OCP Nutricrops: acculé, Mostafa Terrab confie sa communication de crise au repris de justice Ali Amar

Mostafa Terrab, président-directeur général d'OCP Group. (Courtesy AIC Press).

Mostafa Terrab, président-directeur général d'OCP Group. (Courtesy AIC Press)

Suite à notre article publié lundi 21 avril sur la cession envisagée de parts d’OCP Nutricrops au privé, le management d’OCP Group aurait pu nous envoyer un droit de réponse pour préciser que le projet a été solennellement exposé par Mostafa Terrab en Conseil d’administration, mais qu’il n’est plus d’actualité. On en serait restés là et le sujet, qui revêt un intérêt général majeur, aurait été clos. Mais en mandant le repris de justice Ali Amar, patron du site Le Desk, avec son langage de caniveau et l’épouvantail de fake news qu’il brandit pour disqualifier notre travail, le patron d’OCP a été très mal conseillé et va prolonger la séquence.

Le 22/04/2025 à 10h36

Président-directeur général d’OCP Group, Mostafa Terrab aurait pu choisir mille et une manières de réagir à l’article de Le360 décryptant les dessous de l’ouverture de capital envisagée par le géant des phosphates s’agissant de sa filiale OCP Nutricrops. Il a opté pour la pire. Confier sa communication de crise à un repris de justice, ancien collaborateur du groupe qui plus est, voilà qui n’est pas vraiment approprié. Terrab aurait pu se contenter d’un communiqué explicatif, d’une mise au point ou d’un droit de réponse que nous aurions été en devoir – et heureux – de relayer. Il a désigné un journaleux sous pseudonyme, passé maître dans l’art de mettre son talent d’écrivant au service de qui paie le plus cher et pour qui la gratuité n’est de mise que quand il s’agit d’attaquer les confrères. Il y a d’ailleurs erreur dans le traitement: le sujet, ce n’est pas Le360, mais le plus important asset du pays… et de très loin.

Que nous apprend Le Desk et son à la fois patron, rédacteur en chef, journaliste vedette, directeur commercial – nommons Ali Amar? Que, soudain, l’ouverture du capital d’OCP Nutricrops, sciemment requalifiée en «privatisation», n’est pas envisagée. On passera sur les mots soi-disant savants, les anglicismes pour faire genre et le jargon financier servant à donner un semblant d’allure à des propos pour le moins alambiqués, pour retenir que le groupe phosphatier sursoit finalement à une proposition pourtant bien réelle.

Pour l’anecdote, et graphiques à l’appui, Le Desk a été parmi les premiers à sortir le scoop, tout d’un coup devenu fake news. Ce même média annonçait en fanfare une opération de carve-out évaluée à près de 30 milliards de dirhams, prélude à une levée de fonds sur les marchés financiers. «Le Groupe OCP se transforme vers un modèle multi-business autour de 7 Strategic Business Units. Pour ce faire, OCP S.A a procédé à une opération de carve-out au profit d’OCP Nutricrops S.A, transférant près de 30 MMDH d’actifs. Ce fleuron industriel intégré serait amené à faire appel aux marchés financiers et à s’ouvrir aux capitaux privés, y compris via la bourse», écrivait Ali Amar sous couvert de son pseudo fétiche (Kenza Filali) dans un article «exclusif» soufflé par le top management du groupe et publié à grands coups de superlatifs le 20 avril 2024. Ceci, sous le titre évocateur de «Comment OCP compte financiariser son développement industriel».

L'article du Desk où le média annonce l'option d'ouverture du capital d'OCP Nutricrops.
L'ouverture du capital d'OCP Nutricrops telle que figurant dans la stratégie d'OCP Group et communiquée par Le Desk.

Cela était du temps où la garde rapprochée de Mostafa Terrab voulait prospecter les réactions à sa proposition, exposée lors du dernier conseil d’administration du Groupe qu’il dirige. Dire aujourd’hui qu’il n’en est rien, c’est se défausser. Fake news, dites-vous? En bon filou, Ali Amar n’est pas sans savoir que les écrits ont cette fâcheuse manie de rester. Les traces numériques aussi.

Un rétropédalage non assumé

Plus sérieusement, l’option d’ouverture du capital d’OCP Nutricrops a toujours été sur la table, et ce, depuis l’annonce de lancement de la filiale, censée porter toutes les ambitions du pays en matière d’engrais et de solutions de fertilisation sur mesure. Une annonce faite en 2022, matérialisée en 2024.

