Au lendemain de la débâcle à Wall Street, la Bourse de Tokyo, accentuait à son tour ses pertes à la suite del’annonce par Donald Trump de droits de douane massifs pour les partenaires commerciaux des Etats-Unis. Vers 03H35 GMT, l’indice vedette Nikkei chutait lourdement de 3,23% (à 33.611 points) et l’indice élargi Topix abandonnait 4,11% (à 2.462 points). À Séoul, l’indice Kospi cédait 1,58% à 05H30 GMT. Les places chinoises étaient fermées en raison d’un jour férié.
Les droits de douane américains de 24% imposés au Japon constituent une «crise nationale» pour l’archipel, a déclaré le Premier ministre nippon, Shigeru Ishiba, devant le Parlement. Les États-Unis absorbaient l’an dernier 20% des exportations japonaises.
Alors que les principaux partenaires commerciaux des États-Unis ont commencé à cherché la parade au coup de massue infligé par Donald Trump, le président américain a balayé les inquiétudes. «L’économie avait beaucoup de problèmes... C’était un patient malade, (elle) va être en pleine forme», a-t-il assuré devant la presse, à bord d’Air Force One.
Le Fonds monétaire international (FMI) a néanmoins fait part de son inquiétude. Les annonces de Donald Trump «constituent manifestement un risque important pour les perspectives mondiales, dans une période de croissance molle», a averti sa directrice, Kristalina Georgieva.
Les surtaxes américaines pourraient réduire d’«environ 1%» le commerce mondial de marchandises en volume cette année, a affirmé jeudi Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
La veille, un vent de panique avait soufflé sur Wall Street. Des milliards de dollars d’actions sont partis en fumée: -5,97% pour l’indice Nasdaq, -4,84% pour l’indice de référence S&P 500, leur pire séance depuis 2020, lors de la pandémie du Covid et du premier mandat de Donald Trump.
Les entreprises délaissées par les investisseurs sont celles dont le modèle de production est en péril en raison de leur dépendance aux importations en provenance d’Asie. Comme l’habillement (Gap, -20,38%) ou la tech (Apple, -9,25%).
Les nouveaux droits de douane sont particulièrement punitifs pour la Chine (qui verra les taxes sur ses produits augmenter de 54 points de pourcentage), le Cambodge (+49%), le Vietnam (+46%) ou encore le Bangladesh (+37%).
Symptôme des fortes inquiétudes sur un ralentissement économique à venir, le pétrole a reculé de plus de 6% et l’or, actif refuge, a connu de nouveaux sommets.
Cette nouvelle salve arrive après d’autres, plus ciblées: +25% sur l’acier et l’aluminium, mais aussi depuis ce jeudi +25% sur les voitures importées aux États-Unis.
Esquisse d’une riposte
Stupéfaits par l’ampleur de l’offensive américaine, qui rebat les cartes du commerce mondial, les principaux partenaires des États-Unis se sont globalement abstenus de jeter de l’huile sur le feu. La présidence américaine a laissé la porte ouverte à des négociations et mis en garde contre toute velléité de représailles, menaçant de sanctions supplémentaires.
Face à une décision américaine «grave et infondée», le président français, Emmanuel Macron, a esquissé une riposte graduée, passant par l’unité des Européens et la suspension temporaire des investissements aux États-Unis.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a estimé qu’il fallait avoir pour objectif de «supprimer» les droits de douane, «pas (de) les multiplier» par une surenchère. Les marchandises de l’UE subiront 20% de taxes additionnelles, s’ajoutant aux droits de douane déjà en vigueur.
S’il n’a pas subi de nouveaux droits de douane, le Canada, l’une des cibles favorites de Donald Trump, paie déjà un tribut croissant dans la guerre commerciale enclenchée par Washington, avec des surtaxes qui touchent déjà une partie de ses exportations.
La surtaxe sur l’automobile, entrée en vigueur jeudi, a déjà fait ses premières victimes avec l’annonce par Stellantis d’une suspension de la production dans certaines usines au Canada et Mexique. Ottawa a décidé jeudi de taxer en retour certaines voitures américaines.
Bienvenue dans l’espace commentaire
Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.
Lire notre charte