«Avant le déclin du jour», les années 70 vues par Ali Essafi

Ali Essafi a opté pour une trame assez originale pour raconter les années 70 au Maroc, où le militantisme dans la clandestinité et l’expression artistique ne faisaient qu’un tout en subtilité.

Ali Essafi a opté pour une trame assez originale pour raconter les années 70 au Maroc, où le militantisme dans la clandestinité et l’expression artistique ne faisaient qu’un tout en subtilité. . Khalil Essalak / Le360 (capture image vidéo)

Le 28/10/2022 à 16h34

VidéoAprès une recherche et une réflexion qui ont duré une dizaine d'années, le réalisateur Ali Essafi a donné naissance à son documentaire «Avant le déclin du jour», dévoilant une partie du foisonnement artistique des années 70. Une expression artistique qui cohabitait avec le militantisme des années de plomb.

Avant le déclin du jour, le documentaire de Ali Essafi, sera diffusé ce dimanche 30 octobre à 21H25 sur 2M. En attendant sa diffusion, ce film, un voyage dans le Maroc des années 70, a été projeté hier, mardi 25 octobre au cinéma Rif de Casablanca.

«Le travail a commencé il y a plus de dix ans. J’ai découvert que les jeunes avec lesquels je faisais des ateliers de formation qu’ils n’étaient pas du tout au courant de ce qu’il s’était passé au niveau artistique de la génération de leurs parents et j’ai pris conscience qu’il y avait un véritable problème car s’il n’y a pas de transmission intergénérationnelle, on devient tels des zombies, c’est-à-dire qu’on a pas une vraie identité complète», a déclaré Ali Essafi. 

C’est cette réalité, amère, qui a quelque part motivé le cinéaste, dont le frère aîné avait lui aussi vécu les années de plomb. «Ce travail a nécessité une réflexion sur une façon artistique moderne d’écriture filmique», poursuit le cinéaste.

N’aimant pas les films d’archives conventionnels «où on a l’habitude de voir des archives défiler et une voix officielle», Ali Essafi a opté pour une trame assez originale pour raconter, à sa manière, les années 70 au Maroc, où le militantisme dans la clandestinité et l’expression artistique ne faisaient qu’un tout en subtilité.

Et c’est cette même subtilité que Ali Essafi a choisi de montrer dans son documentaire, dont le travail d’archives a été collectif, réalisé en partenariat avec des familles d’artistes comme Tayeb Seddiki, Mohammed Melehi, Farid Belkahia, Abdellatif Laabi, Mohamed Chabaa et Mostafa Darkaoui, Abdelaziz Mouride…..

Tout au long du film, le personnage principal, le fil rouge du film, Abdelaziz Tribek, ancien détenu politique dans les années 70 justement, avec sa voix chaude, légèrement rauque, livre des bribes de son histoire, tandis que des séquences du film «De quelques évènements sans signification» datant de 1974 de Mostafa Derkaoui, et qui avait été censuré à l’époque, des images d’archives du chapiteau de «Masrah Nass» du dramaturge Tayeb Essediki, d’autres images d’Ahmed Bouanani de son film «Mémoires 14»… Sans compter des images du Théâtre municipal de Casablanca… En 70 minutes, Avant le déclin du jour est une mine d’informations, sur cette période de l’histoire du Maroc.

Le film est une coproduction entre 2M, Cinemaat Productions et Les Films du Passage. Le film a été diffusé en avant-première au Festival international du documentaire d'Amsterdam en 2020, avant de parcourir le monde et de remporter de nombreux prix, dont le Grand Prix du Documentaire au Festival national du film de Tanger en septembre 2022.

Par Qods Chabaa et Khalil Essalak
Le 28/10/2022 à 16h34