Cela faisait quelque 38 ans que les Algériens n’avaient pas vu leur armée défiler à l’occasion d’une fête nationale. Le dernier défilé militaire dans le pays remontait, en effet, au 1er novembre 1984. Il aura fallu attendre ce mardi 5 juillet 2022 pour voir l’armée algérienne parader à nouveau, dans un contexte particulier, marqué par la forte scission entre les généraux et le peuple, mais aussi par de fortes tensions entre l’Algérie et son voisinage immédiat.
D’ailleurs, la presse officielle algérienne a présenté ce défilé comme étant une démonstration de force visant à envoyer des «messages clairs sur les plans interne et externe».
Sur le plan interne, les Algériens ont massivement boudé le défilé militaire de mardi dernier, où seules des familles apparemment triées sur le volet y ont assisté sous haute surveillance. «Venus des différents quartiers d'Alger et de wilayas limitrophes, les citoyens ont afflué dans une bonne organisation, œuvre des autorités sécuritaires et militaires, des agents des services de la wilaya d'Alger», écrit ainsi l’Agence de Propagande et des Sornettes (APS).
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Pour ce qui est du défilé militaire lui-même, il a été tellement décevant qu’il a neutralisé les porte-voix zélés et laissé dubitatifs les commentateurs les plus enthousiasmés pour l’armée algérienne. Ces derniers se sont surtout posé de nombreuses questions. Où sont passées les armes sophistiquées prétendument achetées par l'Algérie? Où sont partis les milliards de dollars dépensés chaque année pour l’achat d’armement?
La réponse à ces questions coule de source quand on sait que le général-major Abdelkader Lachkhem, ex-chef du département des transmissions, systèmes et guerres électroniques au ministère algérien de la Défense nationale, est en prison depuis mars 2021 pour avoir détourné, à lui seul, quelque 2 milliards de dollars.
Pour sa part, le site menadefense.net, pourtant proche de l’armée algérienne, ne cache pas sa déception. Il a énuméré un nombre important de ratés du défilé militaire de ce 5 juillet, en relevant que le plus grand reproche, entre autres, «à faire par rapport au défilé lui-même, ce sont les absences: pas de missiles balistiques Iskander, pas de missiles supersoniques YJ-21, pas de blindés Boxer, pas de drones Seeker, Yabhon United 40 et Flash, pas de CH-3, pas de CH-5». A moins, ajoute-t-il, que «pour tous ces équipements et d’autres, l’ANP ait jugé bon de les garder dans leurs hangars». Ce qui est très peu probable, car le duo Tebboune-Chengriha voulait faire de cette parade une arme dissuasive et de terreur en direction du voisinage et particulièrement du Maroc. Objectif raté, car c’est une armée qui semble évoluer à rebours du progrès, de l’innovation, et des nouvelles technologies qui a paradé dans un boulevard très étroit avec des équipements très conventionnels et pour certains obsolètes. Un expert militaire résume en ces termes, pour Le360, ce fiasco qui aura certainement des suites: «Si le régime algérien cherchait, avec ce défilé, à exhiber une force militaire dissuasive, il a fait la démonstration d’une armée aux équipements obsolètes, mal organisée et sans doute très mal préparée à un conflit, même de moyenne intensité.»
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Tous ces ratés révèlent au grand jour les mensonges et fausses promesses du pouvoir algérien, qui tente ainsi de cacher ses pratiques mafieuses et sa corruption en matière de gestion du budget colossal de l’armée.
Cela n’a pas empêché, à chaque passage d’avions, de chars ou de vieux camions transportant des missiles, d’entendre le commentateur de la télévision publique algérienne dire qu’il s’agit là de l’armement le plus destructeur en son genre «pour les troupes et le matériel de l’ennemi». Mais, aucun ennemi ne peut être intimidé par la parade de l’armée algérienne.
Finalement, un seul homme a regardé très attentivement le défilé de l’armée algérienne: le chef du Polisario qui a été invité par Tebboune à la tribune d’honneur. Il a dû se dire qu’en fin de compte, les généraux algériens partageaient vraiment avec le Polisario le plus clair du matériel dont ils disposent.