Alors que le gouvernement table sur une croissance économique de 4% en 2023, d’autres institutions se veulent un peu moins optimistes avec des projections à 3% pour Bank Al-Maghrib et le FMI, 3,3% pour le HCP et 3,5% pour la Banque mondiale, à cause notamment de la conjoncture internationale instable et des défis qui restent à relever par l’écosystème national.
Intervenant lors d’une conférence organisée par l’hebdomadaire La Vie Eco, jeudi 26 janvier 2023 à Casablanca, autour des perspectives de croissance de l’économie marocaine, la ministre de l’Economie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, s’est montrée rassurante, confirmant ainsi la capacité du Maroc à renouer avec la croissance cette année.
«Le dynamisme économique de notre pays nous place extrêmement bien au niveau des investissements étrangers, grâce notamment à l’entrée en vigueur de la Charte de l’investissement et l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. (…) C’est un momentum à ne pas perdre. Il est important que tous les outils soient mis en place pour accompagner cet effort», a indiqué la ministre.
En tête des secteurs à accompagner durant cette période, se trouve le BTP, qui souffre d’une baisse importante de la demande depuis le déclenchement de la crise sanitaire, une situation qui s’est aggravée avec la flambée des cours des matières premières à cause de la guerre en Ukraine.
«Le secteur du bâtiment a besoin de redémarrer un peu plus vite cette année. On est à moins de 10% des ventes de ciment, mais la bonne nouvelle, c’est que le crédit immobilier est reparti à la hausse. L’aide directe au logement, qui devrait être mise en place rapidement par le gouvernement, va accompagner ce secteur très important qui emploie jusqu’à un million de personnes», a-t-elle souligné.
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Pour ce qui est du risque de la baisse de la demande extérieure adressée au Maroc, Fettah Alaoui a estimé que les partenaires du Maroc sont loin de faire face à une récession malgré un contexte économique difficile, notant tout de même que cette hypothèse a été prise en compte par le gouvernement dans le cadre de l’élaboration de la Loi de finances 2023.
«L’Europe est en train de confirmer aujourd’hui qu’elle est en difficulté mais pas en récession. Ça reste un partenaire économique important et on a été un peu conservateurs sur les hypothèses de la demande européenne. Le monde est certes turbulent, mais le spectre de la récession commence à s’éloigner et nous avons davantage besoin de confiance pour créer les conditions de la croissance», a précisé la ministre de l’Economie.
Du côté des patrons, cette confiance semble se rétablir en ce début d’année, grâce notamment à un taux d’inflation relativement maîtrisé face à la flambée des prix de différents produits sur le marché international.
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«Le Maroc est resté dans l’ordre de grandeur des pays développés malgré des moyens limités. L’interventionnisme de l’État a permis de contrôler l’inflation et le taux de change du dirham, alors que dans des pays comme l’Argentine, l’inflation a frôlé les 100% et la monnaie a connu une forte dévaluation, comme en Turquie et en Russie. Cette réaction a permis aux différents opérateurs d’avoir une réelle confiance en notre économie», a souligné le vice-président général de la Confédération nationale des entreprises du Maroc (CGEM).
Dans un contexte marqué par le changement climatique et la volonté de décarbonation des économies européennes, l’un des grands défis à relever cette année pour le Maroc est de réduire sa dépendance des énergies fossiles, notamment dans l’industrie. «Les défis qui nous attendent pour l’année 2023 sont énormes. (...) Ils font qu’on essaie de réduire notre dépendance par rapport aux combustibles fossiles. C’est un sujet important et nous avons la chance, au Maroc, de disposer de beaucoup de ressources naturelles, notamment solaires et éoliennes», a expliqué, de son côté, l’expert-comptable Abdelkader Boukhriss.
Et ce dernier d’ajouter: «Il faut également travailler cette année à résoudre la problématique de la pénurie d’eau. Des investissements sont déjà engagés dans ce sens pour assurer l’interconnexion entre le bassin du Sebou et le Bouregreg ou pour la mise en place de stations de dessalement dans différentes villes du Maroc. Il faudra renforcer ses efforts pour dépasser ce problème.»