Lors de la réunion du 22 novembre, la principale directive donnée par le Souverain est d’accélérer la cadence, a affirmé Leila Benali. «Nous avons 13 années d’expérience derrière nous, depuis la stratégie énergétique de 2009. Même si nous avons 4,1 GW d’énergie renouvelable (ER) installée et 4,2 GW de projets en cours de développement, ce ne sera jamais assez pour asseoir le Maroc prospère que nous voulons avoir», a déclaré la ministre lors de l’émission «Invité spécial», diffusée sur 2M hier, mercredi 4 janvier 2023.
Les crises successives que le monde a connues depuis les années 2000 ont montré que le choix volontariste porté par le Roi sur les énergies renouvelables a été un choix très éclairé, a-t-elle ajouté.
«Le fait que nous ayons plus de 400 GW de potentiel en ER, soit 40 fois la taille actuelle du marché marocain, cela a permis d’asseoir une stabilité vis-à-vis de nos partenaires à l’égard de notre stratégie énergétique», a noté la ministre.
Et d’ajouter: «En plus de la proximité vis-à-vis des marchés africain et européen, des interconnexions logistiques, culturelles, énergétiques, gazières et électriques, nous avons surtout une vingtaine d’années d’expérience, au cours desquelles nous avons connu quelques échecs, quelques succès, mais surtout des leçons à tirer pour l’avenir».
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Interrogée sur le retard pris par le Maroc pour atteindre l’objectif fixé à l’horizon 2020, soit une part des ER de l’ordre de 22% dans le mix électrique national, Leila Benali a admis que «certes aujourd’hui, nous frôlons les 40%, mais ces premiers 40% sont les plus difficiles à mettre en place».
«L’objectif de 52% à l’horizon 2030 devrait être relativement plus facile à atteindre, à condition que nous accélérions la cadence et que nous libérions la moyenne et la basse tension, de sorte à permettre aux particuliers et aux industriels de pouvoir produire des ER avec un accès aux services de stockages», a-t-elle encore noté.
«La stratégie traditionnelle qu’a connue le Maroc pendant les dix dernières années est salutaire. Tout le monde connaît la station de Ouarzazate. Maintenant, il faut qu’on passe à une nouvelle étape dans laquelle nous devons augmenter de manière structurelle la production de l’énergie de façon complètement décentralisée», a soutenu Leila Benali.
«J’insiste sur l’importance de libérer la moyenne tension et la basse tension à terme. Ce n’est qu’en donnant les moyens au consommateur de produire sa propre énergie et de pouvoir commencer à faire du commerce de l’énergie que nous arrivons au choc de compétitivité et au choc de développement social que nous voulons atteindre avec le nouveau modèle de développement», a-t-elle précisé.
Le Maroc, terre d'accueil des investisseurs étrangersDepuis quelques mois, l’exécutif enchaîne les réunions et réfléchit à une nouvelle stratégie énergétique 2023-2030. Celle-ci, a confié la ministre, mis à part quelques ajustements tenant compte des développements technologiques et géopolitiques, s’appuie sur le même triangle adopté par la stratégie lancée en 2009, à savoir:
- l’accélération des ER pour atteindre une capacité installée issue des ER de l’ordre de 52% d’ici à 2030;
- l’efficacité énergétique, aussi bien du côté de la demande (consommation) qu’au niveau de la production;
- l’intégration du Maroc dans les grands marchés de l’énergie.
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Evoquant l’éolien, sa part à l’avenir dépendra du virage de l’hydrogène vert sur lequel le Maroc veut se positionner, a indiqué la ministre.
«Le Maroc veut décarboner ses processus industriels, le transport et certaines industries très énergivores. L’hydrogène vert est apparu comme un vecteur très intéressant dans ce processus. Le problème, c’est que l’hydrogène vert reste cher à produire», a-t-elle poursuivi.
«Les plus grands détracteurs disent qu’on ne peut jamais produire de l’hydrogène à moins de 5 dollars le kilogramme. Aujourd’hui, il n’y a pas de projets industriels. Il y a beaucoup de signatures, beaucoup d’effets d’annonces, mais il n’y a toujours pas de chaînes industrielles et commerciales qui permettraient de réaliser des économies d’échelles», a expliqué Leila Benali.
Et d’ajouter: «Le monde de l’énergie a connu la dégringolade des coûts des panneaux solaires photovoltaïques parce que la Chine est arrivée à les produire en masse. Aujourd’hui, nous pouvons assister à la même dynamique pour l’hydrogène, à condition que nous arrivions à produire à grande échelle des électrolyseurs et de l’énergie verte».
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La ministre est convaincue que le Maroc est très bien positionné pour figurer parmi les producteurs d’hydrogène vert qui comptent sur la scène internationale. «Non seulement nous avons un potentiel de 400 GW d’ER (éolien et solaire), mais nous avons des facteurs de coûts et des capacités très intéressantes, surtout dans les zones du sud, pour avoir à grande échelle cette production d’énergie verte», a-t-elle assuré.
«Nous avons quelques années d’expérience qui font que nous pouvons mettre en place une offre Maroc intégrée dans laquelle on n’apporte pas uniquement le foncier, mais aussi l’infrastructure et une offre financière intégrée qui puissent faciliter l’acte d’investir et de produire de l’hydrogène», a souligné Leila Benali.
«Premier membre du gouvernement à avoir été en Allemagne après le réchauffement des relations entre l’Allemagne et le Maroc, j’avais annoncé à Berlin un coût d’hydrogène à moins de 2 dollars le kg. Au départ, on m’avait dit que ça ne pourra jamais arriver. Deux mois plus tard, je commence à recevoir des offres privées à 1,70, voire 1,80 dollar le kg. Si on met en place une offre intégrée qui permet aux investisseurs, au marché et au secteur privé de prendre le risque technologique, on pourra permettre justement cette production à grande échelle pour faire diminuer les coûts», a parié la ministre de la Transition énergétique.
Réagissant à l’intérêt grandissant de bon nombre de groupes internationaux (Xlinks, Adani, Total Ern, etc) qui souhaitent investir dans le secteur des ER au Maroc, en particulier dans l’hydrogène vert, Leila Benali a affirmé qu’elle devait voir «une quinzaine d’investisseurs par jour, en virtuel ou en réel, mais n’a pas l’habitude de faire des commentaires sur des groupes particuliers, cotés en Bourse ou pas».
«En termes de négociation, il faut toujours se rappeler que nous jouons sur les deux tableaux. Nous avons une négociation internationale, le Maroc a été parmi les premiers pays à avoir pris l’engagement de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 45% à l’horizon 2030. Le Maroc a été élu président de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement cette année. Ça veut dire que nous avons vraiment un rendez-vous avec l’Histoire. Ça nous donne, pendant deux ans, la capacité de remettre sur la scène internationale la voix du grand Sud», s'est félicitée la ministre.
Et de conclure: «Nous inscrivons nos discussions avec les investisseurs (privés ou publics étrangers) dans ce cadre de négociations internationales. Nous ne faisons pas de grandes annonces, contrairement à d’autres pays, mais nous voulons vraiment être sûrs que, quelles que soient les annonces que nous allons faire, ce seront des projets qui vont être bancables, compétitifs et durables».