L'édition pour la France de Vogue a déclenché une vive polémique sur les réseaux sociaux après avoir posté, il y a trois jours, une photo de Julia Fox, la nouvelle compagne de Ye (Kanye West), lors de sa venue à Paris pour la Fashion Week.
L’actrice apparaît sur la photo avec un foulard noir sur la tête et la publication de mode française de commenter d’un enthousiaste: «yes to the headscarf!» («oui au foulard de tête!»).
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Un commentaire qui a entraîné des torrents de critiques sur la Toile. Et pour cause, alors que sera célébrée la journée internationale du hijab, le 1er février, ce commentaire du magazine de mode français souligne l’hypocrisie d’une société française où on considère le port du voile par une femme blanche comme une tendance, alors même que le port du voile par une musulmane est soumis à de nombreuses interdictions.
En effet, comme le rappellent de nombreux supports qui relaient l’information, la France a adopté des positions anti-hijab et anti-niqab parmi les plus sévères d’Europe avec une interdiction du niqab dans les lieux publics, une interdiction du port du voile pour les mineurs de moins de 18 ans et, votée il y a un mois par le Sénat français, une interdiction du port du hijab par les femmes faisant du sport.
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Des mesures qui avaient par ailleurs fait polémique en temps de pandémie avec l’obligation du port du masque sanitaire. Comment justifier le fait de légaliser le port d’un masque qui dissimule visage et interdire le port du voile?
Mais la tendance du voile façon Julia Fox n’est pas la seule à soulever des incohérences. Que dire de l’une des autres tendances phares de cette fashion week parisienne...
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... Celle du retour de la cagoule intégrale, dissimulant l’ensemble du visage.
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Une tendance adoptée par Ye à Paris, après que son ex-épouse, Kim Kardashian, l’ait aussi adoptée sur plusieurs tapis rouges aux Etats-Unis.
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En France, la chose ne passe pas auprès de la communauté musulmane. L’influenceuse franco-marocaine Hanan Houachmi s’est ainsi la voix de ce mécontentement et n’a pas manqué de dénoncer cette position.
Celle-ci partage ainsi dans les colonnes du média The National sa réaction à la lecture du post de Vogue France. «C'était un fort sentiment d'injustice, et en même temps, c'était vraiment douloureux de voir comment ces quatre mots simples étaient si faciles à mettre sous l'image de cette femme, alors que nous avons attendu et espéré et fantasmé que la France dirait à un moment donné ces mots pour nous», dit-elle.
Et Hanan Houachmi de rappeler que malgré le fait que les femmes musulmanes soutiennent de longue date que le hijab n’est qu’un simple morceau de tissu, le gouvernement français en a fait un symbole «anti-féministe». Alors comment expliquer que le commentaire de Vogue France –supprimé depuis par la publication- réduise ce même voile à un simple morceau de tissu, s'est demandée la jeune femme, qui aurait espéré que le magazine de mode fasse la promotion de valeurs inclusives en intégrant par exemple à sa publication des images de mannequins hijabi. C'est d'ailleurs quelque chose qui se fait communément dans les campagnes et éditoriaux de magazines, notamment anglo-saxons, à travers le monde.
«Nous sommes françaises, nous faisons partie de cette société et nous sommes lectrices de ce magazine –ils ont un large public féminin musulman– pourtant ils ne s'occupent pas de nous, ils continuent de nous ignorer», dit-elle. «Nous sommes invisibles et inaudibles».
Sur les réseaux sociaux, les internautes n’ont pas manqué de dénoncer des propos «dégoûtants», «une gifle à toutes les femmes musulmanes qui ont été harcelées pour avoir porté le hijab».
De son côté, Amani Al-Khatahtbeh, fondatrice de la plateforme en ligne MuslimGirl, estime quant à elle que «l'industrie de la mode a la responsabilité de dire 'oui au foulard' quand il s'agit aussi de femmes musulmanes».