Si l’information sur l’ouverture du capital, pour lever entre 5 et 7 milliards de dollars d’ici 2027, a fait le tour des rédactions de référence comme Reuters ou Bloomberg, Le360 l’apprend de source sûre, siégeant au conseil d’administration d’OCP Group. Une proposition formelle a été soumise par Mostafa Terrab au même conseil en juillet dernier; l’idée continuait jusqu’ici à faire son chemin, certifie notre source. Aujourd’hui, et via Le Desk, le top management d’OCP suggère, entre deux invectives à notre égard, avoir changé de fusil d’épaule. «Il a plutôt proposé à l’État actionnaire la création d’un nouveau fonds d’investissement baptisé OCP Finance, et non l’ouverture de capital d’OCP Nutricrops. Ce projet s’inscrit dans une dynamique industrielle cohérente qui vise à renforcer l’autonomie financière et l’agilité commerciale de la filiale OCP Nutricrops», nous «révèle»-t-on. Dont acte. Ce que cache la création d’OCP Finance est une autre histoire. Le Desk ose des monstruosités tarabiscotées du genre: «ce fonds est pensé comme un outil de financement structurant visant à soutenir le développement industriel d’OCP Nutricrops sans toucher à l’actionnariat public ni ouvrir son capital». Comment? Les entreprises privées vont faire des dons à OCP! Nous y reviendrons.

De la (mauvaise) gouvernance

Plus sérieusement encore, Mostafa Terrab, en patron d’un organisme public, propriété de l’État – et accessoirement de tous les Marocains – aurait facilement pu avoir le courage soit d’expliquer le bien-fondé de la brillantissime idée de céder des parts d’OCP Nutricrops en avançant publiquement ses arguments, soit de dire que, finalement, la piste aux lourdes conséquences est passée à la trappe. Ce qui est visiblement le cas actuellement. Au lieu de cela, il lie le destin du joyau de la richesse nationale, et le sien propre, à une petite officine de production de contenu à la criée, qui traîne un nombre incalculable de casseroles et d’affaires en justice. Indigne.

La démarche, comme le rétropédalage non assumé s’agissant d’une décision engageant l’avenir de tout le pays et sa souveraineté économique, est la dernière d’une longue série de décisions de Terrab qui interrogent. Comment expliquer, sinon, que depuis la pandémie du Covid-19, le siège d’OCP Group est, à aujourd’hui, un manoir hanté, les équipes nombreuses continuant à «travailler» à distance? Que dire du véritable monopole imposé par JESA, la filiale génie civil d’OCP, sur les marchés du groupe phosphatier, à l’exclusion de tout le tissu entrepreneurial national censé profiter de l’effet de ruissellement qu’OCP se doit d’entraîner? Et que penser de la véritable gabegie marquant l’éclatement des «métiers» du groupe sur l’enseignement supérieur, l’hôtellerie ou encore la santé? Quid du saccage écologique de la palmeraie de Marrakech, en y implantant un complexe bétonné sur plusieurs hectares? Sans parler du sport avec des infrastructures olympiques, mais que le top management refuse de partager avec des équipes nationales qui en ont grand besoin. L’exemple de ces piscines dont la taille a été raccourcie de quelques centimètres pour ne pas correspondre aux normes olympiques, à la seule fin d’empêcher l’équipe nationale de natation de s’y entraîner, en dit long. Sur toutes ces questions, et bien d’autres, nous ne manquerons pas de revenir.

Par Tarik Qattab
Le 22/04/2025 à 10h36

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VOS RÉACTIONS

Un article brillant et bien documenté. Il reste cependant un « non dit «  très important : Mr Terrab est bien protégé et personne n’ose le toucher……

"...le repris de justice Ali Amar, patron du site Le Desk, avec son langage de caniveau et l’épouvantail de fake news..." "....un journaleux sous pseudonyme, passé maître dans l’art de mettre son talent d’écrivant au service de qui paie le plus cher...." Ça fait longtemps que je n'ai pas autant rigolé. Apparement M. Qattab connait bien le personnage...

Merci . Vous avez dévoilé leur stratégie machiavélique .Ont ils vraiment une fibre nationale ? , nous nous en doutons, une bande de sans foi ni loi, leur seul intérêt est leurs comptes bancaires placés dans des banques étrangères. Une question se pose quand même, comment on est arrivé à cette situation ? , comment a t'on laissé le champs libre à des rapaces ? Il faut que le gouvernement et les élus se ressaisissent et mettent fin de tels scandales

Driss, le problème vient du gouvernement et des (mal) élus qui sont aussi des rapaces! Ils brouillent les cartes pour se servir et servir leurs acolytes du secteur privé. D’ailleurs, c’est le plus grand marchand de carburants du pays qui est à la tête de l’exécutif. Un type qui a abusé de ses pouvoirs au sein des gouvernements dont il a fait partie au long des années pour amasser une grosse fortune et aider ses réseaux patronaux à s’engraisser à coups de milliards. Ceci dit, la seule solution qui reste est d’entamer une campagne d’assainissement générale pour sauver ce qui reste à sauver. Sinon, à ce rythme, le pays court à sa faillite et son avenir restera incertain! A titre d’exemple, il n’y a pas un seul responsable ou observateur étranger qui ne vous dira pas que le Maroc mérite mieux.

