Les paiements électroniques poursuivent leur envol au Maroc. En 2024, leur volume a doublé pour atteindre 5,5 milliards de dirhams, selon les chiffres de Bank Al-Maghrib. Une croissance principalement portée par les virements bancaires, en hausse de 18%, loin devant les chèques, dont l’usage continue de reculer. Le paiement mobile, quant à lui, a presque doublé, illustrant l’essor des nouveaux usages digitaux dans le pays, souligne Les Inspirations Éco dans son édition du 22 avril.
«Nous avons remarqué une tendance haussière du virement depuis 2016», explique Fadwa Jouali, spécialiste senior en développement des paiements à Bank Al-Maghrib, dans un entretien avec le quotidien. «Les Marocains abandonnent de plus en plus l’utilisation du chèque pour des raisons de confort et à cause des irrégularités, et ce, malgré la mise en place de la Centrale des chèques réguliers».
Face à cette mutation, l’institution monétaire a adapté son infrastructure. «Bank Al-Maghrib a commencé à travailler, dans un premier temps, sur la réduction des temps de compensation et de règlement pour ramener les délais d’exécution des virements à 24 heures, avant de mettre en place le virement instantané», précise-t-elle.
Autre phénomène marquant l’envolée du paiement mobile, passé de 9,7 millions de dirhams en 2023 à 19,7 millions en 2024. Cette progression va de pair avec l’augmentation du nombre de portefeuilles électroniques (M-Wallets), permettant aux citoyens non bancarisés d’accéder à des services de paiement.
«Tous les citoyens qui n’ont pas de compte bancaire peuvent ainsi disposer de comptes de paiement et effectuer notamment des paiements de factures et d’impôts », souligne Fadwa Jouali. Et d’ajouter: «cela favorise l’inclusion financière et pourrait améliorer leur situation économique».
Si l’usage des paiements électroniques progresse, les très petites entreprises (TPE) restent encore à la traîne. Bank Al-Maghrib a mené plusieurs études pour identifier les freins à leur adoption. Résultat: une méfiance persistante, en partie liée au poids de l’informel.
«Parmi les principales entraves figure un souci de transparence de la part des petits commerçants, dont une grande partie évolue dans l’informel et ne remplit pas ses obligations fiscales», constate Jouali. «Il est donc important de les rassurer, notamment à travers des incitations fiscales, et d’élargir la digitalisation pour leur faciliter les transactions avec les fournisseurs».
Pour accompagner cette transformation, BAM a lancé en janvier 2025 le Morocco Fintech Center (MFC), un guichet unique destiné à structurer l’écosystème des fintechs au Maroc. Un projet issu de six années de réflexion entre régulateurs, universitaires et acteurs privés.
«Les banques sont des paquebots avec de nombreux équipages, tandis que les fintechs sont des petits navires. Elles ont besoin de ces startups pour gagner en agilité», compare Fadwa Jouali. Le MFC met ainsi à disposition des startups des experts pour les conseiller sur l’accès au financement, la réglementation ou encore le développement produit.
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