Les capitales européennes auront les yeux braqués, le dimanche 23 février, sur les élections anticipées en Allemagne, première économie du continent, affaiblie depuis l’implosion de la coalition d’Olaf Scholz fin 2024, en pleine crise de son modèle industriel et géopolitique.
Face aux conservateurs de la CDU/CSU, qui partent favoris avec des sondages leur accordant 30% des suffrages, l’Alternative pour l’Allemagne, parti d’extrême droite auquel l’entourage du président américain Donald Trump -notamment le multi-milliardaire Elon Musk- a apporté un soutien sans fard, se place en embuscade, accrédité d’environ 20% des voix, un record.
Lors d’un dernier débat télévisé avec Olaf Scholz mercredi soir, Friedrich Merz, chef de file de la CDU/CSU, a appelé les Allemands à lui confier un mandat fort pour «résoudre les deux grands problèmes du pays, la migration et l’économie». Faute de quoi «ils nous dépasseront, nous et tous les partis démocratiques du centre politique», a-t-il prévenu, jugeant le gouvernement sortant responsable de l’essor de l’AfD.
Une alliance avec cette formation étant exclue, «la question est de savoir comment (Friedrich Merz) va former une coalition stable», de préférence avec un seul allié, indique à l’AFP Sudha David-Wilp, du centre de réflexion German Marshall Fund of the United States.
Législatives en Allemagne : le chef des conservateurs, Friedrich Merz, appelle à un mandat fort pour contrer l’AfD
— EUwatch 🇪🇺 (@euwatch.live) 20 février 2025 à 01:29
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Le parti social-démocrate (SPD) d’Olaf Scholz est quant à lui menacé d’une débâcle historique (15%), même si ce dernier s’accroche à l’espoir de rallier les nombreux indécis. Enfin, les Verts sont crédités de 14% des suffrages.
«Besoin de réformes»
La campagne électorale hivernale a largement été dominée par les craintes liées à l’immigration, après une série d’attentats impliquant des étrangers. Friedrich Merz, qui accuse le gouvernement Scholz de laxisme, a durci sa position, préconisant un verrouillage durable des frontières et le refus d’entrée pour tout étranger sans papier, y compris des demandeurs d’asile.
Il a fait adopter une résolution non contraignante à ce sujet avec les voix de l’AfD au Bundestag, la chambre basse du parlement, du jamais vu depuis l’après guerre au niveau fédéral. La démarche, vue par beaucoup comme une amorce de normalisation de cette formation, a provoqué de grandes manifestations de protestation en Allemagne.
L’autre grand thème de la campagne a été l’économie défaillante, illustrée par plusieurs grands plans de réduction d’emplois ces derniers mois, notamment dans l’automobile. Le pays «a clairement besoin de réformes, d’investissements, de travailleurs qualifiés», juge l’experte David-Wilp.
L’influence des petits partis
Holger Schmieding, économiste à la Berenberg bank, s’interroge toutefois sur sa capacité à «mettre en vigueur un grand agenda de réformes» après les élections. Beaucoup dépendra de petits partis: une des deux formations d’extrême gauche Die Linke, en pleine remontada, est créditée de 7%, l’autre, BSW, et les libéraux du FDP pointent autour des 5% des suffrages nécessaires pour être représenté au Bundestag.
Ces derniers pourraient empêcher des changements constitutionnels visant à assouplir les règles strictes en matière d’endettement, une réforme jugée nécessaire pour libérer des liquidités en vue d’investissements dans l’économie et les forces armées, souligne l’économiste.
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