Dans un communiqué diffusé lundi 12 juin et repris par les médias locaux, le ministère algérien de la Défense annonce que «le terroriste Rikan Ahmed, alias Abou Khadija, a été arrêté ce dimanche 11 juin, à Tamanrasset (6ème région militaire), par les éléments des services de sécurité», avant d’ajouter que «ce dernier s’activait au sein des organisations terroristes du Sahel».
Sachant que le régime algérien connaît parfaitement bien tous les groupes terroristes actifs dans le Sahel, du moins par leurs noms, l’on se demande pourquoi ce communiqué n’a pas donné plus de précisions sur l’appartenance dudit terroriste. La raison est claire comme l’eau de roche: il s’agit d’une tentative de maquiller l’arrestation d’un indépendantiste touareg.
L’usage de l’article défini («le» terroriste) dans le titre du communiqué annonçant cette arrestation laisse clairement entendre que la personne concernée est de nationalité algérienne. C’est le «Mouvement pour la libération de Tamanrasset et Adrar» (MLTA), connu également sous le nom de «Mouvement de libération du sud algérien», qui est, depuis plusieurs années, derrière de nombreuses attaques contre l’armée algérienne. Ce groupe est la branche algérienne des mouvements séparatistes arabo-touaregs opérant dans le nord du Mali et du Niger.
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Le MLTA vient d’ailleurs de se signaler, il y a deux semaines, par une attaque meurtrière dans l’extrême sud du pays. Cette attaque aurait fait plusieurs morts et blessés dans les rangs de l’armée algérienne, mais a fait l’objet d’une omerta de la part du régime algérien. Face à ce grave incident interne, la junte algérienne a choisi de jouer la carte de la diversion, en orchestrant de façon théâtrale un Haut conseil de sécurité, dont la composition uniquement militaire n’a pas échappé aux observateurs. Ce Haut conseil de sécurité, réuni le 1er juin, a été «restreint» avec l’absence de ses membres civils et «élargi» à des hauts gradés de l’armée qui n’en font pas partie.
Mais avec la confirmation des récentes fuites qui ont fait état d’une déroute de l’armée algérienne face à des séparatistes touaregs dans le triangle de Tamanrasset, Timiaouine et Bordj Badji Mokhtar, à la frontière avec le Mali et le Niger, les raisons de la réunion de ce comité trouvent une explication. Ce Haut conseil de sécurité a en effet examiné, selon un bref communiqué de la présidence algérienne, «la situation aux frontières». Avec le Mali et le Niger, aurait-il fallu ajouter.
La tentative médiatique d’orienter les regards vers le Maroc a ainsi échoué, car personne n’a finalement pris au sérieux cette prétendue réunion tripartite entre les services de sécurité marocains, israéliens et français, visant à déstabiliser l’Algérie à travers un réveil du Hirak dans les plus importantes villes du pays, en Kabylie surtout.
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Cela n’a pas empêché un média proche des généraux de claironner que l’arrestation lundi du présumé «terroriste Rikan Ahmed» révèle le début de l’exécution opérationnelle d’un «plan contre l’Algérie» concocté par le Maroc, la France et Israël.
«Après la fameuse réunion de Tel-Aviv qui a réuni les services secrets israéliens, marocains et français en vue d’élaborer un plan pour nuire à l’Algérie, le niveau du danger a augmenté puisque nos ennemis sont passés à l’étape opérationnelle», écrit-il. Le Maroc est ainsi accusé de «servir de fer de lance à toutes les attaques visant la dislocation» de l’Algérie. Et le média d’appeler d’urgence à «reconduire à la frontière tous les ressortissants marocains illégaux sur notre sol car nous savons très bien que chacun d’entre eux représente un potentiel de nuisance susceptible d’être actionné par le Makhzen et par le Mossad».
En réalité, l’Algérie a toujours été aux prises, depuis son indépendance, avec le séparatisme touareg dans l’extrême Sud, lequel s’est manifesté aussi bien à travers des revendications politiques pacifiques que par des actions armées contre l’ANP.
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D’ailleurs, et selon de nombreuses sources concordantes, le général Mohamed Adjroud, commandant de cette 6ème région militaire (Tamanrasset) depuis 2018, a constamment demandé des renforts militaires dans l’extrême sud du pays en vue de faire face à la guérilla locale, qui n’a jamais cessé de harceler ses troupes.
Dans l’immédiat, le régime algérien a toutes les raisons de cacher cette fronde militaire dans le sud du pays pour ne pas compromettre son très incertain projet de gazoduc avec le Nigeria qui devrait théoriquement traverser cette zone. Cette omerta ne résistera pas, toutefois, à l’épreuve du temps. Les frontières algériennes du sud et de l’est sont parmi les plus poreuses au monde.
Obnubilé par son hostilité au royaume du Maroc, le régime algérien concentre ses forces sur sa frontière ouest et compte sur la prébende et des groupes jihadistes, sponsorisés, pour sanctuariser ses frontières du sud. En 2013, un groupe de terroristes a traversé les frontières sud de l’Algérie et s’est emparé du site d’exploitation gazière de Tiguentourine. Cette prise d’otages a fait 37 morts parmi des civils étrangers, révélant au monde entier la vulnérabilité du dispositif sécuritaire du régime algérien.