L’agence de notation américaine Standard & Poor’s Global Ratings (S&P) a certes maintenu la note de la dette souveraine du Maroc, mais a légèrement révisé à la baisse ses prévisions de croissance du PIB à 3,1% pour 2024, par rapport à la projection précédente de 3,4%, principalement en raison d’une saison agricole morose. «Nous pensons que la pénurie d’eau va probablement continuer à entraver le PIB agricole dans les années à venir», note l’agence dans un rapport publié hier, lundi 30 septembre.
Malgré la diversification en cours de l’économie marocaine, sa croissance dépend toujours de manière significative de l’agriculture, la rendant sensible aux régimes pluviométriques, déplore S&P. La structure et la robustesse des performances du tourisme, des phosphates et dérivés, des secteurs de l’automobile et de l’aéronautique seront de nature à renforcer les perspectives de croissance et la stabilité économique, nuance toutefois l’agence.
Réduction attendue des déficits budgétaires
La croissance économique a atteint 3,4% en 2023, légèrement supérieure aux 3,1% que l’agence prévoyait dans une précédente mise à jour publiée en mars 2024. «Une série de réformes favorables aux entreprises vise à donner la priorité aux investissements dans l’eau et l’énergie, et la modernisation du cadre juridique, institutionnel et réglementaire», note le document.
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Selon la même source, les déficits budgétaires devraient diminuer fortement à court terme, tout en soutenant la croissance et l’assainissement budgétaire à moyen et long terme. «Le déficit budgétaire devrait se réduire progressivement à 4,2% du PIB en 2024, contre 4,4% en 2023, puis approcher de 3% d’ici 2027», prévoit l’agence, qui rappelle que les autorités marocaines ont commencé à réduire les subventions sur le gaz butane en mai 2024, et comptent les éliminer progressivement, comme celles sur le blé et le sucre, dans les années à venir, ce qui «libérera des ressources pour financer une partie de la généralisation de la protection sociale».
Globalement, aux yeux de S&P, les perspectives positives reflètent ses attentes, selon lesquelles le Maroc s’appuiera sur ses récents résultats pour engager des réformes socio-économiques et budgétaires, ouvrant la voie à une croissance inclusive et une réduction des déficits budgétaires. Toutefois, l’agence indique qu’elle pourrait réviser les perspectives de «positives» à «stables» au cours des 12 prochains mois si la croissance économique, la consolidation budgétaire ou la dynamique des réformes s’avèrent plus faibles que prévu.
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S’agissant de la dette publique, S&P estime qu’elle restera à environ 65% du PIB d’ici 2027, un niveau similaire à celui de 2024. L’exposition du Maroc au risque de refinancement et au risque de change est relativement limitée.
L’agence prévoit également une amélioration du déficit du compte courant sur la période 2024-2027, permettant d’économiser 1,6% du PIB, grâce à une demande intérieure plus forte. Les recettes touristiques ont augmenté de 3,3% au cours des 7 premiers mois de 2024, par rapport à la même période en 2023. Les exportations automobiles ont augmenté de 9% et les transferts de fonds de 3,5% sur la même période.
Baisse de la facture énergétique
À l’inverse, la facture énergétique a diminué de 5,2%. Le Maroc importe plus de 90% de ses besoins énergétiques, le pétrole et le gaz représentent environ 15% des importations totales. «Le Maroc finance l’essentiel de son compte courant grâce aux entrées d’IDE et aux emprunts extérieurs. Nous nous attendons à ce que les flux d’IDE augmentent progressivement dans les années à venir», soutient S&P.
Tout en rappelant la dernière sortie du Trésor sur le marché international (pour un montant de 2,5 milliards de dollars), l’agence estime que le Maroc est en mesure de bénéficier d’un accès rapide à des ressources substantielles du FMI, via la ligne de crédit modulable (LCM), disponible pour tirage sur demande, mais qui n’a toujours pas été utilisée. «Nous comprenons que les autorités marocaines entendent traiter la LCM comme un filet de sécurité et n’envisagent pas de l’utiliser à moins que des pressions importantes ne se manifestent», note le document de S&P. Et d’ajouter: «Le FMI a également approuvé un Fonds pour la résilience et la durabilité (FSR), qui vise à aider le Maroc à lutter contre les vulnérabilités climatiques et renforcer sa résilience au changement climatique».