trouver de tels «appels à candidature» à des travailleurs en dehors de l’Union européenne. «Et ce n’est pas assez. Le patronat évoque un besoin de plus d’un million de personnes. Au début du mois, quelque 50.000 postes ont été ouverts, ils ont été pourvus en quelques heures», lit-on.
Trois raisons expliquent ce phénomène. Il y a d’abord les salaires. En Italie, ils progressent très peu, l’inflation depuis la guerre en Ukraine a encore aggravé le niveau des revenus réels et les postes qui ne trouvent pas preneurs sont bien souvent mal payés. «Près d’un tiers des immigrés qui ont un emploi occupent un poste dit à basse qualification. Parmi les travailleurs hors Union européenne, les pays les plus représentés en Italie sont le Maroc, l’Albanie et la Chine», souligne Radio France.
Cela dit, il y a un taux de chômage de près de 8% en Italie. Comment expliquer qu’il faille faire aussi massivement appel à la main d’œuvre étrangère? On en vient au deuxième point: la formation, défaillante. Selon l’Union des chambres de commerce, une offre d’emploi sur deux en Italie ne trouve pas preneur, parce que les profils recherchés sont introuvables. On ne manque pas seulement de travailleurs pour des emplois peu qualifiés, mais aussi de mathématiciens, d’ingénieurs, dans les économies numériques et vertes en particulier.
«La troisième faiblesse de l’économie italienne, c’est la démographie. Si la tendance actuelle se prolonge, le pays va perdre 5 millions d’habitants d’ici à 2050. C’est de la force de travail, ce sont des cotisants aussi. Il n’y aura plus qu’un cotisant pour un retraité dans une quinzaine d’années. Stade critique, dit le président de l’Institut de sécurité sociale», lit-on encore. Donc le voilà le paradoxe que doit affronter Giorgia Meloni: enrayer l’immigration illégale si elle veut tenir ses promesses. Mais développer les filières d’immigration légale si elle veut prendre soin de son pays.