Selon le cabinet BMI, la production industrielle espagnole se déplace de plus en plus vers le Maroc

Une usine de confection à Tanger. (Photo d'illustration)

Un mouvement de transfert de la production industrielle espagnole vers le Maroc est en train de s’opérer, selon le cabinet de recherche américain BMI, filiale de Fitch Solutions. Observée dans plusieurs secteurs, cette migration a déjà concerné déjà plus de 360 entreprises espagnoles.

Le 13/08/2024 à 13h59

Un mouvement de migration industrielle de l’Espagne vers le Maroc est en cours, amenant déjà plus de 360 entreprises espagnoles à transférer leurs installations de production au Royaume, indique une nouvelle note du cabinet de recherche américain BMI, filiale de Fitch Solutions.

Alors que certaines de ces entreprises ont opéré un transfert total de leurs opérations au Maroc, d’autres ont choisi d’y créer des filiales ou de nouer des partenariats avec des entreprises marocaines, note-t-elle. Ce mouvement illustre une tendance croissante parmi les industries espagnoles, cherchant à s’adapter aux politiques de l’Union européenne (UE) et à capitaliser sur les opportunités émergentes au Maroc et, globalement, dans la région de l’Afrique du Nord, selon le cabinet spécialisé dans le risque pays et le secteur industriel.

Cette évolution a été particulièrement observée après la crise du Covid-19, qui a mis à nu les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement mondiales et encouragé les entreprises européennes à délocaliser leurs structures industrielles, dans le but de se protéger de futures perturbations, note BMI.

Les procédures douanières simplifiées et le potentiel d’économies substantielles sont les principaux facteurs à l’origine de cette décision, est-il expliqué. Selon des estimations rapportées par BMI, les entreprises espagnoles pourraient économiser jusqu’à 100 millions d’euros de droits de douane une fois que le Maroc aura éliminé ces droits sur 70% des importations agricoles et halieutiques.

Ce phénomène de délocalisation englobe, relève-t-elle, un large éventail d’entreprises industrielles, notamment celles opérant dans les secteurs de vêtements, de chaussures, d’alimentation et de boissons. Le secteur agroalimentaire représente environ 10% des entreprises délocalisées, comprenant des noms de premier plan comme Ebro Foods et Borges.

Le groupe Inditex, un cas d’école

En ce qui concerne le secteur du textile, la filiale de Fitch Solutions a noté que le Maroc offre des avantages en termes de coûts, en particulier dans les industries à forte intensité de main-d’œuvre.

Au cours de la période 2014-2023, les exportations marocaines de vêtements et de chaussures vers l’Europe ont augmenté en moyenne de 2,5% par an, passant d’une valeur de 3,5 millions de dollars à 4 millions de dollars. Les exportations vers l’Espagne ont été plus dynamiques, augmentant en moyenne de 6,5% par an sur cette période (de 1,6 million à 2,4 millions de dollars).

«La situation géographique stratégique du Maroc en a fait une zone de choix pour les marques de mode qui commercialisent leurs produits depuis les pays européens. Le développement des infrastructures d’exportation de la région s’est accéléré au cours de la dernière décennie, renforçant ainsi ses avantages logistiques existants», indique BMI.

Pour le cabinet, l’exemple le plus notable de cette migration dans le secteur du textile est le groupe Inditex. Le déménagement au Maroc d’une partie de sa production permet au groupe espagnol de s’adapter rapidement et efficacement aux nouvelles normes sociales et environnementales.

La proximité de la chaîne d’approvisionnement est également un facteur d’importance. «Le Maroc est particulièrement attractif pour les chaînes d’approvisionnement de proximité par rapport aux hubs traditionnels comme le Pakistan et le Bangladesh. Il offre également aux investisseurs l’environnement réglementaire le plus sûr d’Afrique du Nord», argumente la note de BMI.

Par Lahcen Oudoud
Le 13/08/2024 à 13h59