Le général-major Noureddine Mekri, alias «Mahfoud» (72 ans) n’est plus le patron des renseignements extérieurs algériens. Installé à ce poste le 20 janvier 2021, en remplacement du général Mohamed Bouzit, dit «Youcef», actuellement pensionnaire de la prison militaire de Blida aux côtés de dizaines d’autres généraux et officiers supérieurs de l’armée, Mekri s’est surtout signalé par son effacement à ce poste stratégique et sensible.
En effet, selon des informations publiées par le journal en ligne algeriepart, le général Mekri, plus connu sous le pseudo de «Mahfoud Polisario» pour avoir été l’officier traitant des séparatistes de Rabouni, n’a jamais réellement exercé ses fonctions à la tête de la DDSE. A cause de ses multiples maladies chroniques, voire de son incompétence, son poste était plutôt géré par son bras droit, le colonel Hocine Hamid, dit Hocine Boulahya. C’est d’ailleurs ce dernier qui est visé en premier par ce limogeage, entraînant Mekri dans sa chute vertigineuse.
D’après les informations relayées par Algerie Part ce mardi 10 mai, le renvoi de Mekri intervient suite à «une grosse enquête menée discrètement depuis plusieurs mois sur les agissements sulfureux du colonel Hocine Hamid, alias Hocine Boulahya, l’homme qui s’est imposé comme le véritable patron de la DDSE depuis le début de l’été 2021 dans l’ombre du vieux général Mahfoud qui lui avait délégué toutes ses prérogatives dans des conditions troublantes suscitant ainsi un énorme malaise au sein de l’ensemble des officiers des services secrets algériens».
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Pour sa part, le site algérien interlignes rapporte que Boulahya a immédiatement, après l’annonce de son limogeage, été «auditionné par les officiers de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA), car son limogeage est lié… à des faits très graves».
En attendant d’en savoir plus, il faut rappeler que le colonel Boulahya est l’homme des basses besognes des généraux à la retraite, mais toujours actifs manipulateurs de la scène politico-militaire algérienne, Mohamed Mediène dit Toufiq et Khaled Nezzar. Il aurait été l’une des pièces d’un plan qui vise à «nourrir une sempiternelle guerre de clans dont le but ultime est d’affaiblir l’autorité de l’Etat pour faciliter la conquête du pouvoir par ses parrains, tous des anciens officiers supérieurs de la sécurité militaire durant la tragique décennie noire», précise Algerie Part. En effet, Hocine Boulahya, constitue avec le général Djebbar M’henna et le colonel Nacer El Djenn un trio qui a été remis en selle par le duo Toufiq-Nezzar, apparemment pour mettre au pas, voire marginaliser, le président Abdelmadjid Tebboune et son clan présidentiel.
Est-ce dans le cadre de cette lutte au sommet de l’Etat algérien, miné par l’interminable guerre des généraux, qu’il faut replacer l’énigmatique dépêche, peu à-propos, dont s’est fendue l’agence de presse officielle algérienne (APS), mardi 3 mai 2022, sous le titre: «Abdelmadjid Tebboune, le président rassembleur»? Une dépêche comme un cheveu dans la soupe et qui loue la main tendue de Tebboune à tous les Algériens, y compris les dissidents.
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Cette énigmatique dépêche de l’APS, qui n’a pas été reprise par les journaux affiliés à l’armée, a été suivie par le soutien apporté à l’initiative de Tebboune par le président du sénat algérien, Salah Goudjil (92 ans), qui a appelé, samedi dernier lors d’une sortie médiatique diffusée par la télévision publique, à soutenir «la politique de rassemblement» et «l’Algérie nouvelle» prônées par le chef de l’Etat.
Depuis le lundi 9 mai, des chefs de partis politiques ont également commencé à défiler à la Mouradia dans le cadre de ce qui est appelé «la main tendue» de Tebboune à tous les opposants politiques algériens, même ceux en exil, à condition de n’avoir jamais «franchi les lignes rouges».
Finalement, le nom du nouveau patron des renseignements extérieurs algériens laisserait croire que c’est le président algérien lui-même qui l’a imposé. Selon plusieurs médias locaux, c’est le général Djamel Lakehal Medjdoub, ancien chef de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle, qualifié de «proche de Tebboune», qui remplace le général Noureddine Mekri.
Quelles que soient les raisons du limogeage du patron des services extérieures, cette actualité apporte la preuve que les purges dans l’armée sont devenues la norme en Algérie. Ces purges interminables, qui ont cours depuis 2015, gangrènent l’armée algérienne, la fragilisent et rendent vulnérable la chaîne de commandement.