Ramtane Lamamra, en poste depuis juin 2021 après un premier passage à la tête de la diplomatie algérienne entre 2013 et 2017, a été remplacé par Ahmed Attaf, qui retrouve un ministère qu’il avait dirigé entre 1996 et 1999, selon la présidence de la République.
Le limogeage de Lamamra était attendu puisque cela fait plus d’un mois qu’il n’est plus dans les bons papiers du président Tebboune. Ceci, alors qu’il avait fait un retour triomphal aux Affaires étrangères en 2019, après un passage à vide. Le régime d’Alger avait alors claironné que ce diplomate chevronné allait non seulement stopper les percées diplomatiques du Maroc, mais aussi lui infliger de cinglantes défaites. Non seulement, Lamamra aura lamentablement échoué dans cette mission, mais il s’est aussi vu humilier par un président qui n’a pas la stature d’un homme d’Etat.
La colère du président algérien contre son ministre était apparente le 12 mars dernier. Ce jour-là, c’est Amar Belani, secrétaire général du ministère, qui était aux commandes lors de la réception du haut représentant de l’Union européenne pour les Affaire étrangères, Josep Borrell. Ramtane Lamamra a été, tout bonnement, écarté. Tout comme il l’a été pendant la réception, le jour-même à Alger, du président ougandais, Yoweri Museveni.
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Ce que le président algérien reproche à Lamamra, c’est visiblement ses ambitions présidentielles. Encouragé par l’incompétence de Tebboune, Lamamra ne cachait plus en effet qu’il était l’homme du prochain mandat, alors que Tebboune affûte ses armes en vue de la prochaine élection, prévue en décembre 2024. Il avait en cela la bienveillance des généraux, véritables meneurs du jeu politique en Algérie. Et il cherchait également le soutien de la France, qui pèse encore de tout son poids dans l’architecture politique du voisin de l’est. «De présumés contacts téléphoniques entre Ramtane Lamamra et des personnalités du premier cercle du président français Emmanuel Macron – les deux hommes entretiennent des relations très cordiales – sans que le président algérien ne soit prévenu ont en outre été rapportés à Abdelmadjid Tebboune», souligne le généralement bien informé Africa Intelligence.
Autre moment fort du cruel désaveu de Lamamra par Tebboune: le niet formel opposé à une liste d’affectations de plusieurs ambassadeurs et consuls algériens dans le cadre d’un vaste mouvement diplomatique annoncé le 25 février.
L’autre grand perdant de ce mini-remaniement n’est autre que Amar Belani, secrétaire général au ministère des Affaires étrangères, dont le seul talent est d’être le porte-plume des thèses anti-marocaines cultivées au sommet de l’Etat algérien, et qui se voyait déjà en haut de l’affiche, chef de la diplomatie algérienne. Certains, comme le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, ont même juré que le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères de l’Algérie serait nommé, lundi dernier, ministre en remplacement de Ramtane Lamamra.
Il n’en est finalement rien et ce n’est pas étonnant quand on sait que Belani avait déjà été mis à la retraite par l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, en raison de son «incompétence». Il n’a été rappelé par Ramtane Lamamra que dans un seul objectif: amplifier l’hystérie du tandem Tebboune-Chengriha s’agissant du Maroc. Il devra désormais se contenter du poste d’ambassadeur représentant de l’Algérie à l’ONU. Mission: faire face au brillant diplomate marocain Omar Hilale au sein de cette instance. Show devant. Il aura, entre-temps, été utilisé par les conseillers de Tebboune pour faire le sale boulot contre Lamamra en échange d’une promesse non tenue qu’il serait son successeur. Aujourd’hui, s’il y a un malheureux de ce mini-remaniement, c’est bien ce scribouillard en chef qui fut le parfait idiot utile. Belani aura toute la vie pour bien méditer ce proverbe: il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
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Voici, par ailleurs, la liste complète des nominations des nouveaux ministres dans le cadre de ce microremaniement opéré par Abdelmadjid Tebboune. Le Premier ministre, le très effacé Aïmene Benabderrahmane, a été maintenu à son poste, Tebboune considérant, sans doute, qu’il ne pourra jamais lui faire de l’ombre.
Ministère des Affaires étrangères: Ahmed Attaf remplace Ramtane Lamamra
Ministère du Commerce: Tayeb Zitouni remplace Kamel Rezig
Ministère de la Jeunesse et des sports: Abderrahmane Hammad remplace Abderezak Sebgag
Ministère des Transports: Youcef Cherfa remplace Kamel Beldjoud
Ministère des Finances: Abdelaziz Fayed remplace Brahim Djamel Kessali
Ministère du Tourisme et de l’artisanat: Mokhtar Didouche remplace Yacine Hamadi
Ministère de la Numérisation et des statistiques: Meriem Ben Miloud remplace Houcine Charhabil
Ministère de l’Environnement et des énergies renouvelables: Faiza Dahleb remplace Samia Moualfi
Ministère de la Pêche et des productions halieutiques: Ahmed Badani remplace Hichem Sofiane Salaouatchi
Ministère de l’Hydraulique: Taha Derbal