Elon Musk: Début de son procès pour fraude pour avoir tweeté qu’il ferait sortir Tesla de la Bourse

 Elon Musk, PDG de Tesla Motors, lors du lancement du modèle X à Fremont, en Californie. Photo d'archive prise le 29 septembre 2015.

 Elon Musk, PDG de Tesla Motors, lors du lancement du modèle X à Fremont, en Californie. Photo d'archive prise le 29 septembre 2015. . SUSANA BATES / AFP

Plus de quatre ans après avoir tweeté qu'il allait sortir Tesla de la Bourse, Elon Musk doit rendre des comptes au tribunal face aux investisseurs qui s'estiment lésés par ses déclarations, après avoir déjà subi les foudres des autorités.

Le 19/01/2023 à 08h33

«Elon Musk, (alors) PDG de Tesla, a menti, et ses mensonges ont fait perdre des millions de dollars à des personnes», a lancé Nicholas Porritt, avocat des plaignants, des investisseurs rassemblés dans une action collective.

Le 10 août 2018, ils avaient porté plainte contre le dirigeant d'entreprises, pour avoir «artificiellement manipulé le prix du titre de Tesla afin de complètement ruiner les investisseurs» qui pariaient sur la baisse du cours.

Le procès pour fraude s'est ouvert mardi à San Francisco avec la sélection d'un jury de neuf personnes, et doit durer trois semaines. Elon Musk lui-même doit venir à la barre, peut-être dès vendredi.

Il avait créé la stupeur le 7 août 2018 en affirmant qu'il voulait retirer son groupe de la Bourse en déboursant 420 dollars par action, puis que le financement était «sécurisé».

Quelques jours plus tard il avait indiqué être en discussion avec notamment le fonds souverain saoudien.

Selon la défense, Elon Musk avait bien l'intention de sortir Tesla de la Bourse, et ne doutait pas du financement, grâce à des assurances de ce fonds.

Alexander Spiro, l'avocat du milliardaire, a reconnu que son client avait rédigé ce tweet «de façon précipitée» après qu'un article du Financial Times eut révélé que le fonds saoudien était monté au capital de Tesla.

«Blague»Le choix des mots était «imprudent», mais «ce n'est pas une fraude», a martelé l'avocat.

«Pendant tout ce processus, M. Musk n'a pas vendu une seule action. Aucun dirigeant de Tesla, aucun membre du conseil d'administration n'a vendu une seule action. Dans les vrais cas de fraude, les gens (...) veulent en profiter», a-t-il insisté.

Le titre du constructeur de voitures électriques avait bondi jusqu'à 386,48 dollars dans la foulée des tweets. Le 16 août, il était redescendu à 335,45 dollars.

A cette date, le New York Times avait publié une interview d'Elon Musk «qui confirmait les pires rumeurs», a avancé Nicholas Porritt, notamment que «personne du conseil d'administration n'avait relu les tweets composés depuis sa voiture en route pour l'aéroport, et que le prix, 420 dollars, était une blague».

Aux Etats-Unis, les chiffres 4 et 20 accolés sont associés à la consommation de cannabis. Quand le milliardaire a proposé de racheter Twitter au printemps dernier, il a choisi un prix de 54,20 dollars par action.

«Je peux vous dire que ce n'était pas une blague pour les investisseurs», a assené Nicholas Porritt.

Glen Littleton, le principal plaignant, a raconté aux jurés comment l'annonce fracassante d'Elon Musk avait bien failli «anéantir» tous ses investissements.

Selon son avocat, cette affaire est aussi importante parce qu'elle concerne le respect des lois qui régissent les marchés financiers - des marchés dont dépendent notamment les fonds de pensions et compagnies d'assurance.

«Doué mais barré»Tesla avait rapidement abandonné l'idée de sortir de la cote.

Mais le gendarme boursier américain, la SEC, estimant que le patron n'avait pas apporté la preuve de son financement, lui avait imposé de céder la présidence du conseil d'administration, de payer une amende de 20 millions de dollars et exigé par la suite que ses tweets directement liés à l'activité de Tesla soient pré-approuvés par un juriste compétent.

«Elon Musk voit ce procès comme un moyen de faire réexaminer cette décision de la SEC», commente Josh White, ancien économiste de l'agence fédérale. «Il pense qu'il n'a rien fait de mal et qu'il a le droit de dire ce qu'il veut sur Twitter».

L'intervention des autorités n'a pas modéré son appétit pour les provocations sur son réseau social favori, qu'il a racheté en octobre après des mois de rebondissements et sous la menace d'un procès.

Depuis, ses décisions controversées à la tête de la plateforme suscitent des indignations quasi quotidiennes, au point que ses avocats ont demandé la semaine dernière au juge californien de déplacer le procès au Texas, craignant que le jury soit biaisé à San Francisco.

La requête a été refusée, mais les commentaires des potentiels jurés, lus mardi au tribunal, ont révélé à quel point le multimilliardaire divise.

Certains l'ont décrit comme un «pionnier à succès», d'autres comme «arrogant, imprévisible et parfois irrationnel» ou encore «doué mais barré».

Le 19/01/2023 à 08h33