Arabie saoudite-Iran: un rapprochement diplomatique et bien des questions

L'Arabie saoudite et l'Iran ont annoncé vendredi 10 mars 2023 la réouverture de leurs ambassades d'ici deux mois, après sept ans de rupture.

L'Arabie saoudite et l'Iran ont annoncé vendredi 10 mars 2023 la réouverture de leurs ambassades d'ici deux mois, après sept ans de rupture.

L’annonce de la reprise des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie Saoudite a été jugée globalement positive pour la stabilité de la région mais elle laisse en suspens d’épineuses questions, en particulier sur les ambitions nucléaires de l’Iran.

Le 12/03/2023 à 06h38

Les deux puissances rivales de la région ont annoncé vendredi qu’elles se donnaient deux mois pour rouvrir leurs ambassades et leurs autres représentations diplomatiques. Leur accord, conclu sous l’égide de la Chine, prévoit aussi de relancer le traité de sécurité qu’elles ont conclu en 2001, relatif aux contrôles aux frontières et à la lutte contre le terrorisme.

Pourquoi est-ce une bonne nouvelle?

«L’accord de normalisation des relations est une bonne nouvelle pour le Moyen-Orient puisque les tensions entre Saoudiens et Iraniens ont été un moteur d’instabilité dans la région», souligne Trita Parsi, un expert du groupe Quincy Institute for Responsible Statecraft, un centre de réflexion américain.

L’Arabie saoudite et l’Iran avaient rompu leurs liens en 2016 et s’opposent depuis dans plusieurs pays. Et d’autres Etats du Golfe, dont les Emirats arabes unis, avaient réduit leurs liens diplomatiques avec Téhéran, se rangeant du côté de Ryad.

Les répercussions de l’accord pourraient être positives au Liban, en Syrie, en Irak et, «peut-être le plus important, le Yémen», estime Trita Parsi, l’Iran exerçant une forte influence en Irak et au Liban et appuyant militairement et politiquement le régime syrien ainsi que les rebelles Houthis au Yémen.

Cet accord pourrait ainsi contribuer «au rééquilibrage essentiel de l’ordre régional au Moyen-Orient, que tous les pays, y compris Israël ont souhaité», poursuit Banafsheh Keynoush, une experte de l’Institut du Moyen-Orient, un centre de recherches dont le siège est à Washington.

La Chine et l’Iran, les vrais gagnants?

Pour l’heure, cette normalisation consacre la victoire de la Chine qui fait une entrée remarquée sur la scène diplomatique régionale en ayant orchestré cet accord.

«C’est une confirmation de l’influence croissante de la Chine au Moyen Orient non seulement sur le plan économique mais encore diplomatique», résume Denis Bauchard, conseiller pour le Moyen Orient à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

C’est aussi un succès pour l’Iran puisque l’accord annoncé vendredi pourrait empêcher son isolement par le processus de normalisation arabo-israélien.

L’opposition israélienne n’a d’ailleurs pas manqué de réagir, dénonçant l’échec de la politique du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Car celui-ci n’est pas parvenu à faire entrer l’Arabie Saoudite dans les Accords d’Abraham de 2020 - qu’il a passés avec deux de ses ses voisins, les Emirats arabes et unis et Bahreïn. Y faire entrer Ryad aurait permis de créer une alliance régionale contre l’Iran, dont le programme nucléaire représente une menace directe pour Israël.

Des réserves à Washington

Les Américains se sont poliment exprimés après l’annonce de cette normalisation, tout en émettant des doutes sur la volonté de l’Iran de participer activement à une désescalade.

«Il reste à voir si l’Iran remplira ses obligations», a ainsi déclaré vendredi un porte-parole de la Maison Blanche.

Si l’annonce de la normalisation semble être une victoire pour l’Iran, elle devra résister à «l’épreuve du temps», ajoute la chercheuse Banafsheh Keynoush. Car les deux parties vont devoir relever de «nombreux défis» et surmonter leurs profondes divergences.

Pour l’heure, aucun expert ne saurait dire jusqu’où ira réellement ce rapprochement.

Après des décennies de concurrence parfois violente -illustrée au Yémen- pour le leadership au Proche-Orient et dans le monde islamique, la décision de rouvrir les ambassades n’est qu’un premier pas, qui doit, de plus, encore se matérialiser.

Accalmie au Yémen?

L’apaisement des tensions au Yémen était une condition préalable des Saoudiens au dégel diplomatique avec Téhéran, reprend Banafsheh Keynoush.

L’Iran apporte son soutien aux rebelles Houthis face au gouvernement qui est appuyé par une coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite.

Mais pour Denis Bauchard, l’impact du rapprochement annoncé au Yémen reste à prouver d’autant que «le Yémen n’est un pas un sujet majeur pour l’Iran», dit-il.

Ambitions nucléaires

Surtout, cette annonce de normalisation des relations, ne met pas un terme aux ambitions nucléaires de l’Iran. «L’accord nucléaire est mort» et «les négociations ne sont pas près de reprendre», observe Denis Bauchard.

Ryad se rapproche de Téhéran «avec la prise de conscience que la marche vers le nucléaire de l’Iran est maintenant inévitable», poursuit l’ancien diplomate.

Mais cela ne change rien au contexte: «on est plutôt actuellement dans une logique de l’option militaire» que d’apaisement, estime-t-il.

Par Le360 (avec AFP)
Le 12/03/2023 à 06h38

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

Rectifier la dernière ligne : Si l'Arabie Saoudite rejoint le BRICS . un nouvel ordre mondial verra le jour. Le BRICS= BRESIL+ RUSSIE+INDE+CHINE+SUTH AFRICA.

La chine a bedoin d energie et gort sais logique qu elle se trouve la l iran as besoin de liberter et l arabie saoudite elle regarde se qu elle peut gagner et regarde voila y faut pas s emballer pour rien sais que tout le monde sens une guerre arriver d ou a ou? On sais pas encore mais sais dans les parage y as un mansue de richesse partout et tout le monde veit sa part du gateau logique et les americain eux y sont a l affut endetter et voila

L'est et l'ouest se disputent l'alliance de l'Arabie Saoudite, l'un pour la concilier avec l'Iran et l'intégrer au sein du BRICS ,l'autre pour l'admettre au sein du groupe d'Abrahams . Les occidentaux oublient parfois le poids de l'Arabie Saoudite parmi les pays musulmans et arabes. Si l'Arabie Saoudite rejoint le BRICS , un nouveau monde mondial verra le jour.

La République populaire de Chine qui, lors du sommet Chine-Pays arabes, avait plaidé pour le rapprochement de l’Arabie saoudite et de l’Iran, est parvenue à aider les deux pays ennemis à s’engager à rouvrir sous deux mois leurs ambassades respectives. Cet accord conclu des négociations débutées en Iraq et à Oman. Il est le premier du monde post-domination occidentale. Il est fondé sur la non-ingérence dans les affaires intérieures. Il s’oppose ainsi aux « règles » occidentales, fondées sur le « deux poids deux mesures ». Téhéran et Riyad, qui avaient été alliés au début de la Révolution islamique, s’étaient séparés, en 2016, après l’exécution du principal leader de l’opposition saoudienne, le cheikh chiite Nimr al-Nimr. Beijing apparaît soudainement comme un acteur incontournable au Moy

0/800