"La démarche, comme le rétropédalage non assumé s’agissant d’une décision engageant l’avenir de tout le pays et sa souveraineté économique, est la dernière d’une longue série de décisions de Terrab qui interrogent. " L'auteur s'exprime comme si Terrab faisait ce qu'il veut. Il ne fait pas ce qu'il veut. Il doit répondre devant le Parlement. Par ailleurs, l'OCP dispose d'un Conseil d'Administration. On y retrouve le ministre de l'Intérieur, la ministre des finances, et le ministre du Budget Fouzi Lakjaa. Ce conseil se réunit chaque trimestre.

Mr Terrab a été un bon directeur pour le groupe OCP et l'as mené là où il est aujourd'hui, mais c'est vrai que ces dernières années je ne comprends plus la stratégie du groupe avec la multiplication des filiales bien loin des métiers de l'industrie lourde, de l'expertise dans l'exploitation de minerai ou encore dans le développement agricole et qui ne servent pas non plus l'image du Royaume à l'international. Il serait judicieux maintenant de passer le flambeau a du sang neuf capable de recentrer l'OCP sur ce qui fait sa force et sur ses compétences, d'autant que le Royaume a grandement besoin de la puissance financière de l'OCP au vu des grands événements à venir et de l'évolution diplomatique des dernières années.

Mr Terrab est ce qu'il est, une personne brillante, Mais effectivement, 19 ans dans le même poste c'est largement suffisant. Après un certain lapse de temps la routine se mets en place et l'assiduité disparait. Je suis sur qu'aujourd'hui, il y a des éléments capable de gérer l'OCP aussi bien que lui.

Salam Tarik Qattab ,et un grand chokrane,à vous,de "veiller aux grains" -ou aux minerais !- pour que la richesse du Royaume du Maroc ne soit pas brader aux plus offrants, et être dissolue dans je ne sais quoi,et pour je ne sais qui,en une myopie de l' esprit compromettant l'avenir des MAROCAINS... Bref, même si j' avoue aisément que les termes techniques m'échappent, je reconnais en vous la fibre patriotique faisant écho à la mienne et à toute la composante plurielle Marocaine que la Patrie prend aux tripes et dans le cœur.. Que les intérêts suprêmes du Royaume du Maroc soient rappelés inlassablement,et j' invite tous les MAROCAINS à faire abstraction des commodités à court terme pour retrousser les manches afin de servir la Mère-Patrie ! Vive le Royaume du Maroc,et vive le Roi ! 🤲

*...que la richesse du Royaume du Maroc ne soit pas bradée...

Votre article fait peur comme si les établissements publics sont devenus propriétés privées de leurs directeurs en l'absence de toutes autorités de régulation et de contrôle. Si ce que vous dites est vrai on n'a pas encore fini avec les années 70- 80-90 ou les désastres de gestion des établissements publics se cumulaient en l'absence de toute conscience responsable et éclairée et dans l'aveuglement total des conséquences futures désastreuses . J'espère de tout cœur que c'est pas vrai et que seulement votre égo de journaliste parle.

Après Ahizoune, c’est au tour de Terrab d’être déboulonné; si l’on veut limiter les risques de dépassements que la longévité dans une fonction peut causer à bien des gens. En plus, il ne s’agit pas ici d’un simple opérateur de télécommunications privé. On parle d’un groupe public, qui n’est autre que le patrimoine le plus important de l’Etat marocain. La police d’assurance de tout un pays. Donc, Terrab, qui est à la tête de l’OCP depuis 2006, doit plier bagage avant qu’il ne soit forcé à sortir par la petite porte. Il est indéniable qu’il fut l’homme de la situation pendant les années où l’OCP devait passer par une période de modernisation et d’expansion. Mais, les dernières manœuvres de Terrab ne manquent pas de confirmer les risques que son maintien à son poste représentent pour le pays!

Le 360 est un grand journal, ayant le Maroc au coeur, une source fiable a 100% Merci a toute l equipe.

❤️,et Dima 🇲🇦🤲 !

Cher Tarik Qattab, vous les avez rhabillé pour l’hiver!

Un bon feuilleton en perspective, du genre de ceux diffusés en prime time durant le ramadan. On pourrait dès à présent en deviner la trame, qui s'établirait probablement selon les épisodes suivants qui reprennent la liste des sept péchés capitaux: La Colère. L'Avarice. L'Envie. L'Orgueil. La Gourmandise. La Paresse et la Luxure. Avec la palette d'acteurs concernés, le succès est garanti.

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